Anglais | Chinois | Coréen | Français | Allemand | Espagnol | Japonais | Russe | Ukrainien | Hébreu | Roumain | Bulgare | Slovaque | Tchèque | Indonésien | Vietnamien
Faites un don

Xi Jinping au service de la machine politique du Parti communiste chinois

Écrit par He Qinglian
03.12.2013
| A-/A+
  • 1er octobre 2013, sur la place Tiananmen de Pékin, le Secrétaire général du Parti communiste chinois Xi Jinping s’incline, sous la pluie, devant le monument des héros du Peuple. Le 1er octobre 1949, Mao Zedong, alors chef du PCC, était monté sur la tribune de la place Tiananmen pour annoncer la fondation de la République populaire de Chine. (Feng Li/Getty Images)

Beaucoup d’observateurs considèrent que Xi Jinping, le Secrétaire général du Parti communiste chinois, attaque tour à tour ceux de gauche, ceux de droite, ainsi que les princes rouges (la descendance de la génération fondatrice du Parti-État en Chine). Ils jugent qu’il est toujours en train de chercher son propre chemin. Ces observateurs ne voient pas clairement la position de Xi, qui est en fait indépendante et au-dessus de ces factions.

Le PCC a toujours fortement réprimé les libéraux (connus en Chine comme les «droitistes») qui prônent le constitutionnalisme. Lorsque Xi les réprimait, qu’ils soient ou non mécontents n’avait pas grande importance.

L’histoire des gauchistes montre qu’ils utilisent tous les moyens pour arriver à leur fin, pour leur propre intérêt. Au cours des dernières années, quand ils allaient trop loin et dépassaient les limites tracées par le PCC, les autorités les réprimaient. Mais les gauchistes ne le voyaient pas comme une attaque directe. En accordant leurs violons, ils s’abstenaient de dire les choses que les autorités ne voulaient pas entendre, afin de pouvoir refaire surface.

Actuellement, bien que l’ancien membre du Politburo et le chef gauchiste Bo Xilai soient emprisonnés, le site du mouvement politique Utopia reste toujours en place. Et tant que les gauchistes continueront à critiquer les valeurs universelles, la démocratie constitutionnelle, les investissements étrangers et autres forces «antichinoises», ils continueront à se sentir utiles en quelque sorte et tenteront de se rapprocher de Xi.

Il fut un temps où seul le soutien des princes rouges importait, car ceux-ci pouvaient réellement influencer la politique de Pékin. Quand les pères fondateurs étaient encore en vie, au cours de certaines périodes critiques ils pouvaient même influencer le choix politique des plus hautes autorités, comme on l’a vu en 1978.

Toutefois, que les princes rouges (ou la deuxième génération rouge, qui inclus les princes rouges et la progéniture des dirigeants de haut niveau) soutiennent Xi ou non n’a plus vraiment d’importance. La récente conférence célébrant le centenaire de la naissance de Xi Zhongxun, le père de Xi Jinping, qui est considérée comme un événement historique, l’a prouvé

L’ascension de Xi

En assistant à cette conférence, les descendants de l’élite chinoise ont montré leur soumission au Secrétaire général, même si certains n’étaient pas très contents.

Xi Zhongxun était l’un des principaux chefs de la Révolution culturelle. La commémoration du centenaire de sa naissance a été organisée personnellement par Xi Jinping, donc l’événement incluait à la fois les représentants des sphères publiques et privées.

Ceux qui ont participé à cet événement au Grand palais du peuple à Pékin appartenaient naturellement à la crème de la société. Divers enfants de dirigeants âgés, y compris les alliés de Bo Xilai, ont assisté à la célébration afin de montrer leur allégeance au nouveau «monarque». La progéniture d’élite qui n’a pas été invitée était bien déçue.

