Le pouvoir politique du régime chinois est regroupé dans un nouveau comité

Écrit par Lu Chen, Epoch Times
20.11.2013
  • Samedi 9 novembre, des policiers chinois montent la garde près de la porte Tiananmen, alors que se tient à Pékin le troisième plénum des 205 membres du Comité central. À la fin du plénum un communiqué a annoncé la création d’un nouveau comité qui, en dehors des questions économiques, aura une autorité directe sur tout. (AP Photo/Andy Wong)

Lors de la clôture de la rencontre nationale des hauts dirigeants du Parti communiste chinois à Pékin, du 9 au 12 novembre, a été annoncée, parallèlement à une promesse de réforme à venir, une recentralisation importante du pouvoir politique.

Reste à voir si ce regroupement sans précédent du pouvoir engendrera la réforme. Mais selon les observateurs, il affaiblira l’influence des autres dirigeants du Parti face à celle du chef suprême Xi Jinping, et ceci pourrait se révéler dangereux pour les dissidents de tous bords.

Le communiqué publié à l’issue de la troisième session plénière du 18e Comité central a rendu publique la création d’un Comité de Sécurité d’État (CSE). Selon le communiqué, il aura pour but d’«améliorer la gouvernance sociale, d’assurer les moyens de subsistance du peuple et la stabilité sociale». «Pour approfondir la réforme globale», a-t-il précisé, «nous devons renforcer et améliorer la direction du Parti».

Cet aperçu ne traduit pas l’étendue des nouveaux pouvoirs qu’aura en main le CSE. Selon Cheng Xiaonong, économiste chinois et ancien conseiller du Premier ministre chinois Zhao Ziyang, celui-ci comprendra les activités du Parti, les activités militaires, judiciaires et celles liées à la sécurité nationale et aux renseignements.

«Ce CSE va devenir l’organisation suprême», a déclaré Cheng Xiaonong  à Epoch Times au téléphone, depuis son domicile dans le New Jersey, «sa puissance ira bien au-delà de celle des autres organismes, notamment le Comité central du PCC, la Commission militaire centrale, le Conseil d’État et le Comité permanent, qui ont un pouvoir parallèle en Chine.»

Dans une émission de New Tang Dynasty Television, le commentateur politique Heng He décrit la portée du CSE de la manière suivante: «À l’exception des organisations économiques, tout le Parti et les départements juridiques intégreront le CSE.»

Le communiqué n’a pas fait savoir qui sera le chef du CSE, mais tous ceux qui surveillent la situation s’accordent pour dire qu’il s’agira probablement de Xi Jinping, le leader absolu. Cheng a précisé qu’il est le choix présumé, en raison de l’autorité qu’il détient en tant que président du Comité central du Parti communiste et président de la Commission militaire centrale.

«Xi Jinping détient désormais un niveau de pouvoir centralisé très élevé, aucun autre dirigeant par le passé n’a jamais eu cela», a déclaré Cheng, «il ne s’agit pas seulement de renforcer son pouvoir, mais aussi de renforcer l’application de ce pouvoir.»

Le transfert du pouvoir

La centralisation du pouvoir de Xi Jinping et la création du CSE signifient prendre le pouvoir des mains des autres fonctionnaires et organisations du Parti.

Plus d’une décennie avant que Xi ne devienne le chef du Parti en novembre 2012, le Comité des affaires politiques et législatives (CAPL) avait une influence énorme au sein du Parti. Le CAPL avait le contrôle sur presque toutes les agences de sécurité nationale, le pouvoir judiciaire et  le système juridique.

En particulier, le chef du CAPL faisait autorité sur la Police armée populaire qui, forte d’un million d’agents, constituait l’équivalent d’une armée de taille importante.

Le CAPL pouvait déployer cette armée pour «maintenir la stabilité»- défaire par la force les manifestations ou les émeutes. La capacité à mobiliser la Police armée populaire a toujours constitué une menace pour les autres chefs du Parti.

