Un rapport met en lumière l'agitation grandissante en Chine

Écrit par Epoch Times
19.03.2013
  • Des policiers militaires défilent le 30 janvier 2013 sur la place Tiananmen à Pékin. (Mark Ralston/AFP/Getty Images)

Un nouveau rapport publié par une ONG démontre que les militants pour les droits de la personne en Chine ont réussi à s'implanter et à étendre davantage leur influence, et ce, malgré une répression plus sévère orchestrée par l'appareil de «maintien de la stabilité» du régime. Ce fut particulièrement le cas durant la période de remaniement des hauts dirigeants communistes en novembre 2012.

Intitulé In the Name of ‘Stability' (Au nom de la stabilité), le rapport annuel 2012 de Chinese Human Rights Defenders (CHRC) mentionne que les défenseurs des droits en Chine ont adopté de nouvelles stratégies dans leurs campagnes pour obtenir plus de libertés. Internet en général et les plateformes de microblogue en particulier – comme Weibo – ont démontré leur utilité pour exposer la corruption des fonctionnaires et pour réclamer des droits.

Répression incessante

Des dissidents interviewés par CHRC affirment que l'année 2012 a représenté un aussi grand défi que l'année 2011, considérée comme la plus répressive dans la décennie depuis que la lutte pour les droits de la personne a pris racine en Chine. Bien que certaines percées encourageantes aient incité les gens à aller de l'avant, autant en public que dans le cyberespace, la répression politique est «incessante».

Les méthodes habituelles de harcèlement étaient au rendez-vous, mais il y a eu deux fois plus de cas de «détention douce», de «détention à domicile» et de «disparition forcée» qu'en 2011, des formes de punitions arbitraires qui sont maintenant inscrites dans la loi. Toutefois, moins de militants ont été envoyés dans des camps de travail forcé, et le régime a laissé entendre que ce système de répression extrajudiciaire pourrait être aboli.

La police chinoise a aussi adopté le «contrôle et la gestion des mouvements», un nouveau système de surveillance en ligne pour garder à l'œil les gens, les groupes et les évènements. Le groupe de sensibilisation au sida, Aizhixing, a indiqué dans un récent rapport que la police peut maintenant cibler n'importe qui étant suspecté de poser une menace à «l'ordre social», ce qui ouvre la porte à d'importantes violations des droits de la personne.

Des prisonniers de conscience bien connus demeurent emprisonnés, comme l'écrivain dissident et lauréat du Nobel de la paix Liu Xiabo, dont l'épouse est en détention à domicile depuis qu'il a remporté le prix. Quant à l'avocat Gao Zhisheng, sa famille ne connaît pas son état de santé.

Bien que le militant non voyant Chen Guangcheng ait réussi à s'évader de son assignation à domicile et qu'il ait ensuite été autorisé à se rendre aux États-Unis, les autorités semblent avoir répliqué contre son neveu Chen Kegui. Ce dernier a été condamné à plus de trois ans de prison après s'être défendu contre des fonctionnaires armés ayant fait irruption dans sa résidence.

Autodestruction

Plus de 80 Tibétains se sont auto-immolés l'année dernière, dont des moines et des jeunes, pour dénoncer le Parti communiste et la répression qu'il mène contre la religion et la culture tibétaines. Les autorités ont répondu en augmentant la répression. Par exemple, elles ont instauré une nouvelle règle selon laquelle peuvent être punies les personnes ayant aidé les gens qui s'immolent.

Il y a également eu une augmentation des actes autodestructeurs parmi les Chinois de l'ethnie majoritaire Han en 2012, dont plusieurs étaient désespérés par les injustices commises à leur égard. Des suicides ou tentatives de suicide par l'ingestion de pesticides ont été rapportés. D'autres ont été tués lorsque des promoteurs immobiliers ont pris possession de terrains saisis par les autorités locales, alors que le nombre de confrontations violentes reliées à ces accaparements de terres a augmenté.

Société civile

Le nombre de personnes ayant essayé de se présenter comme candidats indépendants aux élections locales du Congrès du peuple a atteint un sommet en 2012, et plusieurs ont repris la rhétorique anticorruption du nouveau dirigeant – Xi Jiping – en demandant aux hauts dirigeants de divulguer publiquement leurs fortunes (très peu de progrès a été fait dans ce domaine).

Il y a eu une augmentation des militants qui ont utilisé la Constitution pour lutter contre les abus de la police et des fonctionnaires. Aussi, défenseurs des droits et avocats ont augmenté les formations pour échanger sur les stratégies de défense de causes.

Malgré un climat politique hostile, la société civile a fait des progrès dans certains domaines. Certains gouvernements locaux ont, sans fanfare, octroyé une compensation adéquate aux fermiers dont les terres ont été saisies et leurs maisons démolies, ou des fonctionnaires ont été démis de leurs fonctions lorsque leurs méfaits ont été révélés. Un plus grand nombre de poursuites ont été déposées contre des responsables corrompus et certains avocats de défense des droits civils ont même obtenu gain de cause.

Le rapport souligne que les défenseurs des droits ont en général été affectés par quatre développements  : l'augmentation des «disparitions forcées»; les promesses du régime d'abolir les camps de travail forcé, qui fonctionnent toujours à plein régime; les élections truquées des délégués locaux au Congrès du peuple; et les placements forcés dans les hôpitaux psychiatriques qui ne sont pas prohibés par la toute première loi chinoise en matière de santé mentale.

Plusieurs recommandations sont offertes à la fin du rapport de Chinese Human Rights Defenders, dont la révision de la loi en matière de santé mentale ainsi que l'abolition des camps de travail forcé et d'autres formes de détention extrajudiciaire, comme les «prisons noires» utilisées pour incarcérer les pétitionnaires.

Version anglaise  : Human Rights Report Underlines Increasing Unrest in China