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Créativité et imagination au service du tourisme

Écrit par Epoch Times
21.03.2013
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  • (© haveseen/Fotolia.com)

En 2012, la conjoncture économique a pesé sur la saison. La clientèle française a géré ses vacances en raccourcissant les séjours et donc les nuitées. Comment se présente la saison 2013?

En 2011, le secteur du tourisme a fait une petite croissance. En 2012, on est reparti en baisse en taux de départs et en nombre de nuitées. Pour 2013, on suit exactement la même tendance. Comme la situation économique reste maussade avec des croissances molles, voire négatives… les pressions sur le pouvoir d’achat des ménages… le chômage... donc, concernant le tourisme des particuliers, le tourisme de loisirs, on ne va pas avoir une belle année… ce sera une année étale au mieux. Les gens vont continuer de privilégier les vacances parce que c’est important de partir en vacances. Le taux de départs ne va pas s’écrouler. Par contre, on va être prudent dans les dépenses. On actionne tous les leviers pour diminuer les coûts : soit on part deux jours de moins, soit on baisse un petit peu l’hébergement, soit on privilégie des destinations plus proches et on économise alors sur le temps de transport ou sur le prix du transport. Le poste vacances est toujours très protégé puisqu’on maintient quand même des taux de départ qui sont supérieurs à 50% mais le budget consacré aux vacances est un peu en baisse.

De nombreux départements et régions développent un tourisme thématique pour maintenir un bon niveau d’attractivités: oenotourisme, aménagement d’itinéraires à vélo, valorisation du patrimoine culturel, etc. Quelles sont les tendances du marché?

Pendant de nombreuses années, partir en vacances en France n’était pas à la mode. C’était un tourisme subi et non pas un tourisme choisi. Partir en vacances, cela a aussi une dimension économique : vous vous situez vis-à-vis de vos collègues, de vos amis. Il y a une espèce d’étiquettes suivant le type de vacances que vous prenez.

 

Paradoxalement, la France est la première destination mondiale et depuis un an et demi, dû à la crise, les gens, petit à petit, se sont réappropriés la France. C’est un faux calcul parce que la France n’est pas une destination qui n’est pas chère… c’est plus cher de partir en vacances en France que de partir en Tunisie ou au Maroc. Les crises et les révolutions auront peut-être un peu accentué cette tendance, mais il est vrai que partir en vacances en France est hyper à la mode.

Du coup, les départements ont un peu réagi. Ils ont essayé de thématiser leur département. Tous les départements sont généralistes sauf les départements intérieurs qui n’ont pas la dimension balnéaire, mais dès que vous avez un lac, vous pouvez travailler sur le balnéaire. Donc effectivement on voit arriver l’oenotourisme, le tourisme de mémoire. Il s’agit des festivités relatives à la Grande guerre, la guerre de 14-18, puis aussi aux évènements de 44.

Les Français aiment bien se justifier de partir en vacances par un élément culturel ou un élément intellectuel. Dire que l’on a découvert un patrimoine en partant en vacances, dire que l’on a visité un musée, etc. on se donne un peu bonne conscience d’être parti en vacances…

Pour le coup, je veux saluer le travail qu’ont fait les offices de tourisme français. Ils ont fait preuve de beaucoup d’énergie, de beaucoup d’imagination. Ils ont recréé leur territoire. Aujourd’hui, ils se mettent en avant, et sur les salons que l’on fait, on arrive à une situation où la France est étale à l’étranger, ce qui n’était jamais arrivé.

2012 se termine avec 82 millions de visiteurs et avec une croissance en entrées sur le territoire et en nombre de nuitées des étrangers. C’est plutôt intéressant que les Français se réapproprient leur pays. Il n’y a pas de raison que les étrangers fassent dix heures d’avion, en disant que la France c’est le plus beau pays du monde, et que les Français n’aient pas cette volonté de redécouvrir leur pays.

  • Entretien avec Véronique Piguet-Lacroix, directrice commerciale et commissaire adjointe du Mondial du Tourisme.

Pouvez-vous citer quelques initiatives intéressantes dans le contexte du tourisme thématique?

J’ai un petit coup de cœur pour le département de la Meuse. Si vous posez la question dans la rue: «Partiriez-vous en vacances en Meuse ou en Moselle?» Je pense que 90% des gens vous diraient: «Si je peux éviter, j’aimerais bien!». C’est un département hyper dynamique. Ils vendent vraiment très bien leur région. On sent qu’ils l’aiment. On est en plein dans le tourisme de mémoire et ils y apportent une dimension ludique, c’est tout âge. Je trouve que c’est une vraie prouesse, c’est beaucoup plus facile de faire la promotion d’un territoire en disant: «C’est 300 jours de soleil, c’est la plage…». Quand on fait des records de température dans les négatifs en plein hiver et qu’on arrive à apporter ce dynamisme-là, je dis chapeau!

 

Il faut aussi saluer le travail humain des gens qui transmettent l’admiration, l’amour qu’ils ont pour leur territoire. Puis j’aime bien l’humour de la Bourgogne qui se déplace sur l’oeno-tourisme. Cela peut paraître basique mais ils ont réussi à se différencier du Bordelais, qui est la première destination vitivinicole de France, avec une identité très forte. Là, pareil, il faut saluer le dynamisme des équipes locales et effectivement l’humour et le positionnement fort que ces départements ont pris.