À travers cette célébration, Xi Jinping a fait voir qu’il a acquis une autorité ferme et incontestable, une autorité que les anciens dirigeants Jiang Zemin et Hu Jintao n’avaient jamais vraiment acquise. La dictature personnelle de Xi Jinping a remplacé l’ère de la «direction collective» de son prédécesseur Hu Jintao.

Xi est considéré comme l’un des plus jeunes descendants de l’élite chinoise. Dans quelques années, ces descendants de l’élite, qui occupent encore certains postes au gouvernement ou dans l’armée, franchiront les 70 ans. L’influence de ce cercle s’affaiblira lorsqu’ils prendront leur retraite ou disparaîtront.

La troisième génération rouge n’est qu’à ses débuts en politique, elle est entrain de commencer son ascension à partir du niveau de la bureaucratie locale. Elle a encore un long chemin à parcourir au niveau provincial et ministériel pour atteindre la hiérarchie politique.

Si la deuxième génération veut que la troisième la remplace tout doucement et continue à avoir une certaine influence politique, elle ne peut en aucun cas contrarier Xi Jinping et doit le servir humblement en tant que représentant de la progéniture des hauts fonctionnaires.

L’état d’esprit des princes rouges

Le slogan sur la bannière de Xi, le soi-disant «Rêve chinois», prévoit avant tout que le pays devienne plus riche et l’armée plus forte – c’est toujours le même qu’à l’époque de Mao.

Xi espère nettoyer «la pollution spirituelle» et unifier l’opinion publique, ce qui se conforme à la pensée du «style maoïste». Le «Rêve chinois» est également opposé à l’idéologie occidentale, afin de maintenir la dictature du Parti unique.

La campagne anticorruption de Xi vise l’importante corruption répandue dans la bureaucratie. Tout cela met en évidence que Xi Jinping souhaite utiliser la règle de fer de Mao pour préserver le capitalisme de copinage en Chine.

Cependant, les princes rouges pensent avoir le droit de bénéficier du capitalisme de copinage, tandis que les bureaucrates provenant des milieux civils ne le devraient pas. Bien que les journaux du PCC et d’autres médias officiels n’abordent pas cette attitude, cela est devenu évident lors du second mandat de Hu Jintao et de Wen Jiabao, quand les descendants de l’élite chinoise sont devenus très s actifs dans la politique de Pékin.

En mars et avril 2010, le journal britannique Financial Times a publié plusieurs articles sur les princes rouges de Chine, notamment un article intitulé Les vétérans maculés de sang rouge contre les impitoyables arrivistes.

Une partie de cet article parle du conflit entre les nouveaux et les anciens princes rouges: «Le terme ‘princes rouges’ a été inventé pour désigner spécifiquement les enfants des cadres supérieurs de la révolution communiste chinoise- les anciens combattants qui se sont joints à Mao Zedong durant la légendaire Longue Marche ou qui faisaient partie de son entourage au moment de la victoire communiste en 1949».

«Aujourd’hui, on l’utilise dans un sens plus large en incluant les descendants des générations ultérieures des dirigeants technocrates (les deux générations de Jiang Zemin et Hu Jintao). Mais une distinction reste toujours entre eux et les véritables familles révolutionnaires «maculées de sang rouge»... en particulier en tenant compte que récemment les dirigeants de haut rang ont commencé à attaquer les activités commerciales des enfants de leurs prédécesseurs.

«Alors qu’il consolidait son pouvoir dans les années 1990, l’ancien président, Jiang Zemin a fermé les entreprises et arrêté un certain nombre de PDG ayant des liens étroits avec les enfants de Deng».Comme l’affirme cet article, «la vieille royauté révolutionnaire, comme la famille de Deng Xiaoping, reste toujours intouchable et elle considère ce pays comme le sien dans le vrai sens du terme». Le journaliste ajoute que cette information provient de sources internes à Pékin. Je le crois en effet, car seules les personnes de ce cercle sont capables de mépriser à ce point les autorités technocrates de naissance.

