Île-de-France 2030: le défi de la grande métropole de demain

Écrit par Sarita Modmesaib, Epoch Times
15.11.2013
  • Le maire de Paris Bertrand Delanoë (D) en discussion avec Jean-Paul Huchon, président du Conseil Régional d’u00cele-de-France, lors de l’inauguration du tramway T3b reliant l’est et le nord de Paris, de la Porte de Vincennes à la Porte de la Chapelle. (AFP PHOTO/Lionel Bonaventure)

Fruit de dix années de labeur de la part des équipes de l’Institut d’Aménagement et d’Urbanisme d’Île-de-France (IAU) et des services de la Région, le SDRIF définit «les grands projets pour la région d’ici à 2030 et donne une vision de ce que sera la région d’ici vingt-cinq ans», précise Alain Amédro, élu écologiste et vice-président du Conseil régional d’Île-de-France. Selon lui le plan d’action rééquilibrera le territoire, historiquement fracturé entre l’est et l’ouest, avec l’idée de rapprocher domicile et travail, grâce au développement des transports en commun en réduisant l’utilisation de la voiture.

Porteur des grands défis à relever pour l’Île-de-France, le SDRIF est construit autour de deux grands axes majeurs de développement. Le premier, consiste en l’amélioration du quotidien des Franciliens en construisant 70.000 logements et en créant 28.000 emplois par an autour de l’optimisation de l’espace urbain et des transports collectifs. Le second, la consolidation du fonctionnement métropolitain de l’Île-de-France en redynamisant le secteur économique, revalorisant les équipements, les transports, et en privilégiant une gestion durable de l’écosystème naturel.

Une population qui s’accroît, des logements à construire

Avec un chiffre prévisionnel de 13 millions d’habitants en Île-de-France en 2030, il faudra supporter une augmentation d’un million de personnes en plus dans la région. D’après une étude de l’IAU, la démographie francilienne se porte plutôt bien: «L’Île-de-France a une dynamique démographique caractéristique des grandes métropoles: un fort excédent des naissances sur les décès, un déficit dans les échanges migratoires avec le reste de la France mais un excédent avec l’étranger». En bref, la région devrait être moins touchée par le vieillissement de la population, et ainsi représenter la part la plus importante de population en âge de travailler en France.

Se pose alors la question de l’emploi et du logement pour ces populations actives. Le logement constitue l’une des préoccupations majeures des Franciliens aujourd’hui et celui-ci connaît de profondes disparités géographiques.

«La diffusion des richesses se poursuit dans les secteurs aisés de la région, tandis que l’appauvrissement des banlieues Nord et Est se confirme», précise Mariette Sagot, chargée d’étude, dans une publication parue à l’IAU et intitulée Géographie sociale et habitat en Île-de-France – Évolution 2001-2011. Elle note en particulier, un recul des ménages pauvres dans le périurbain au profit des ménages plus aisés, le secteur le plus pauvre se situant dans l’ouest de la Seine-Saint-Denis. S’agissant de Paris intra-muros, elle le définit comme «la ville des extrêmes; on y observe une surreprésentation des pauvres, bien que plus faible qu’en Seine-Saint-Denis – car l’offre est très large dans le parc locatif, mais aussi la présence des ménages propriétaires les plus aisés de la région.»

Le SDRIF apparaît alors comme un espoir de rééquilibrage territorial. En effet, on y parle d’un objectif de 28.000 emplois créés et 70.000 logements construits par an, dont 30% destinés au social. Ces chiffres semblent pourtant quelque peu titanesques au regard de la situation actuelle et d’un rythme de 35.000 logements construits chaque année. En outre, ces logements devront être positionnés sur l’axe du futur réseau de transport de la région, dans des secteurs soumis aux contrats de développement territorial, dont Roissy, La Défense, Aulnay-Montfermeil, Villejuif, etc.

Selon une étude de l’IAU, si le nombre de logements croît à la même vitesse actuelle, l’Île-de-France offrirait 5,5 millions de résidences principales en 2030, soit 680.000 de plus qu’en 2007. Le Projet du Grand Paris, élaboré en 2010 sous le gouvernement de Nicolas Sarkozy, avait entraîné un gel de l’avancée du SDRIF, puis conduit à sa modification, lui-même étant maintenant nommé Nouveau Grand Paris. Le Grand Paris prévoyait la construction annuelle de 70.000 logements neufs, soit un parc résidentiel de 1,2 million de logements supplémentaires pour 1,1 million de ménages en plus.

