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La thérapie du Docteur Cheval

Écrit par Michal Bleibtreu Neeman, Epoch Times
01.12.2013
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  • Le cheval est un excellent compagnon, stimulant la motivation et la communication, améliorant les perceptions sensorielles, l’image de soi et l’expression. (PHOTOS.COM)

Selon la Société Française d’Equithérapie (SFE), l’équithérapie est «un soin psychique fondé sur la présence du cheval comme médiateur thérapeutique et dispensé à une personne dans ses dimensions psychiques et corporelles».

L’équithérapie connaît un succès croissant en France. Nous sommes donc allés à la rencontre de l’équithérapeute Ségoleine Houyvet, pour mieux connaître cette méthode.

Ségoleine Houyvet nous accueille dans une petite structure qu’elle a conçue spécialement pour pouvoir travailler avec des enfants qui souffrent d’autisme et autres maladies qui les défient mentalement et physiquement. La structure bien cadrée et pas trop grande permet à ces enfants de devenir autonomes au fur et à mesure, de prendre confiance en eux et d’éprouver une grande satisfaction.

Epoch Times: Pourquoi le cheval?

Ségoleine Houyvet: Le cheval est un excellent compagnon, stimulant la motivation et la communication, améliorant les perceptions sensorielles, l’image de soi et l’expression. C’est un animal qui agit et réagit en fonction de ce qu’il perçoit de l’état émotionnel de la personne qui entre en relation avec lui. Imposant par sa taille et sa force physique, le cheval est aussi doux au toucher, il dégage beaucoup de chaleur et apprécie le soin et le contact. Et finalement, par sa simple présence, il agit comme un stimulateur de tous les sens.

Epoch Times: À qui peut servir l’équithérapie?

Ségoleine Houyvet: L’équithérapie peut aider des pathologies mentales ou des handicaps intellectuels, des troubles de l’attention ou du comportement. Elle peut être indiquée dans des problèmes psychomoteurs, des troubles de la communication. L’équithérapie peut aussi soulager des gens qui souffrent de phobies, de stress et de manque de confiance en soi.

Epoch Times: Qui peut être équithérapeute?

Ségoleine Houyvet: Le thérapeute est spécifiquement formé, diplômé et signataire d’une charte d’éthique et de déontologie professionnelle. Pratiquer l’équithérapie ne s’improvise pas! La charte prévient de toutes sortes d’amateurs, voire de charlatans, qui se prétendent du métier.

Ségoleine fait d’abord des études d’infirmière, puis pratique la profession pendant dix ans. Très vite, elle sent que quelque chose lui manque. Comme le cheval est une passion, elle décide de combiner les deux. Selon les parents qui accompagnent leurs enfants, Ségoleine fait des merveilles. Les enfants ont le sourire aux lèvres.

Arrive César, un petit garçon de 7 ans qui souffre d’autisme. Cela fait trois ans que César vient faire de l’équithérapie avec Ségoleine. C’était aussi son premier patient.

Christophe, son père, raconte: «Il a fait d’énormes progrès, c’est assez fantastique. Pour César, l’équithérapie lui a fait un bien fou, alors qu’au départ, il n’était pas du tout intéressé par les animaux. On était surpris par le contact qu’il a eu avec les chevaux».

César est content de voir Brunette, la ponette. Ségoleine lui demande d’aller chercher une brosse puis une bombe, les objets sont dans des pièces différentes, mais César se débrouille pour les trouver. Finalement, il a le choix entre la selle ou monter à cru. Aujourd’hui, il choisit la selle.

Il brosse le cheval, nomme certains de ses membres puis se tourne pour curer ses pieds, le cheval hennit et César lui répond tout joyeux. Des gestes qui semblent être simples et évidents, mais il a fallu des mois pour que César les maîtrise.

Son père confirme: «César est beaucoup plus calme, plus patient qu’il ne l’était. Il est beaucoup plus souple aussi. Il était rigide et manquait d’équilibre quand il marchait. Il comprend beaucoup plus vite depuis qu’il fait de l’équitation, c’est sûr. Quand il est arrivé, il ne parlait pas. Il a fait énormément de progrès». Son père a du mal à en parler, pris par l’émotion. «C’est vraiment fantastique», répète-t-il.

  • César met le licol, un geste maîtrisé depuis peu. (Michal Bleibtreu Neeman)

Le cours commence. Après avoir brossé le cheval, César doit faire face à un autre défi: boucler la sangle de sa selle. Il rentre dans la carrière, marche avec le cheval puis monte tout seul en appuyant le pied sur l’étrier, un geste d’autonomie acquis depuis peu.

Un de ses problèmes, comme celui d’autres autistes, explique Ségoleine, est «le fait de percevoir l’autre comme le prolongement de soi, ce qui rend difficile la tâche pour devenir autonome». En effet, lorsqu’on les soutient, ou qu’on leur donne la main, ils n’ont pas forcément conscience d’être aidés.