On trouve la preuve de ce fossé dans la liste des invités à la récente commémoration du centenaire. De nombreux descendants de «familles révolutionnaires» y ont assisté, dont la veuve et le fils de Gao Gang, purgé il y a bien longtemps par Mao.

Xi Jinping ressent un lien de parenté avec eux. En revanche, aucun média n’a mentionné le nom de nouveaux princes rouges invités à la célébration. S’il y en avait eu, les médias de Hong Kong n’auraient pas manqué d’en parler.

Le 6 novembre, le Southern People Weekly a publié une interview de Chen Xiaolu, le fils du maréchal Chen Yi, et de Ma Xiaoli, la fille de Ma Wenrui. Au cours des dernières années, Ma Xiaoli est devenue une représentante active des descendants de l’élite chinoise grâce à ses liens étroits avec la famille de Xi.

Ma Xiaoli considère ceux que le Financial Times a nommé les «nouveaux princes rouges» comme la «deuxième génération de fonctionnaires». Elle a déclaré: «Nous ne sommes pas comme eux, il faudrait tracer une ligne de démarcation entre eux et nous! La plupart des descendants de l’élite de Chine ont peu de pouvoir ou d’argent! Nous aussi nous détestons la corruption et l’arrogante et sauvage deuxième génération de fonctionnaires. Nous ne pouvons pas laisser ces gens faire couler le Parti».

La mission de Xi

En comprenant la mentalité de la descendance de l’élite chinoise, on comprendra que la mission de Xi Jinping consiste à préserver la dictature du parti unique. Sa campagne anticorruption cible principalement la bureaucratie et est indispensable pour maintenir l’aptitude du PCC à gouverner.

Le PCC l’a déjà fait auparavant. Ainsi au niveau provincial et ministériel, au cours de la dernière décennie, le PCC a expulsé des dizaines de fonctionnaires provenant du milieu civil, dont certains étaient clairement issus de familles pauvres.

Quant à l’avis du monde extérieur selon laquelle Xi oscille entre les gauchistes et les droitistes, c’est une vision bien superficielle. Je crois que c’est la stratégie que Xi emploie pour faire savoir aux différentes factions qu’il sera le seul à décider de la trajectoire politique future de la Chine, qu’il sait ce qu’il fait, et que personne ne devrait essayer de l’influencer.

Cependant, la politique de Pékin n’affecte que les fonctionnaires de haut niveau. Après tout, les gouvernements locaux sont gérés par des fonctionnaires provenant du milieu civil et ces bureaucrates ne considèrent pas le PCC comme leur propre sang et chair comme c’est le cas pour l’élite chinoise. Ils ont rejoint le Parti pour leurs intérêts personnels, en devenant des «fonctionnaires nus», en amassant beaucoup d’argent et en l’envoyant à l’étranger avec les membres de leurs familles. La manière dont Xi Jinping parviendra à contrôler ce rouage politique déjà sérieusement corrompu constitue un vrai problème.

En fait, le véritable ennemi de Xi est le système politique qui produit sans cesse des fonctionnaires corrompus. Et ce système politique, c’est le régime rouge que lui et les descendants de l’élite s’efforcent de protéger à tout prix. Il est impossible pour Xi Jinping de changer le fonctionnement de cette énorme machine bureaucratique tout en la préservant. En fin de compte, il n’est que le serviteur de ce système politique.

He Qinglian est une éminente économiste et un écrivain chinois. Basée  actuellement aux États-Unis, elle a écrit Les pièges de la Chine dévoilant la corruption au cours de la réforme économique en Chine dans les années 1990, ainsi que Le brouillard de la censure: Le contrôle des médias en Chine, qui traite de la manipulation et de la restriction de la presse.

Version en anglais: Xi Jinping: Servant to the Chinese Communist Party’s Political System

Epoch Times est publié en 21 langues et dans 35 pays.

Plus de 204 718 434 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.