Le rêve du constitutionnalisme nécessite l’abolition des travaux forcés en Chine

Le chef du Parti Xi Jinping défie la faction de Jiang Zemin avec des actions visant à établir un Etat de droit

Écrit par Yang Ning, Epoch Times
03.02.2013
  • Le camp de travaux forcés de Masanjia. (Capture d’écran)

Les rêves du constitutionnalisme ont ravivé une lutte de pouvoir au sein du Parti Communiste Chinois (PCC). Le chef du Parti Xi Jinping a commencé son mandat en luttant contre ceux qui sont les plus opposés à l’établissement d’un Etat de droit en Chine. Après une période d’allées et venues, l’administration de Xi est allée au-delà de belles phrases vides en faisant une promesse concrète: elle mettra fin au système pervers des camp de travaux forcés en Chine.

Cette démarche a débuté le 4 décembre lorsque Xi a prononcé un discours à l’occasion du 30ème anniversaire de l’adoption de la Constitution chinoise, dans laquelle il s’est engagé à assurer l’Etat de droit en Chine. Ce discours a été l’une des premières actions de Xi, après son investiture comme chef du Parti le 14 novembre.

Xi a déclaré: «Aucune organisation ou individu n’a le privilège d’outrepasser la Constitution et la loi, et toute violation de la Constitution et de la loi doit faire l’objet d’une enquête».

Les réformateurs ont essayé de répondre à l’appel de Xi d’établir un Etat de droit.

Les rédacteurs de l’hebdomadaire libéral Southern Weekly avaient l’intention de publier un article du Nouvel An intitulé Le rêve de la Chine et le rêve du constitutionnalisme. Le chef du Département de la propagande de la province du Guangdong est intervenu et a réécrit l’éditorial, en le transformant en un éloge du Parti.

Le magazine pro réformiste Yanhuang Chunqiu a consacré son édition du Nouvel An à la question du constitutionnalisme, alors le 4 janvier son site Internet a été fermé sans aucun commentaire par le ministère de l’Industrie et de la Technologie Informatique.

Des blogueurs, des professeurs de droit et des militants ont saisi l’expression «rêve du constitutionnalisme», mais dès que ce terme est devenu populaire, il a été bloqué sur le microblog populaire de Weibo, une plate-forme semblable à celle de Twitter.

Il semble que les cadres réactionnaires voulaient écraser dans l’œuf tout échange concernant le constitutionnalisme.

Xi Jinping a réagi

Le 7 janvier à midi, le principal journaliste du journal d’Etat Legal Daily dans la province du Zhejiang a écrit sur son compte Weibo que Meng Jianzhu, le nouveau chef du Comité des affaires politiques et juridiques  (CAPJ), avait annoncé lors d’une téléconférence nationale avec les fonctionnaires du régime que la ré-éducation par le système des travaux forcés serait abolie. Ensuite, un journaliste du magazine économique chinois Caixin a obtenu la confirmation de l’annonce de Meng par un fonctionnaire qui avait assisté à la réunion.

Le même jour, Xi Jinping a prononcé un discours lors d’une conférence du CAPJ qui incluait le sujet du constitutionnalisme. Comme l’a rapporté Xinhua, le porte parole du régime chinois, Xi a déclaré: «Mettre tous les efforts pour établir une Chine pacifique et un état de droit en Chine».

Les camps et le CAPJ

Tout espoir d’établir un Etat de droit en Chine doit  porter sur la réforme de la ré-éducation par le système des travaux forcés et de ses liens corrompus avec le CAPJ, l’organe du Parti qui dirige le appareils de sécurité nationale la Chine dont la police, la police armée le Parquet et tous les tribunaux.

Le système de camp de travaux forcés viole la Constitution de la République populaire de Chine, ses lois et ses règlementations administratives, ainsi que la Convention internationale sur les droits civils et politiques qui a été signée par le régime chinois.

Shi Zangshan, un expert de la Chine installé à Washington, souligne que le système de camp de travaux forcés se trouve au cœur du CAPJ et permet en même temps d’enrichir les fonctionnaires de ce comité.

