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Le déjà vu: comment l’expliquer?

Écrit par Amy Reichelt, University of New South Wales
17.02.2013
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  • L’impression de déjà-vu est un des mystères scientifiques qu’il est difficile d’expliquer avec la science expérimentale. (Kiyoshi Takahase Segundo/Photos.com)

Avez-vous déjà connu ce brusque sentiment de familiarité en vous trouvant dans un endroit totalement inconnu? Ou encore le sentiment d’avoir déjà eu, auparavant, exactement la même conversation avec votre interlocuteur présent? Ce sentiment de familiarité, on le sait, est connu sous le nom de déjà vu et 60 à 80 % des gens l’éprouvent quelquefois. C’est une expérience quasiment toujours passagère et qui se produit fortuitement.

D’où proviennent donc ces impressions de familiarité?

Largement plébiscité par la culture populaire, le déjà vu reste incompris par la science. Le déjà vu survient subitement, n’a aucun précurseur et ne se manifeste pas autrement que par une phrase du genre: «Je viens d’avoir un déjà vu!».

Pour de nombreux chercheurs, ce phénomène est lié à la mémoire et créé par les centres mnésiques du cerveau.

Systèmes de mémoire

La conservation à long terme de souvenirs, d’évènements et de faits est assurée par les lobes temporaux internes. Certaines régions des lobes temporaux internes jouent un rôle important dans la détection de familiarité, ce qu’on appelle aussi la reconnaissance, par opposition aux souvenirs, plus détaillés, d’évènements précis.

Certains prônent que la détection de familiarité dépendrait du fonctionnement du cortex olfactif, alors que le souvenir détaillé relèverait de l’hippocampe.

Le caractère aléatoire des expériences de déjà vu chez les individus sains fait qu’il est difficile d’étudier celles ci de manière empirique. Toutes les recherches dans le domaine ne tiennent qu’aux témoignages des  sujets.

Des bugs dans le programme

Un sous ensemble de patients atteints d’épilepsie ont systématiquement déclaré avoir une impression de déjà vu à l’approche d’une crise – c’est-à-dire lorsque ses signes avant coureurs naissent dans le lobe temporal médian. Cette observation a donné aux chercheurs un moyen empiriquement plus contrôlable d’étudier le déjà vu.

Les crises d’épilepsie sont provoquées par des anomalies dans l’activité électrique des neurones dans les régions focales du cerveau. Ce dysfonctionnement neuronal peut se propager dans tout le cerveau comme les ondes de choc provoquées par un tremblement de terre. Parmi les régions du cerveau dans lesquelles cette activation électrique peut se produire sont les lobes temporaux internes.

Ces perturbations électriques du système neuronal créent, en guise d’avertissement, une impression de déjà vu qui précède l’incident épileptique.

Par la mesure des décharges neuronales dans le cerveau de ces patients là, les scientifiques ont pu localiser dans quelles régions du cerveau apparaissent les signaux du déjà vu.

Cette étude a révélé que le phénomène de déjà vu est plus susceptible de se produire chez les patients épileptiques par une stimulation électrique des cortex olfactifs et non de l’hippocampe. Ces résultats ont conduit à songer que le déjà vu serait dû à une décharge électrique anormale générée dans le cerveau.

Chez les individus non atteints d’épilepsie, ces décharges neuronales peuvent se produire de manière non pathologique. À titre d’exemple, les hallucinations hypnagogiques, ces contractions musculaires involontaires qui peuvent survenir au moment de l’endormissement.

On pense que le déjà vu, qui se traduit par un étrange sentiment de familiarité, relève du même type de décharge neurologique.

Certains spécialistes prônent que le genre du déjà vu qui arrive aux patients atteints d’épilepsie du lobe temporal est différent du déjà vu typique.

L’impression de déjà vu qui survient chez les épileptiques quelque temps avant une crise peut être plus durable contrairement à ce sentiment fugace qui arrive à ceux qui ne font pas de crises d’épilepsie. Chez les sujets sains, l’impression de déjà vu repose sur le mélange d’un vif sentiment de familiarité avec une conscience de vivre une situation qui est intrinsèquement inédite.

Incohérences et raccourcis

Chez les bien portants, le déjà vu est perçu comme une erreur mnésique susceptible d’en dire long sur ce qu’est la mémoire. Certains chercheurs pensent que le déjà vu est provoqué par un dysfonctionnement du système mnésique, ce qui entraîne la construction éronée d’un souvenir extrêmement précis à partir d’une expérience sensorielle inédite.

Autrement dit, l’information ne s’ancre pas dans la mémoire courte mais directement dans la mémoire longue. Cela signifie que le déjà vu est provoqué par une incohérence entre l’information sensorielle perçue et l’effet se traduisant par un souvenir qui revient. C’est la raison pour laquelle une expérience  parfaitement inédite peut apparaître familière quoique pas aussi tangible que le souvenir d’une expérience vécue.

D’autres théories suggèrent que l’activation du système neuronal olfactif – lequel système joue un rôle dans la détection de familiarité – se fait sans l’activation du système limbique dont fait partie l’hippocampe. D’où l’impression d’une familiarité qui n’en demeure pas moins vague.

Partant de cette théorie, une hypothèse suggère que le déjà vu constitue une réaction des systèmes cérébraux ayant trait à la mémoire vis-à-vis d’une expérience familière. Une expérience dont on sait qu’elle est inédite, mais qui comporte de nombreux éléments reconnaissables, bien que dans un contexte légèrement différent. Par exemple? Se trouver dans un bar ou un restaurant dans un pays étranger, dont les dispositions évoquent celles d’un endroit qu’on a l’habitude de fréquenter dans son pays.

Quid des causes du déjà vu? les théories sont encore plus nombreuses. Elles vont du paranormal – les vies antérieures, les enlèvements par des extraterrestres, les rêves prémonitoires – aux souvenirs formés à partir d’expériences vécues indirectement (par exemple, celles qu’on a vu dans un film).

À ce jour, il n’existe aucune explication simple sur les causes du déjà vu. Toutefois, les innovations dans le domaine de la neuro imagerie peuvent aider à comprendre comment fonctionne notre mémoire et pourquoi notre cerveau s’amuse parfois à nous jouer des tours.

Version anglaise: What Is Déjà Vu and Why Does It Happen?

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