César apprend à avancer et à diriger le cheval, à dissocier les bras des jambes : avec les jambes on avance, avec les bras on dirige. Cela commence à venir.

Après une séquence de jeux qu’il a choisie et à travers laquelle il doit apprendre à maîtriser la coordination et en même temps à discerner les couleurs et les tailles, ou encore à attraper un ballon, une séance de relaxation lui est proposée. César s’allonge sur le cheval et lui fait un long câlin. Manifestement, il est calme et heureux, on peut vraiment sentir la douceur et la chaleur du cheval dans son apaisement. Il reprend une chanson en chœur avec Ségoleine, et là, il la regarde enfin, pour la première fois depuis le début de la séance.

Pour terminer, Ségoleine lui demande de ranger ses affaires et d’aller chercher des carottes pour Brunette. Mission accomplie, il revient avec des carottes qu’il s’empresse de donner à la ponette.

Soudain, César passe sous une petite barrière pour aller chercher du foin, il prend la décision et il y va.

«Voilà! C’est ce genre de choses qu’il ne faisait pas avant», déclare son père enthousiasmé. «ne pouvait pas de lui-même faire quelque chose. Depuis qu’il fait du cheval, il prend des initiatives. Il était vraiment enfermé dans sa bulle. Maintenant, il est plus sociable et on voit bien que c’est grâce au cheval».

Le prochain patient s’appelle Arsène. Arsène est un enfant souriant de 5 ans qui souffre d’une maladie orpheline avec déficit de toutes les acquisitions. Il ne parle pas encore. Il comprend tout et a envie de parler. Dans le cerveau, tout est enregistré, au niveau des cordes vocales, tout fonctionne, mais quelque part, la communication entre ces deux parties ne se fait pas. On peut imaginer sa frustration.

«Avec le cheval, Arsène n’a pas besoin de parler», nous explique sa mère. «Le cheval ne parle pas non plus et il ne demande pas à Arsène de lui parler. Ils ont un autre contact qui ne passe pas par le langage, alors que tous les humains qu’il rencontre lui demandent de parler. Ils lui demandent: pourquoi ne réponds-tu pas? Tu es timide? Tu as avalé ta langue? Mais il ne peut pas répondre!»

Arsène ne parle pas, il sourit, le cheval le rend heureux. «Il ne parle pas mais le cheval lui permet de s’épanouir», précise sa mère.

La séance d’Arsène est plus courte que celle de César. Chaque enfant a ses besoins. Chacun a des tâches différentes. «Les activités proposées sont variées et adaptées à chaque patient selon les objectifs thérapeutiques mis en place», explique Ségoleine. Aujourd’hui, Arsène part en balade. «En balade, on peut travailler les sons, les odeurs, on ferme les yeux et on écoute les différents sons.»

Avant de partir, Arsène est prié d’aller chercher le montoir dans la carrière. Le montoir est presque plus grand que lui. Pour Arsène, marcher dans le sable, tenir le montoir et garder son équilibre sont des tâches qu’il n’a réussies à accomplir que récemment. «Quand Arsène est arrivé au début, toutes ces tâches et exigences qu’il arrive aujourd’hui à accomplir lui paraissaient insurmontables», raconte sa mère.

Arsène monte Brunette avec l’aide de Ségoleine. La balade commence. Il tient son dos tout seul depuis déjà plusieurs séances. Puis elle lui demande de tendre une main. Il réussit. Puis l’autre. Il n’ y arrive pas. Ce sera pour une prochaine fois.

«Arsène ne rate aucune séance», raconte sa mère qui est elle-même psychologue clinicienne. «Sous la pluie, sous le soleil ardent, dans la neige, rien ne l’empêche de venir faire les séances avec le cheval.» «Les activités ne se pratiquent pas obligatoirement sur le cheval, mais toujours avec le cheval», explique Ségoleine. «Il peut y avoir du pansage, du travail à pied, du guidage, du travail à la longe, en liberté, du travail monté et la découverte dans le troupeau.»

N’oublions pas d’ailleurs de rendre hommage à la coopération remarquable du cheval car sans lui, pas d’équithérapie.

Ségoleine travaille sans fers, sans mors et ses chevaux vivent en troupeau. Elle cherche également l’épanouissement et le bien-être de ses chevaux car, ayant bien couru dans la nature, ils sont «bien dans leur tête» et prêts à travailler, à être à l’écoute du moindre geste ou message émis par l’enfant.

Pour en savoir plus:

shouyvet.wix.com/manche-equitherapie

Pour contacter Ségoleine Houyvet:

06 03 36 52 34.

Epoch Times est publié en 21 langues et dans 35 pays.

 

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