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Peut-on faire un accord de libre-échange entre la Suisse et la Chine sans les droits de l’homme?

OPINION

Écrit par Catherine Keller, Epoch Times
05.12.2013
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  • Rencontre entre le Président chinois Xi Jinping et le Président de la confédération Ueli Maurer. u00abPas de libre-échange sans droits humains» demande la Plateforme Chine. (Alexander F. Yuan/Pool/Getty Images)

SUISSE, Genève – De plus en plus nous consommons chinois, mais à quel prix? L’accord de libre-échange entre la Suisse et la Chine risque de se finaliser ce 9 décembre 2013, annonçant une triste nouvelle pour les droits humains. En effet, cet accord fera abstraction des conditions de travail en Chine et du respect des droits les plus élémentaires. Néanmoins plusieurs voix se sont élevées pour que cet accord ne soit pas signé en l’état. Plusieurs organisations de développement et de défense des droits humains (Déclaration de Berne, Solidar Suisse, Société pour les peuples menacés et Société pour l’amitié suisso-tibétaine) se sont regroupées autour d’une «Plateforme Chine» pour sensibiliser les gens à ce problème.

Alors que le 9 décembre le Conseil National Suisse doit valider cet accord, 72% des députés se sont exprimés publiquement lors des dernières élections en faveur d’un renforcement des droits humains dans les accords commerciaux. C’est donc le moment de confronter les paroles aux actes.

Le communiqué de presse de Plateforme Chine explique: «Dans l’accord de mille pages avec la Chine, pas une seule fois n’apparaît le terme «droits humains». Sans dispositions contraignantes il existe un risque que des produits fabriqués par des enfants ou des travailleurs forcés soient favorisés par l’accord de libre-échange.» Or «Tous les accords bilatéraux signés par la Suisse depuis 2009 contiennent des références aux droits humains. L’accord qui sera en discussion le 9 décembre au Conseil national signifierait, s’il était accepté, un net recul par rapport à la pratique actuelle.»

Selon Lionel Frei, responsable de Plateforme Chine pour Solidar Suisse «si l’accord de libre-échange avec la Chine était signé en l’état, cela constituerait un très mauvais signal pour les droits humains à l’avenir. La Suisse ne peut pas d’un côté se targuer d’être championne en la matière, et de l’autre mettre ces droits de côté dès que des intérêts économiques sont en jeu.»

Les organisations humanitaires demandent que cet accord intègre clairement les bonnes pratiques prévues par les accords de libre-échange conclus par d’autres États. Notamment les conventions fondamentales de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) que la Chine n’a pas ratifié et qui portaient sur l’interdiction du travail forcé et sur la liberté syndicale. On peut se demander pourquoi la Chine n’a pas voulu ratifier ces conventions et à quelles conditions de travail la Suisse pourrait se rendre complice.

Conditions de travail et de vie pour plus de 80% des Chinois

La très grande majorité des fabriques chinoises emploient de jeunes personnes, parfois mineures. Elles travaillent, mangent et dorment sur place. Elles font souvent beaucoup d’heures supplémentaires qui ne sont pas forcément payées. Elles dorment dans des dortoirs, mangent des repas de qualité médiocre. Leur salaire aussi bas soit il est envoyé à leur famille après déductions. Parmi ces déductions, on leur prélève des frais si les quotas ne sont pas atteint ou si quelque chose a été cassé. Si ces jeunes salariés ne satisfont pas aux exigences des chefs, ils peuvent être punis et la Chine interdit toute forme syndicale.

Une autre source de production vient des camps de travaux forcés. Les criminels, les dissidents, les pétitionnaires et les prisonniers de conscience y sont enfermés sans jugement pour une durée de deux ans minimum. Bien que le gouvernement chinois a dit récemment vouloir fermer les camps de travaux forcés, ce ne sera pas pour autant la fin de cette pratique, au contraire, dans certains cas même, les camps de travail ne «ferment» qu’en changeant la pancarte à l’entrée. À en croire le journal d’état Legal Evening News, certains camps de travail ont simplement changé leur nom en «prisons» et «centres de traitement des addictions», tout en continuant d’y pratiquer le travail forcé et l’exploitation humaine mais cette fois pour une durée indéterminée.

Une autre conséquence de la production en Chine est que les terres sont terriblement polluées par l’industrie et que les paysans travaillent dans des conditions particulièrement difficiles. Beaucoup sont gravement malades ou attrapent des cancers à cause de la pollution. D’autres allant travailler à l’usine en ville - pensant améliorer leur niveau de vie - laissent leurs enfants à des parents âgés. Ainsi 80.000 enfants sont laissés seuls ou avec un grand parent âgé, car il est interdit pour un paysan de s’installer en ville et de pouvoir ainsi venir avec sa famille. Beaucoup de parents âgés qui ne peuvent plus subvenir à leurs besoins (malades, faibles, etc.) se suicident avec des pesticides pour ne pas être une charge pour leur enfant.

La Chine ne joue pas le même jeu que nous

Pensez faire des affaires avec la Chine mériterait plus de réflexion car c’est un miroir aux alouettes. Si certaines multinationales et des produits de luxes sont en bonne santé financière grâce à la Chine, ce n’est pas le cas de la majorité de la production manufacturière et industrielle. Les conditions dans lesquelles sont produites les marchandises exportées ne sont pas comparables aux nôtres. Si nous voulons être compétitifs, nous devrions travailler dans les mêmes conditions sociales et environnementales. On peut déjà constater un appauvrissement drastique de l’industrie européenne et américaine conséquence à ce déplacement de la production vers l’Asie. Si une infime partie de la population s’enrichit, la grande majorité s’appauvrit.

D’autre part, bien que la Chine ait besoin de l’économie suisse et occidentale pour vivre, elle joue avec la valeur de sa monnaie qu’elle garde volontairement basse au grand dam des États-Unis dénonçant de la concurrence déloyale auprès de l’OMC. Les données financières émanant de la Chine restent toujours très opaques et souvent manipulées, ce qui ne permet pas d’avoir une vision sur le long terme pour y investir. Effet constaté et pouvant montrer l’état de la situation intérieure, de plus en plus de Chinois fortunés placent leur argent à l’étranger et envoient leurs enfants étudier et vivre à l’étranger en prévision de l’éclatement de la bull financière chinoise.

La Chine semble être devenue incontournable. Elle produit entre 30 et 60% de ce qui est acheté dans le monde. Son économie est intimement liée à la nôtre.  Une économie basée sur des valeurs humaine est maintenant incontournable si nous ne voulons pas sombrer dans le chaos économique annoncé.

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