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Briser un vase pour frapper un rat: le procès de Bo Xilai

Écrit par Heng He, Epoch Times
24.03.2013
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  • L’ancien membre disgracié du Politburo Bo Xilai assistant à la session de clôture du Congrès National du Peuple le 14 Mars 2012 à Pékin, Chine. Le jour suivant, Bo se voyait révoqué de ses postes au Parti. (Lintao Zhang/Getty Images)

Reuters a rapporté comment l’ancien membre disgracié du Politburo Bo Xilai a refusé de coopérer avec les autorités du régime chinois qui veulent le traduire en justice. Puis d’autres organes de presse occidentaux ont à leur tour relevé le sujet. Certains annoncèrent que Bo faisait une grève de la faim.

Il y eut aussi des rapports qui prenaient le parti opposé. Par exemple, Jiang Weiping, le journaliste que Bo mit en prison pendant six ans pour avoir rendu publique sa corruption, déclara au départ que Bo n’était pas coopératif  mais plus tard changea son fusil d’épaule. Maintenant Bo coopérait pleinement avec l’enquête, dit Jiang.

Pourquoi la coopération de Bo importe-t-elle de toute manière? Sans sa coopération, pense-t-on, son procès ne peut servir les desseins du régime.

John Garnaut, correspondant Chine pour Fairfax Media, a rapporté que l’un des associés de Bo déclara que le traitement de ce cas représentait une gageure pour le Parti Communiste bien plus que pour Bo: «C’est le Parti qui a en mains une ‘patate chaude’».

Que Bo coopère ou non, le Parti a toujours eu les moyens d’écraser les siens. Pratiquement personne n’a survécu en résistant aux accusations et interrogations du Parti. Un homme aussi solide que Deng Xiaoping écrivit sans hésitation «Ne jamais révoquer le verdict», après qu’il fut condamné sous la férule de Mao.

Et Deng Xiaoping était chanceux. Liu Shaoqi, alors Président de la République Populaire de Chine, ne se vit pas accorder la chance de demander merci et connut une fin misérable sur les ordres de Mao.

Néanmoins, l’ensemble de l’environnement politique en Chine changea considérablement après la mort de Mao. Personne ne put avoir le pouvoir absolu qu’avait eu Mao.

Bo Xilai n’est pas juste un membre individuel du Politburo. Il a des partisans aussi bien en bas qu’au sommet du Parti, en particulier au sommet. Bien que l’un des ses partisans les plus importants, Zhou Yongkang, ait pris sa retraite, il a gardé une influence auprès de ceux qui sont simplement désormais passés dans la nouvelle équipe dirigeante.

Et Bo lui-même n’est pas non plus à court de partisans potentiels au sein de la nouvelle équipe dirigeante. Son idéologie et sa politique épousent particulièrement bien la ligne du Parti Communiste Chinois.

Coopératif ou non, Bo reste un sujet brûlant. Son procès risquerait de devoir envisager le jugement L’ascension et le crime de Bo Xilai sont liés de près au fardeau supporté par le PCC dû à sa nature et son histoire.

Un retard inhabituel

La plupart des gens sont d’avis que le procès de Bo a été repoussé trop longtemps. Habituellement le Parti aurait réglé les luttes entre lignes du Parti avant le Congrès National du Parti. Ou, plutôt durant les premières années où le calendrier du Congrès National du Parti n’était pas très respecté, il tenait son Congrès après résolution du conflit interne.

La chute de Bo Xilai s’est  produite sous Hu Jintao et Wen Jiabao. Il n’y avait aucune raison pour qu’ils passent ce problème au nouveau chef du Parti Xi Jinping, même si Xi a probablement placé le vote décisif. Il s’est écoulé trois mois pleins entre le 18eme Congrès du Parti en Novembre et le Congrès National du Peuple ce mois de mars, avec le transfert final du pouvoir. Il y avait au moins le temps nécessaire pour démarrer le procès.

Reuters a rapporté que l’ancien fonctionnaire du PCC Bao Tong aurait dit: «Ce n’est pas normal, trop de temps a passé. Ce n’est pas bon pour l’image du Parti».

Le retard n’est pas le seul problème. Si Bo refuse de coopérer, s’il ne veut pas dire devant une cour ce qu’on lui dit de dire, un procès public, ou ouvert, pourrait causer au Parti plus de dommage que de bénéfice. Mais en même temps, un procès secret est inacceptable à la fois pour le public et le Parti.

Procès politique ou criminel?

Comme en a rendu compte John Garnaut, un ami proche de la famille de Xi Jinping déclara que l’affaire  se déroulerait comme prévu après le Congrès National du Peuple de ce mois de mars. Les autorités ont saisi 22.7 millions de yuan (2.81 millions d’euros) dans la demeure de Bo à Pékin et lui ont présenté une confession de son proche associé d’affaires Xu Ming, disait la source.

La question ne porte pas sur l’évidence de corruption. Bo Xilai peut aisément démolir le chef d’accusation en dévoilant comment d’autres cadres supérieurs ont acquis une fortune de façon illégale. Ceci ne sauverait pas Bo mais ne manquerait pas de ruiner le procès.

Il semble que l’ancien maire de Pékin Chen Xitong et l’ancienne tête du Parti à Shanghai Chen Liangyu offrent des précédents pour le cas de Bo. Tous deux, comme Bo, étaient des fonctionnaires de haut rang. Tous deux furent renversés sur des charges de corruption pour raisons politiques.

