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Dix personnes condamnées pour avoir maintenu des pétitionnaires dans de «sinistres prisons noires».

Écrit par Jack Phillips, Epoch Times
17.02.2013
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  • Les policiers devant le Grand palais du Peuple à Pékin. (Ed Jones/AFP/Getty Images)

Un tribunal chinois a condamné à des peines d’emprisonnement allant de six mois à deux ans dix gérants de «prisons noires» – centres de détention secret pour les pétitionnaires, qui sont souvent soumis à la torture et à d’autres mauvais traitements. La condamnation est également une reconnaissance tacite de l’existence de tels établissements, ce que le régime chinois a toujours nié.

Un média d’Etat a rapporté que le tribunal de Pékin a condamné Wang Gaowei, le principal accusé dans l’affaire, pour avoir loué deux cours dans le district de Chaoyang à Pékin et avoir embauché plusieurs voyous pour détenir les pétitionnaires de la province du Henan qui avaient exposé leurs plaintes concernant divers problèmes auxquels ils étaient confrontés dans leur province natale, dans la capitale chinoise. Ces «prisons noires», qui sont d’une triste notoriété en Chine, sont utilisées pour détenir temporairement à Pékin les pétitionnaires avant qu’ils ne soient renvoyés chez eux.

Selon le média d’Etat China Daily, en février 2012 quatre personnes emprisonnées dans l’établissement de Wang ont été blessées avant de retourner dans le Henan. Elles sont revenues deux mois plus tard et ont dénoncé leur détention aux policiers qui ont ensuite fait une descente dans l’établissement de Wang et l’ont arrêté.

Selon le China Daily, ce qui encourage le système de «prisons noires», est le fait que les fonctionnaires du Parti communiste chinois sont pénalisés par un système de points lorsqu’un pétitionnaire de leur région arrive à déposer une plainte au Bureau central des pétitions à Pékin.

Dans ces établissements généralement délabrés, les pétitionnaires risquent la torture, le viol, les coups et même la mort.

Lors du jugement de Wang, les pétitionnaires concernés étaient en colère au moment du verdict rendu par le tribunal de Pékin: car les fonctionnaires locaux, qu’ils pensaient être responsables de leur détention, n’avaient pas été considérés comme personnes impliquées dans ces crimes.

Selon le South China Morning Post, la pétitionnaire Jia Qiuxia a déclaré: «Le verdict dit qu’ils n’avaient rien à voir avec le gouvernement local, comment est-ce possible?»

Les quatre victimes ont reçu environ 2.400 yuans (287,84 euros) en compensation, mais elles ont dit que cela n’était pas suffisant pour compenser leurs blessures et souffrances mentales infligées après avoir été battues par les gardiens. Jia pense que malgré cette condamnation, les «prisons noires» vont continuer à exister dans toute la Chine. Elle précise: «On entend toujours parler d’autres personnes qui ont été emmenées».

Nicholas Bequelin de Human Rights Watch pense que cette condamnation va envoyer un message aux autres responsables locaux du Parti communiste chinois qui essayent d’intercepter des pétitionnaires à Pékin. Mais il trouve que punir les voyous qui ont été chargés de mettre en place les «prisons noires» ne résoudra pas le problème à la racine.

Bequelin a dit au Morning Post: «Pékin va continuer à chercher une autre solution tant que les pétitionnaires sont considérés comme un facteur défavorable à l’image de la capitale».

Joshua Rosenzweig, chercheur sur les droits de l’homme basé à Hong Kong, a déclaré à l’Associated Press que ce cas est «certainement important mais ce n’est probablement que la pointe de l’iceberg».

Rosenzweig pense qu’il reste à voir si le régime chinois continuera à traiter des cas contre les gérants de «prisons noires», ou si la condamnation de cette semaine était un cas unique.

Hu Jun, pétitionnaire en Chine depuis dix-sept ans, a expliqué à Epoch Times que le kidnapping des pétitionnaires était en général mené par des individus liés au «maintien de la stabilité» (weiwen) de l’appareil du Parti communiste chinois avec le concours des comités locaux de quartier et des départements de police.

La machine de «maintien de la stabilité» est supervisée par le Comité politique et législatif des affaires, un organe du Parti de haut niveau qui contrôle toutes les forces de sécurité en Chine.

Un initié à Pékin a récemment déclaré à New Epoch Weekly, un magazine de nouvelles publié à Hong Kong et aux États-Unis, que les anciens hauts fonctionnaires du Comité Politique et Législatif des Affaires ont récemment présenté un rapport précisant que 453 agents de sécurité ont été mis sous shuanggui, un processus secret d’interrogatoire et de détention du Parti, au cours de ces trois derniers mois – la majorité provenant du secteur de la sécurité publique. En outre, douze fonctionnaires de haut rang de ce même comité se sont suicidés. Shuanggui est généralement mis en œuvre contre les fonctionnaires qui ont «enfreint la discipline», ont recours à la corruption ou ont désobéi aux importants édits du Parti.

Le 6 février, en réponse à ces nouvelles, un éminent avocat des droits de l’homme, Pu Zhiqiang, a posté ce commentaire sur ses divers comptes micro blog: «Je dis que l'ancien ministre de la Sécurité publique, l'ancien chef du Comité Politique et Législatif des Affaires, notre actuel camarade retraité Zhou Yongkang, a détruit notre nation et ruiné notre peuple. Si nous voulons sortir de l'ombre du «maintien de la stabilité», le maintien de la stabilité sociale du système de Zhou doit être tenu responsable. Trop de tragédies sont directement liées à Zhou Yongkang. Zhou est resté au pouvoir pendant dix ans. Il a en effet empoisonné la société et tué notre peuple».

Xie Jiyou, un analyste des intrigues de la politique de Pékin, a déclaré à Epoch Times que la couverture de grande envergure de ces nouvelles par Xinhua, indique que Xi Jinping est en préparation pour l'arrêt en Chine de la rééducation par les camps de travaux forcés, et qu’il a franchi une étape supplémentaire en frappant Zhou et le le système de «maintien de la stabilité» du Comité.

Version anglaise: Ten Sentenced for Keeping Chinese Petitioners in Black Jails

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