La destination France est-elle toujours aussi prisée par les touristes étrangers? par quoi sont-ils le plus intéressés?

Les touristes étrangers vont rentrer par un aéroport international donc par Paris. Ils vont faire Paris, Chamonix, Saint-Tropez. Pourquoi? Quand vous allez aux États-Unis, vous faites New-York, Las Vegas, Miami, et puis après vous irez voir Saint-Louis, Cincinnati, etc., c’est évident.

 

Les Américains sont très friands de Paris. Les Anglais adorent le centre de la France. Les Allemands vont traverser la France pour aller sur la Côte-d’Azur ou en Espagne, puis petit à petit ils vont s’arrêter en Bourgogne ou en Rhône-Alpes. La première année, ils vont s’arrêter juste une nuit. Puis ces villes voient leurs nuitées augmenter. On passe de ville de passage à ville étape, on est déjà sur un format trois à quatre nuits. Les touristes étrangers, plus ils viennent et plus ils vont aller découvrir des régions différentes. Ils vont commencer par Paris puis la Côte-d’Azur et, petit à petit, ils vont aller découvrir l’intérieur du pays. Les Américains, vous les trouvez sur l’intégralité du territoire, les Allemands aussi. Les BRIC, – le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine –, qui sont les marchés émergents touristiques avec des croissances de taux de départ à deux chiffres, sont des gens que l’on retrouve principalement pour l’instant sur la capitale ou sur la Côte-d’Azur.

Et les touristes chinois?

Alors les Chinois, on les trouve un peu partout, ils sont très friands de Paris. Ils viennent sur la base d’évènements. C’est pour cela que l’évènementiel dans les départements, c’est important. Nice va travailler sur son carnaval, Strasbourg sur les marchés de Noël, Lyon sur la fête des lumières, etc. Petit à petit, on va capitaliser sur ces évènements et faire venir et revenir ces clientèles sur ces régions-là, mais pour autant, les Chinois viennent principalement à Paris.

Enfin, au Brésil, on parle portugais, c’est une langue latine, donc assez proche. Quant à la Russie, à l’Inde, à la Chine, les décalages linguistiques sont très forts et cela suppose, de la part des réceptifs français, des efforts de traduction qui sont importants. Les Russes et les Chinois ne lisent pas du tout le même alphabet que nous. Un Américain ou un Allemand qui vient en France peut lire. Quand vous allez aux États-Unis, vous lisez cette langue. Quand vous allez en Russie, en Chine, vous ne lisez pas du tout. C’est compliqué pour un Français d’aller en Russie et en Chine pour le moment, c’est compliqué pour un Russe et pour un Chinois de voyager partout en France.

Quel rôle tient le Mondial du Tourisme dans le développement du tourisme en France?

Le Mondial du Tourisme est le plus grand salon européen grand public, il n’y a pas d’équivalent. Pour un pays institutionnel, pour le Brésil ou la Chine par exemple, le Mondial du Tourisme est l’occasion d’aller voir le visiteur final, celui qui paie pour monter dans l’avion. Quand vous allez dans une agence de voyages, si vous dites «j’ai 10.000 euros», ce n’est pas sûr que l’on vous propose la Chine en premier. On peut vous proposer une autre destination. Donc c’est important d’aller voir ce grand public pour que le grand public décide, choisisse d’aller sur votre destination. Puis, au Mondial du Tourisme, on prépare les vacances d’été. Pour 55% des Français, ça reste des vacances d’été.

Le salon, c’est un google trois dimensions. Vous êtes sur un comparateur géant, vous pouvez toucher, vous pouvez échanger, vous pouvez choisir, vous pouvez acheter, et pour un professionnel, cela permet de mettre son produit en contact avec le grand public, de l’affiner éventuellement avant que la saison n’arrive, de faire des ventes. Tout doit être testé avant d’être mis sur le marché et si le Mondial du Tourisme n’existait pas, les produits ne seraient pas testés et je doute que les agences aient une grosse activité.

Pourriez-vous citer quelques chiffres clé du Mondial?

Le Mondial du Tourisme, ce sont 500 exposants, 106.000 visiteurs l’année dernière, 5.000 professionnels et 750 journalistes. C’est une grand-messe touristique sur 17.000 m² d’exposition. Puis, c’est plein d’insolite, vous avez des modules oenotourisme, tourisme responsable, le pavillon France, un village des îles, le village des chambres d’hôtes, des hébergements insolites. Soit on prépare ses vacances, soit on prend une bouffée d’air en quatre jours à Paris.

Le tourisme est un gros secteur d’activité, 9% du PIB! C’est un secteur en croissance, des emplois directs et indirects. Cela devrait être remboursé par la sécurité sociale parce que ça fait du bien à tout le monde de prendre des vacances! c’est le seul métier qui place l’humain au cœur de tout et je pense qu’il est primordial de préserver l’humain dans le tourisme… les sourires d’une hôtesse de l’air qui ont la capacité de récupérer un voyage détestable… c’est aussi cela le tourisme.

 

Propos recueillis par Isabelle Meyer

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