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Fraude et vol de l’or blond

Écrit par Mathieu Côté-Desjardins, Epoch Times
21.03.2013
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  • Le processus de production du sirop d’érable est relativement simple, mais nécessite une grande quantité d’eau d’érable : 40 litres d’eau pour un litre de sirop.(Fédération des producteurs acéricoles du Québec)

Le sirop d’érable continue encore aujourd’hui à gagner en popularité et à élargir son éventail de produits dérivés. Cela ne pourrait être possible sans son lot d’entraves. Le potentiel de miner son parcours est bien réel.

Pillage sucré

«Le premier vol de sirop d’érable date de 2006 à Scott Jonction en Beauce», indique M. Paul Rouillard, directeur adjoint de la Fédération des producteurs acéricoles du Québec. «L’été passé, un nouveau vol a eu lieu dans un entrepôt loué par la Fédération. Des gens ont réussi à s’y introduire et à voler», poursuit-il. Il mentionne toutefois que bien que le vol de sirop d’érable soit récent, ces cas semblent isolés pour l’instant.

La fraude dans le domaine de l’érable ne s’arrête pas au cambriolage. Un autre moyen de faire un profit illégal est d’altérer le sirop. Philippe Mollé, journaliste gastronome à Radio-Canada et au journal Le Devoir et ancien chef de renom : «Le premier procédé que plusieurs fraudeurs utilisent est de couper le sirop avec de la mélasse, du sirop de maïs, ce qui est plus fréquent. Certains utilisent même le sucre blanc.» Il renchérit : «Il faut aussi dire qu’une cabane qui n’a aucun érable autour d’elle, qui ne produit pas à la cabane en question, il faut se poser des questions», souligne-t-il.

«Il peut arriver qu’il y ait des mélanges des qualités de sirop avec d’autres produits. Ce qui se passe dans notre entrepôt de la Fédération, où passe la moitié du sirop d’érable au Québec, je peux vous garantir de ce qui s’y fait. Mais pour ce qui a trait aux entrepôts des acheteurs, on ne peut pas être toujours là. Si vous avez une érablière et que vous vendez votre sirop autrement qu’en canettes, tout ce sirop-là est inspecté et pasteurisé. Si un producteur fait une partie de sa production en canettes directement à l’érablière, nous ne pouvons pas vérifier la qualité du produit», exprime M. Rouillard.

Le directeur adjoint de la Fédération des producteurs acéricoles se veut toutefois rassurant sur l’avenir de la protection de l’or blond.

«On désire avoir une réserve stratégique dans laquelle on pourrait loger 40 millions de livres de sirop d’érable, pour pallier les saisons de faible production. On a acheté un entrepôt à Laurierville [Centre-du-Québec] et désormais, tout le sirop y sera entreposé après un premier traitement. On veut faire en sorte qu’un tel évènement ne se reproduise pas», affirme Paul Rouillard.

«De plus, nous avons une équipe d’enquêteurs qui s’occupe de différentes plaintes qui peuvent exister dans le domaine de la production. On dirige nos trois enquêteurs vers les endroits où il y aurait une faute et nous appliquons les correctifs nécessaires», a livré M. Rouillard, en ajoutant que les journalistes ne pouvaient s’entretenir avec ces derniers.

Obscurité québécoise

Bien souvent fiers de leur fluide sucré printanier, bien des Québécois sont en contradiction lorsqu’on fait le constat de leur utilisation du sirop d’érable et de leur considération pour ce dernier.

«Il y a des établissements qui jouent la carte de la bonne conscience, comme la chaîne de restauration de déjeuners Chez Cora, qui servent du sirop de maïs et qui demandent un extra si on leur demande du sirop d’érable, et ce n’est pas la seule! Il n’y a rien de pire pour des étrangers qui arrivent. Imaginez l’image qu’on crée : on est le premier producteur mondial et on leur sert du “sirop de poteau”. C’est irrecevable! Ça donne comme image qu’on valorise trop peu l’agroalimentaire de chez nous et qu’on se voue à faire beaucoup plus de profits», dénonce Philippe Mollé.

Dans la mentalité de beaucoup de Québécois, le sirop d’érable est une ressource coûteuse et cela peut faire en sorte qu’ils s’en privent. Coauteur du récent ouvrage Le grand livre de l’érable, Philippe Mollé croit qu’il est plus que temps de remettre les pendules à l’heure sur cette question.

«Le sirop d’érable est un produit noble et cher. Voilà donc une compréhension qu’on devrait en avoir. Les gens pensent qu’étant donné que c’est un produit lié au patrimoine local, c’est un produit à rabais. C’est impossible de faire un sirop d’érable pas cher, ça n’existe pas. Pour le faire pas cher, il faudrait le couper avec autre chose. On ne peut pas payer moins cher que le matériel de base. Quand on sait ce que ça représente la quantité de travail que ça prend et une bonne quantité d’eau [40 litres d’eau d’érable pour obtenir un litre de sirop], il est simple de comprendre que ce n’est pas plus cher que n’importe quel autre produit ou ingrédient. Il faut justement apprendre à mieux le consommer», ajoute-t-il.

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