Étendre le réseau des transports

Parallèlement à l’extension de l’offre en logements, le réseau des transports prévoit lui aussi de subir un redéploiement. En effet, avec une moyenne d’1h20 de déplacements domicile-travail contre 1h dans le reste de la France, il est toujours difficile de se déplacer en Île-de-France. S’y associent un manque de fiabilité et de ponctualité ressentis par les usagers des transports franciliens qui constituent à eux seuls 40% des voyageurs français.

Selon Jean-Paul Huchon, président du Conseil Régional d’Île-de-France, «il faut créer du réseau de banlieue à banlieue». En effet, le réseau francilien étant radial, passant systématiquement par Paris pour en ressortir, il faut désengorger Paris en reliant les banlieues entre elles.

Second chantier défendu par Jean-Paul Huchon, la rénovation des infrastructures existantes qui, le sait-on, constituent l’un des réseaux les plus maillés au monde, et dont le remplacement s’effectue progressivement. Le projet du Grand Paris Express en est l’exemple le plus concret en dotant l’Île-de-France de quatre nouvelles lignes reliant les banlieues autour de Paris, complétées par l’extension de deux lignes déjà existantes.

Pour la rénovation et l’amélioration de l’existant, 7 milliards d’euros seront débloqués par l’État afin de financer les travaux des cinq prochaines années comprenant l’ouverture de nouvelles lignes de tramways, le prolongement de lignes de métros, la modernisation des RER. Pour Guillaume Pépy, président de la SNCF, cela ne sera pas suffisant, car il faudrait aussi interagir sur les causes socio-économiques qui peuvent entraver l’optimisation de l’utilisation des transports. Pourquoi ne pas s’engager également vers une modularité des horaires de travail, permettant alors d’éviter les heures de pointe; favoriser le partage des voitures à travers le covoiturage ou la location entre particuliers; et contribuer à l’implantation d’entreprises sur des axes de transport actuellement moins engorgés. Les solutions sont nombreuses et d’autant plus variées qu’elles sont aussi porteuses de projets dans d’autres domaines tels que la protection de l’environnement, l’aménagement du travail en fonction des besoins familiaux, etc.

L’environnement, une préoccupation majeure des Franciliens

Lors d’une enquête effectuée par l’institut Viavoice fin 2012, plus de 10.000 Franciliens ont répondu mettre l’accent sur les préoccupations écologiques. Ainsi, 74% d’entre eux considèrent qu’il faut s’engager sur la voie des économies d’énergie et 53% affirment vouloir privilégier les marchés de producteurs régionaux.

La préservation des terres agricoles franciliennes fait partie intégrante des priorités du SDRIF. En effet, chaque année, ce sont environ 1.700 hectares de terres agricoles qui subissent une urbanisation de la région. Avec le nouveau SDRIF, ce chiffre tomberait à 1.300 hectares. Les parcs naturels régionaux (PNR) seront, en plus d’être protégés, agrandis, avec la création de deux nouveaux PNR en Seine-et-Marne: le Bocage Gâtinais, situé entre Nemours et Sens, ainsi que le PNR du Brie et Deux-Morin situé autour de Coulommiers, ainsi que 2.300 hectares de parcs et jardins en plus dans les villes.

Mieux vivre en Île-de-France, tel pourrait donc être l’autre nom du projet Île-de-France 2030 du SDRIF. Des Franciliens mieux logés, une répartition des richesses assurée par une plus grande mixité sociale, des déplacements plus courts, des logements plus proches des lieux de travail, et des espaces verts assurant à la fois une agriculture répondant aux besoins de produits locaux et régionaux et une métropole plus écologique pour ses 13 millions d’habitants. Ces avancées produiront l’implantation d’entreprises nouvelles, porteuses d’emploi et de richesse, et par là même feront progresser la diversité des savoir-vivre et des savoir-faire sur l’ensemble de la région.

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