Beaucoup de Chinois préfèrent être condamnés par un tribunal plutôt que d’être envoyés dans un camp de travaux forcés, car il n’y a aucune procédure d’appel dans le système de camps, sauf en passant par le comité du camp de travaux forcés. Il n’y a pas non plus de contrôle juridique ni d’organisme de réglementation.

Pour révoquer une peine au camp de travaux forcés, il n’y a pas d’autre moyen que de payer des pots de vin, et selon les rapports de presse, au cours des dix dernières années les chefs du CAPJ ont amplement profité de ce système.

Les camps de travaux forcés sont aussi un cauchemar du point de vue des droits de l’homme.

Selon des sources internes, le salaire des détenus dans ces camps est 150 fois inférieur au salaire moyen des travailleurs en Chine, tandis que le volume du travail qui y est effectué est deux à trois fois supérieur.

Juste après les fêtes de Noël, les médias américains ont mentionné une note, provenant d’un détenu d’un camp de travaux forcés, cachée dans un paquet de produits pour Halloween fabriqués en Chine et trouvée par une femme de l’Oregon.

La note provenait du camp de travaux forcés de Masanjia dans la province du Liaoning. Elle disait que les détenus doivent travailler quinze heures par jour, sept jours sur sept, sans aucune pause. Les personnes qui refusent de travailler sont torturées, tabassées et insultées. Elles ne touchent  pratiquement aucun salaire, juste 10 yuans par mois (1,6 dollars).

Les bénéfices de ce travail sont partagés entre la police et les fonctionnaires du CAPJ.

Les personnes qui sont illégalement envoyées dans les camps de travaux forcés sont des paysans qui s’opposent à la confiscation de leurs terres par les gouvernements locaux, des pétitionnaires de tous bords, des étudiants qui écrivent des articles en ligne au sujet de  la démocratie et de la liberté d’expression et, le plus représentatif, un grand nombre de pratiquants de Falun Gong qui s’expriment sur la façon dont ils ont été persécutés.

Depuis que Jiang Zemin a lancé la persécution du Falun Gong en juillet 1999, des millions de pratiquants de Falun Gong ont été détenus dans des camps de travaux forcés.

Selon des chiffres officiels, 160.000 personnes sont actuellement détenues dans 350 camps de travaux forcés. Toutefois, certaines ONG estiment qu’un million de prisonniers sont détenus dans les camps. Selon certains observateurs, la moitié de ces détenus sont des pratiquants de Falun Gong.

Suite à la politique élaborée par Jiang, la police dans les camps de travaux forcés torture les pratiquants en toute impunité – ces derniers ont décrit plus de 100 formes de torture utilisées dans les camps.

Ne craignant pas d’être tenus responsables de leurs actes, la police gagne de l’argent en contribuant à l’approvisionnement de l’industrie de transplantation d’organes en Chine, principalement en prélevant les organes sur des pratiquants de Falun Gong qui sont tués au cours de cette opération

Admettre les méfaits

En annonçant l’abolition de la transformation par le système de travaux forcés, Xi a pour but de neutraliser le CAPJ, l’influence résiduelle de son ancien chef, Zhou Yongkang, qui est fidèle à Jiang Zemin, et même les constantes prétentions au pouvoir de Jiang Zemin lui-même.

Mettre fin au système des camps de travaux forcés s’apparente à admettre que l’existence de ce système était une erreur et que les crimes commis dans ces camps étaient des méfaits. Il n’y a pas un grand pas à faire entre abolir ce système et punir les responsables. Cela terrifie Jiang Zemin, Zhou Yongkang, Zeng Qinghong (l’acolyte de longue date de Jiang), ainsi que les fonctionnaires, à tous les niveaux du CAPJ, qui sont impliqués dans la persécution.

L’annonce soudaine de Xi Jinping de l’abolition du système de camp de travaux forcés va intensifier la lutte de pouvoir entre les partisans de Xi et la faction de Jiang.

Toutefois, après avoir fait une déclaration si importante, Xi ne peut pas battre en retraite sans perdre le pouvoir. Aller de l’avant est désormais son seul choix.

Version anglaise: Dream of Constitutionalism Requires Ending Forced Labor in China

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