La taille et le rôle du CAPL se sont transformés lors de la décision du chef du Parti d’alors, Jiang Zemin, de persécuter la pratique spirituelle traditionnelle du Falun Gong. Jiang, qui craignait la popularité du Falun Gong, a ordonné une campagne pour éradiquer la pratique en 1999.

«Le CAPL utilisait la domination du Parti pour persécuter le Falun Gong, parallèlement il exploitait la persécution du Falun Gong comme un prétexte pour augmenter son pouvoir», a déclaré Heng He.

Jiang a placé la persécution du Falun Gong sous la responsabilité directe du CAPL, et s’est arrangé pour que le directeur du CAPL, Luo Gan devienne un membre du Comité permanent du Politburo. À la retraite de Luo en 2007, Jiang a constaté que Zhou Yongkang occupait les deux postes jumelés, directeur du CAPL et membre du Comité permanent du Politburo.

Avec le directeur du CAPL comme membre du Comité permanent, le comportement du CAPL était dans une certaine mesure en dehors du contrôle du Parti.

«Dans le passé, le CAPL a joué un rôle important dans le maintien de la stabilité, et il avait un pouvoir considérable»,  a déclaré, en tant qu’analyste de la question chinoise, Cheng Xiaonong. «Mais maintenant, le CSE sera au-dessus du CAPL, ce qui diminuera la puissance de ce dernier. Il est peu probable à l’avenir que l’on puisse voir quelqu’un comme Zhou Yongkang (l’ancien directeur du CAPL) avec le pouvoir de diriger personnellement la Police armée en Chine.»

«Le Comité de Sûreté de l’État aura un pouvoir supérieur à celui du CAPL: il aura le pouvoir de coordonner les ministères en charge de la Propagande avec ceux de l’Internet, et les militaires» a commenté Heng He. «En agissant ainsi, le CSE va effacer l’influence des anciens dirigeants du Parti, y compris Jiang Zemin, Hu Jintao et Wen Jiabao».

Renforcer la domination communiste

En établissant le CSE, «Xi Jinping et Li Keqiang (le Premier ministre) cherchent à centraliser le pouvoir pour faciliter un ‘approfondissement de la réforme globale’ et pour consolider la domination du Parti», a remarqué pour Epoch Times Shi Cangshan, un expert de la question chinoise à Washington.

Le représentant du ministère chinois des Affaires étrangères, Qin Gang, a déclaré une fois achevée la troisième session plénière: «Sans aucun doute, la mise en place d’un tel organisme (le CSE) empêchera les terroristes, les séparatistes et les extrémistes religieux d’opérer avec facilité».

En Chine se sont fait entendre des inquiétudes quant au fait que cette nouvelle centralisation du pouvoir pourrait rendre les autorités plus performantes dans la répression de ceux qui sont dans la ligne de mire du PCC: les militants des droits de l’homme, les militants pour la démocratie, les pétitionnaires, les minorités ethniques, les pratiquants de Falun Gong et bien d’autres encore.

Selon  NTD Television, le militant chinois Hu Jia a déclaré: «Ce sera utilisé contre les défenseurs des droits humains, ceux qui défendent les valeurs universelles et soutiennent la liberté d’expression et de religion: des personnes que le Parti ne peut ni tolérer, ni voir, car elles constituent une menace pour sa domination».

Heng He a souligné que le nouveau Comité de sécurité de l’État est, en fait, par ses origines même, anticonstitutionnel.

«Le Comité de Sûreté de l’État ne devrait pas être mis en place par le PCC, mais par le Comité permanent de l’Assemblée populaire, selon la Constitution», a-t-il précisé. «Au lieu de sauvegarder la sécurité nationale, en fait il sauvegardera la souveraineté du Parti.»

Version en anglais: Chinese Regime’s Political Power Concentrated in New Committee

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