Manifestations en Ukraine

Les États-Unis menacent les autorités de sanctions si elles ont recours à la violence

Écrit par Alina Varfolomeyeva, Epoch Times
20.12.2013
  • Le 15 décembre 2013, près de 200.000 manifestants anti-gouvernementaux se sont réunis lors d’un rassemblement Place de l’Indépendance à Kiev, Ukraine. Le moral de l’opposition reste fort après quasiment quatre semaines de manifestations quotidiennes. (AP Photo/Sergei Grits)

KIEV, Ukraine – Près de 200.000 manifestants anti-gouvernementaux se sont rassemblés sur la place centrale de la capitale ukrainienne, dimanche dans une manifestation spectaculaire de morale après quasiment quatre semaines de manifestations quotidiennes. Les sénateurs américains John McCain (Républicain-Arizona) et Chris Murphy (Démocrate-Connecticut), ont exprimé leur soutien pour eux et leurs ambitions européennes.

S’exprimant lors du rassemblement, les sénateurs ont menacé le gouvernement du Président Viktor Yanukovych de sanctions, si les autorités utilisent davantage de violences pour disperser les manifestants.

«Nous sommes ici parce que votre processus et les manifestations pacifiques inspirent votre pays et le monde» a expliqué McCain aux manifestants. «L’Ukraine rendra l’Europe meilleure et l’Europe rendra l’Ukraine meilleure.»

Les manifestations ont débuté le 21 novembre, après que Yanukovych a annoncé qu’il faisait marche arrière dans la signature d’un accord longuement attendu visant à approfondir les liens commerciaux et politiques avec l’Union Européenne pour se tourner du côté de la Russie. La taille et l’intensité des manifestations se sont accru après les deux violentes dispersions policières.

Une résolution proposée vendredi par Murphy, Président du Sous-comité des Relations étrangères sur les Affaires Européennes et trois autres sénateurs, dont Mccain, appelle les États-Unis à soutenir une solution pacifique et démocratique à la crise. La résolution appelle aussi à la libération des prisonniers politiques, et à de possibles sanctions en cas d’utilisation de violences supplémentaires contre les manifestants.

Alors que le Président Barack Obama n’a pas fait directement de commentaire sur les manifestations en cours, le Vice-président Joe Biden a appelé Yanukovych, le 9 décembre pour exprimer ses inquiétudes sur le recours à la violence

Des manifestations inspirées par une violente riposte

Tout comme la réponse des autorités américaines, beaucoup de ceux qui soutiennent les manifestations en Ukraine, sortent d’eux-mêmes, après que la police anti-émeute ait utilisé la force pour tenter de disperser les manifestations.

Selon une enquête menée par l’Institut international de Sociologie de Kiev, 70% des manifestants affirment s’être joints au mouvement après une répression policière, au 30 novembre. À cette époque, les manifestations se poursuivaient depuis plus d’une semaine. La police anti–émeute a détenu 35 manifestants et en a blessé des dizaines.

Selon l’étude, la moitié des personnes ayant répondu ont déclaré vouloir que les conditions de vie changent en Ukraine.

«Je suis sorti le lendemain du 30 novembre, lorsqu’ils ont battu des enfants» a affirmé Vira Sodomis, retraitée de 65 ans, tenant un drapeau ukrainien et marchant lentement à travers la foule des manifestants.

«Le plus inspirant est que de nombreux jeunes sont sortis, des étudiants sont sortis. Et cette manifestation n’est pas vraiment politique–les étudiants veulent vivre dans un pays libre, ils veulent être dans l’Union Européenne, mais rester en Ukraine. Ils ne veulent pas quitter leur pays» affirme Sodomis.

Manifestations pacifiques

Des manifestants du parc Maidan Nezalezhnosti, dans le centre de Kiev, connu sous le nom d’Euromaidan, ont encerclé la zone de barricades de fortune et un petit village de manifestants s’est formé, où se sont retrouvés jeunes et vieux venus de différentes régions d’Ukraine.

Ils craignent la possibilité d’attaques de nuit par les Berkut, police anti–émeute d’Ukraine. Les messages envoyés sur les média sociaux par les manifestants chaque soir, parlent de la menace d’une possible répression, et demandent à davantage de personnes de rester toute la nuit dans le parc.

Mercredi dernier, des milliers de Berkut sont descendus dans le parc, pour tenter de faire cesser les manifestations.

Atmosphère optimiste

En dépit des craintes, l’atmosphère dans le camp des manifestants est aimable et optimiste. Les bénévoles cuisinent sur place, fournissent une aide médicale gratuite et donnent des conférences sur les droits civils et les libertés démocratiques.

Les politiciens et les activistes prononcent des discours et des musiciens de différents endroits divertissent.

Tout ce qui est fait à Euromaidan est gratuit. Le personnel médical, qui porte des vestes avec des croix, se rend sur le site après le travail à l’hôpital.

«Nous sommes ici en service lorsque nous avons du temps libre. Nous ne savons comment cela finira, mais nous savons que nous devons faire quelque chose» a déclaré Lyudmyla Yanyuk, infirmière de 40 ans.

«Nous voulons que l’accord d’association avec l’Union Européenne soit signé, nous voulons que ce gouvernement change, nous voulons vivre dans un nouveau pays et un nouveau système. Le problème n’est pas Yanukovych, c’est le système entier. Nous devons radicalement tout changer» a-t-elle déclaré.

Manifestations pro-gouvernementales

Une manifestation beaucoup moins importante d’environ 15.000 sympathisants du gouvernement, s’est déroulée à environ un kilomètre du parc de l’Indépendance de Kiev. Les manifestants anti–gouvernementaux ont monté là un très grand camp de tentes et érigé des barricades de neige, renforcée par de l’eau gelée, du bois de rebut et autres déchets.

De nombreuses personnes de l’est de l’Ukraine, cœur industriel du pays et soutien de base de Yanukovych, sont opposées aux manifestants de Kiev et veulent que le pays entretienne des liens économiques plus étroits avec la Russie.

«Si nous entrons dans l’Europe, nous allons devenir ses esclaves» a déclaré Segei Antonovich, un manifestant de 43 ans. «Regardez l’histoire–seule l’union avec la Russie peut sauver l’Ukraine de la catastrophe.»

Offre déclinante de l’Europe

Face aux manifestants, qui présentent un défi sérieux à la gouvernance de Yanukovych, les autorités ukrainiennes ont repris, cette semaine, des discussions sur l’accord avec l’Union Européenne et promis qu’ils signeraient l’offre, une fois que quelques questions seront élaborées.

Cependant, le haut fonctionnaire de l’Union Européenne, Stefan Fuele, a émis, dimanche, des doutes sur cette perspective, affirmant sur son compte Twitter que le travail est «en cours» et que les paroles et les actes de Yanukovych et de son gouvernement «s’éloignent de plus en plus l’un de l’autre».

Yanukovych a soutenu l’accord sur la base que l’Union Européenne n’a pas fourni de compensation adéquate à sa nation luttant financièrement contre des pertes économiques potentielles avec la Russie.

La Russie, qui pendant des siècles a contrôlé et exercé une forte influence sur l’Ukraine, veut que le pays se joigne à une union douanière, analogue à l’Union Européenne, incluant aussi la Biélorussie et le Kazakhstan.

L’opposition affirme que l’union reconstruirait effectivement l’Union Soviétique et doute que Yanukovych soit d’accord sur ce point, lors de sa rencontre, mardi, avec le Président Vladimir Poutine.

Version en anglais: Massive Ukraine Protest Joined by Senators McCain, Murphy

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