Anglais | Chinois | Coréen | Français | Allemand | Espagnol | Japonais | Russe | Ukrainien | Hébreu | Roumain | Bulgare | Slovaque | Tchèque | Indonésien | Vietnamien
Faites un don

Rien ne se termine, tout se poursuit

Entretien avec Martine Desjardins

Écrit par Mathieu Côté-Desjardins, Epoch Times
04.03.2013
| A-/A+

  • La présidente de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) a été très active lors du Sommet sur l’enseignement supérieur les 25 et 26 février derniers et continuera de l’être jusqu’à la fin de son mandat. (FEUQ)

Martine Desjardins, présidente de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ), vient de participer une nouvelle fois intensément à l’histoire lors du Sommet sur l'enseignement supérieur. À quelques mois de terminer son mandat, elle s’entretient avec Epoch Times dans une énergie infaillible qui pourrait faire croire qu’elle sera à la tête de la FEUQ pour au moins les dix prochaines années.

La FEUQ regroupe 125 000 étudiants reliés à 15 associations membres. Créée en 1989, elle est un des fruits du dégel des frais de scolarité de l’époque. Elle a pour principal mandat de défendre les droits et intérêts des étudiants.

Epoch Times  (ET)  : Nous voilà après le Sommet de l’enseignement supérieur. Peut-on dire à en juger par votre réaction à la suite du Sommet (ne pas vouloir prendre une photo avec Pauline Marois) que «ce n’est pas fini, ce n’est qu’un début»?

Martine Desjardins (MD)  : L’indexation ne veut pas dire que c’est terminé. La suite, c’est la participation à divers chantiers annoncés. Il y a beaucoup de détails qui restent à fignoler. Si on n’est pas là, on sait déjà où ça va aller  : un Conseil national des universités (CNU) sans mordant, une grille de financement qui favorise la modulation des frais de scolarité [variation des frais de scolarité selon divers facteurs], etc. Il y a énormément de problématiques qui pourraient survenir dans plusieurs chantiers. À l’intérieur de la FEUQ, il reste encore à élaborer comment remettre différents mémoires, regrouper et préciser différentes propositions pour être plus efficaces dans de prochaines rencontres, etc.

ET  : Pourriez-vous nous parler précisément des problématiques de quelques chantiers?

MD  : Commençons par le chantier d’un Conseil national des universités [visant à garantir la transparence du réseau universitaire], idée proposée par la FEUQ. M. Guy Breton, recteur à l’Université de Montréal, disait  : «Il n’est pas question qu’on vienne nous dire comment gérer notre argent.» C’est exactement l’inverse que veut la FEUQ. Sans une présence critique telle que la nôtre, ce serait non seulement une grande perte de temps comme chantier, mais surtout une grande perte pour tout le système universitaire.

ET  : Avez-vous des doutes sur la capacité des universités à gérer le budget?

  • Manifestation du mardi 26 février (Georges Su/Epoch Times)

MD  : (Elle éclate de rire.) Tout à fait et avec raison. Il faut voir cela de plus près. Pour ce qui est du chantier sur la grille de financement des universités… le gouvernement va se pencher sur la question des frais institutionnels obligatoires [FIO, aussi appelés «frais afférents»] qui peuvent représenter 500 $ à 1000 $ de plus sur une facture de plus que les frais de scolarité [un peu plus de 2100 $] pour un étudiant par année. C’est une aberration si c’est inclus dans la grille de financement et qu’on les ramène dans la facture totale au lieu de les prendre à part. Ce serait déjà une énorme avancée par rapport à ce qu’on a vu dans les vingt dernières années. Pour avoir été à une table avec la CREPUQ [Conférence des recteurs et des principaux des universités du Québec] l’an dernier, ils voulaient abolir la règle pour pouvoir davantage charger les étudiants. Ce serait comme une taxe supplémentaire. On aurait beaucoup à perdre si on n’était pas là.

ET  : Et le chantier sur l'accessibilité et la participation aux études supérieures?

MD  : Cela va nous permettre de rapporter la question du gel des frais de scolarité. On y abordera de la condition de vie des étudiants et on s’attaquera au programme de prêts et bourses. On nous chante que ce programme est un généreux système, mais «généreux» ne veut pas nécessairement dire bon. Il faut le revoir. Plusieurs éléments sont archaïques. Et le gouvernement propose une enveloppe de 150 millions d’argent neuf dans le cadre de ce chantier, mais on va voir si on peut aller chercher plus. L’an dernier, le Parti libéral du Québec avait modifié le programme et proposé des mesures qui avaient comme effet de tripler l’endettement étudiant. Quand on dit «généreux», il faut voir de quel côté on se trouve.

ET  : Que pensez-vous de tous ces arguments des recteurs qui disent que les universités ne sont pas compétitives au niveau du Canada?

MD  : C’est beau de se comparer avec les autres universités dans le monde, mais nous n’avons pas le même type d’universités que dans le Canada, ni les mêmes étudiants qui les fréquentent. Au Québec, on a encore beaucoup d’étudiants de première génération [ayant des parents qui n’ont pas fait d’études postsecondaires], beaucoup en région, aussi dans les universités montréalaises. Il y a plusieurs considérations à prendre en compte.

ET  : Comment expliquez-vous cette tendance marquée de la part des politiciens et des médias à utiliser les expressions «la page est tournée», «la crise est derrière nous», «tout appartient au passé», «en finir avec le printemps érable»?

MD  : C’est drôle d’entendre ça six mois après que les grèves sont terminées. Quand il y a eu l’annulation de la hausse et l’abrogation de la loi 12 [découlant de l’ancienne loi 78], on était déjà passé à autre chose. On est dans un autre contexte. Disons que ça sonne comme la ligne politique des prochaines élections. Souvenons-nous que le printemps érable n’a pas été que de la confrontation. Cela a été des débats de société et cela n’est pas terminé. Il va y avoir d’autres débats, avec les chantiers qui s’en viennent, c’est inévitable.

ET  : Quels seront les prochains rendez-vous de société pour parler d’éducation?

MD  : C’est à nous de les créer. Le printemps érable aura permis à différents mouvements, groupes et communautés de naître et à d’autres de se fortifier. On n’a pas fini de parler d’éducation, du moins dans le réseau postsecondaire. C’est à chaque association de faire en sorte que le sujet demeure vivant. Je ne pense pas qu’on va créer un autre Sommet. L’idée d’avoir de nouveaux États généraux [initiative à revoir en profondeur le système éducatif ayant l’approbation du gouvernement] en éducation demeure. C’est plus difficile avec un gouvernement minoritaire comme actuellement, mais ça risque de changer ultérieurement.

 

 

 

Plus de 204 718 434 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.