Mais là s’arrêtent les similarités. Aucun ne représentait de ligne politique à l’intérieur du Parti. Ils furent victimes de politiques de pouvoir mais n’étaient pas des figures politiques. Autrement dit, tout le monde s’en moquait.

L’ex-chef de Parti et opposant au massacre de la Place Tiananmen Zhao Ziyang fut placé en résidence surveillée pendant quinze ans mais ne fut jamais formellement accusé et soumis à la justice.

Jiang Qing, la femme de Mao, et son gang ont été les seuls dirigeants à n’avoir jamais été jugés politiquement. Cela fait d’eux le seul cas qui puisse être comparé au procès de Bo.

Le gang Jiang Qing représentait la Révolution Culturelle, l’idéologie de Mao, et Mao lui-même. Ce fut manifestement un procès politique, mais qui ne réussit que de justesse. Je crois fermement que si on avait donné à Jiang Qing, ou à l’idéologiste Zhang Chunqiao, une chance de se défendre eux-mêmes librement devant la cour, le parquet et les juges n’auraient pu gagner le débat.

Ce que ce procès gagna fut le soutien du peuple. À l’époque, aussi bien les nouveaux dirigeants, que le peuple chinois, haïssaient la Révolution Culturelle, et ils avaient besoin de faire porter le chapeau à quelqu’un.

Comme ils se refusèrent à blâmer Mao chacun pour ses propres raisons, le Gang des Quatre devint bouc émissaire pour Mao. La difficulté qui se présentait à Deng Xiaoping et la cour était de séparer Mao et son gang. Ils réussirent à l’époque, mais ce faisant, laissèrent aussi une bombe à retardement.

Epargner le rat pour sauver le vase

Le PCC fait face à un manque de légitimité. Dans l’histoire chinoise, il est acceptable de renverser un vieil empire ou gouvernement, mais il faut une autorisation supérieure pour gérer un empire ou un gouvernement. Dans les temps anciens, le règne d’un empereur était autorisé par le ciel, tandis que dans la société moderne les gouvernements sont autorisés par les électeurs.

Etant donné que le PCC dénie à la fois le mandat du ciel et le mandat des électeurs, il lui faut des substituts. Mao utilisa la «révolution continue» jusqu'à sa mort et la fin de la Révolution Culturelle. Deng Xiaoping utilisa le développement économique. Jiang Zemin utilisa le nationalisme.

Quelque soit l’emballage choisi pour justifier la revendication du PCC à gouverner, la légitimité du PCC provient de la révolution de Mao. C’est pourquoi les crimes de Mao et l’idéologie de la Révolution Culturelle n’ont jamais été formellement critiqués et rendus illégaux en Chine, comme les Allemands l’ont fait pour les nazis.

Si les cadres du PCC veulent se débarrasser de Bo Xilai politiquement, il leur faut critiquer l’idéologie de Bo, laquelle était représentée par sa campagne «Chantons Rouge» – la popularisation de chansons maoïstes. Il est très improbable que cela se produise.

Xi Jinping a récemment clairement indiqué que les premiers et derniers trente ans du règne du PCC ne sont pas en conflit les uns avec les autres. Cette remarque ne signifie pas que Xi aime vraiment les trente premières années du Parti sous Mao, mais plutôt qu’il n’a pas le choix.

Il y a d’autres charges sérieuses qui peuvent aisément mettre Bo Xilai à l’ombre et imposer le silence à ses partisans. Il a violé la Constitution et les lois chinoises durant son implication dans la persécution du Falun Gong, avec sa campagne « Frappez les Noirs » qui prétendait viser les émeutiers, et l’allégation de son implication dans la collecte d’« organes à vif » sur des pratiquants de Falun Gong.

Il existe bien des lois chinoises pour poursuivre de tels crimes. En même temps, ces crimes n’ont cessé d’être commis chaque jour au cours de ces treize dernières années et aux quatre coins de la Chine.

Et en ce qui concerne l’accusation de corruption, on peut également facilement la relier aux lignes de conduite du PCC. Tandis que la corruption était autorisée du temps de Deng Xiaoping, c’était une obligation sous Jiang Zemin.

Si on fait une liste de tous les crimes commis par Bo Xilai – qu’il s’agisse de délits politiques ou criminels, on peut les relier aux idéologies et lignes de conduite du PCC. C’est pourquoi le procès de Bo est une «patate chaude». En chinois, on appelle cela «tou shu ji qi». Cette phrase signifie: il est difficile de ne pas briser un vase quand on essaie de frapper un rat.

Note de l’Editeur: lorsque l’ancien chef de la sécurité de Chongqing, Wang Lijun, s’est enfui au Consulat américain de Chengdu, le 6 Février 2012, il mit en route une tempête politique qui ne s’est pas apaisée. La bataille qui se joue en coulisses tourne autour de la position que les officiels prennent par rapport à la persécution de Falun Gong. La faction aux «mains couvertes de sang» —les fonctionnaires que l’ancien chef du PCC Jiang Zemin avait promus dans le but de mettre à exécution la persécution— cherche à éviter de rendre des comptes pour ses crimes et à continuer la campagne. D’autres membres officiels refusent de continuer à participer à cette persécution. Les événements présentent un choix clair tant pour les gouvernants et les citoyens de Chine, que pour les gens du monde entier: soit soutenir, soit s’opposer à la persécution de Falun Gong. L’Histoire prendra acte du choix que chaque personne effectuera.

version en anglais: Breaking a Vase to Hit a Rat: Bo Xilai’s Trial

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