Anglais | Chinois | Coréen | Français | Allemand | Espagnol | Japonais | Russe | Ukrainien | Hébreu | Roumain | Bulgare | Slovaque | Tchèque | Indonésien | Vietnamien
Faites un don

La technologie nous a-t-elle inculqué une peur du silence?

Écrit par Bruce Fell de l’université Charles Sturt (Canada)
17.02.2013
| A-/A+
  • L’engouement des jeunes pour le bruit constitue un comportement acquis, tout comme l’est leur aversion pour le silence. Seulement, ce penchant très marqué pour le bruit de fond généré par les médias leur vient davantage des parents et grands-parents que de la fréquentation des médias sociaux. (Justin Sullivan/Getty Images)

«Quand il n’y a aucun bruit dans ma chambre, cela m’agace», confie, dans un message électronique, un de mes étudiants de premier cycle. «On dirait que je ne suis pas capable de supporter le silence», écrit un autre.

Le bruit dont parle le premier, c’est le bruit de fond émanant de la TV, de la radio et de la musique ainsi que d’une multitude de médias sociaux et toutes les choses insolites qu’on trouve sur la toile. Le silence évoqué par le second étudiant correspond, à son tour, à un monde dépourvu de tout bruit de fond.

Partant des observations recueillies pendant six années (de 2007 à 2012) de quelque 580 étudiants de premier cycle, il ne serait pas faux d’affirmer que leur désir du bruit et leur aversion pour le silence constituent des comportements acquis.

Ce désir du bruit de fond généré par les médias leur vient davantage des parents et grands-parents que de leur habitude, plutôt récente, de fréquenter des médias sociaux.

Cela étant dit, on devrait se garder de faire l’amalgame entre, d’une part, les excellents conseils donnés par Larry D. Rosen aux enseignants quant à la manière de pallier l’anxiété des étudiants pour les médias sociaux – par exemple, faire des pauses «minute technologie» – et, d’autre part, les complications relatives à la même appétence des jeunes individus pour le bruit ambiant.

Leurs mères et pères, quoique non sans exception, ont eux aussi hérité de ce désir du bruit de fond: «Chez mes grands parents, la TV reste allumée quasiment en permanence, en bruit de fond», note l’un des étudiants.

Ainsi, pas étonnant d’apprendre que «la TV a été allumée plus tôt le matin par l’un de mes parents pour écouter les informations, puis laissée allumée (...) alors que plus personne ne la regardait» de la part d’un autre.

Sur les 580 étudiants, tous sauf un affirment que la télévision et la radio étaient dans leur maison avant qu’ils ne viennent au monde. Quid de l’ordinateur? la plupart confie qu’il y en avait au moins un dans le foyer parental bien avant leur naissance. En effet, cette année, pour la première fois, une étudiante n’a pas pu se rappeler quel était le premier téléphone portable dans sa famille.

Dès la petite enfance de chacun, l’ambiance sonore constante créée par les médias contribue à un bruit de fond dedans comme dehors les institutions telles que la crèche, la maternelle, le collège ou lycée et l’université. Il n’est guère étonnant que beaucoup de mes élèves se sentent agités et mal à l’aise lorsqu’il n’y a pas au moins une source sonore qui fasse du bruit de fond.

La notion du bruit de fond corrobore les observations de Bill McKibben vis-à-vis de ce qu’il appelle le «troisième parent».

La plupart du temps, le troisième parent d’un étudiant (qu’il soit analogique ou numérique) communique avec celui-ci plus souvent que ses parents biologiques. Ainsi que l’a remarqué un participant, «le bruit de la télévision et des échanges via Facebook m’aident à me sentir plus en contact avec les gens».

L’écrasante majorité de mes élèves dit qu’ils ne peuvent ni travailler ni vivre dans le silence. Comme l’explique l’un d’eux: «En fait, c’est à la bibliothèque que j’ai commencé à travailler, avant de devoir faire un saut chez moi quelques minutes plus tard pour chercher mon iPod, parce que j’ai trouvé l’ambiance à la bibliothèque si calme que je n’ai pas réussi à me concentrer comme il faut!»

Le silence dans une bibliothèque n’est pas le seul que les étudiants ont trouvé gênant. Étant retournée à la ferme de ses parents, une étudiante a observé à quel point elle avait du mal à marcher le long d’un barrage sans un iPod.

Munis d’outils pour les aider à réfléchir à leur consommation des médias, les étudiants ont commencé à reconnaître la nature du bruit de fond. Après avoir fait la première partie de l’exercice où ils devait remplir la grille du tableur, ils ont été invités à passer une heure dans un endroit calme, à marcher, rester assis et/ou lire. C’est à ce moment-là de l’exercice que les étudiants ont tendance à découvrir leur relation avec le silence:

«L’absence de bruit me mettait mal à l’aise et, en fait, m’a paru de mauvaise augure», a observé un étudiant. Un autre a songé que «c’est peut-être parce que de nos jours les médias nous entourent constamment que nous avons peur de la paix et du calme».

Se pourrait-il que ce soit le bruit de fond – et non pas le contenu discret de chaque source médiatique – qui crée la perception du bien-être évoquée par mes élèves?

Quoi qu’il en soit, il est clair que les étudiants (et sans doute bien d’autres individus) se sont habitués au bruit de fond, devenu un élément omniprésent de la vie actuelle.

Et vous alors? Avez-vous peur du silence?

Version anglaise: Has Technology Made Us Scared of Silence?

Epoch Times est publié en 21 langues et dans 36 pays.

 

Plus de 204 720 056 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.