La Russie construit l’EPR en Turquie pour sa première centrale nucléaire

Écrit par Emel Akan, Epoch Times
10.04.2013
  • Le responsable du Centre d’Information Faruk Uzel et un membre du personnel à côté d’un modèle de la centrale proposée. (Hakan Kocman/Epoch Times)

MERSIN, Turquie – Une société russe est prête à construire la première centrale nucléaire de la Turquie. Avant de commencer, ils sont en train de travailler en amont sur le soutien du public en faveur du projet, car le peuple turc n’est pas certain que les avantages de l’énergie nucléaire soient plus importants que les risques encourus.

En mai 2010, la Russie et la Turquie ont signé un accord intergouvernemental stipulant que la société d’état d’énergie nucléaire Rosatom allait construire, posséder et exploiter la première centrale nucléaire en Turquie. Avant que tout travail de construction commence, Rosatom a d’abord ouvert deux centres d’information sur l’énergie nucléaire attirant souvent l’attention du public, les manifestants, et les médias locaux.

Un des centres d’information a été ouvert le 10 février 2013, à Mersin, à 150 km de la ville d’Akkuyu, où la centrale nucléaire sera située. Le centre emploie cinq personnes, dont deux experts en physique nucléaire.

«50% de la population est contre l’énergie nucléaire en Turquie. Le ratio est encore supérieur dans la ville de Mersin», explique le responsable du centre d’information Faruk Uzel. «Par conséquent, le nouveau centre d’information vise à informer le public sur les activités et les futurs avantages sociaux de la centrale nucléaire.»

La réputation de la Russie concernant l’énergie nucléaire est toujours assombrie par l’accident catastrophique de Tchernobyl en 1986.

«Ce centre d’information est purement un bureau de propagande de Rosatom, qui est responsable de Tchernobyl», a déclaré Cenk Levi, représentant de Greenpeace à Istanbul. Levi dit aussi que 69% des Turcs sont contre l’énergie nucléaire et que plus de 80% préfèrent les énergies renouvelables, selon les sondages effectués après l’accident de Fukushima en 2011.

Récemment, les ONG dont Greenpeace, ont participé à une manifestation contre l’énergie nucléaire à Istanbul et il y a eu aussi plusieurs manifestations dans d’autres villes. «Bien que nos protestations n’aient pas augmenté à cause du centre de propagande, nous sommes devenus plus visibles dans les médias par rapport à l’année dernière», a déclaré Gulcin Sahin, directeur des communications de Greenpeace à Istanbul.

Selon Uzel, il n’y a pas de grande résistance en dehors de quelques protestations devant le centre d’information. «Rosatom n’a pas peur de la résistance du public, il s’agit d’une pratique courante maîtrisée par la société russe dans tous les pays où elles opèrent.» Uzel a également salué les protestations en disant: «Nous sommes reconnaissants qu’il y ait des manifestations car elles nous rendent plus visibles.»

Environ 15 à 30 personnes par jour visitent le centre selon Uzel. En outre, il y a des visites d’étudiants, d’enseignants et d’ONG. La société a ouvert un autre centre d’information près d’Akkuyu et a commencé à enseigner la langue russe à la population locale gratuitement. La société prévoit d’employer entre 7.000 et 10.000 personnes pendant la construction du site et employer 2.500 ingénieurs et techniciens à long terme.

«Les gens craignent ce qu’ils ne connaissent pas. La première centrale électrique du monde a été construite en Russie en 1954. La Russie a tiré les leçons de Tchernobyl et a fondé le système le plus sûr au monde», déclare Tahir Agayev responsable des relations publiques de la centrale nucléaire d’Akkuyu NGS, filiale turque de Rosatom.

La Turquie a des projets de production d’énergie nucléaire depuis 1970. Plusieurs projets de centrales nucléaires ont été proposés et une tentative de construire plusieurs centrales a échoué en raison de l’absence de garanties financières gouvernementales, de circonstances économiques et de conflits politiques.

Cette fois, le parti politique au pouvoir l’AKP (Parti de la Justice et du Développement) semble déterminé à avoir l’énergie nucléaire. La Turquie est très dépendante des pays voisins pour le pétrole et le gaz naturel.

Près de 60% de la demande est satisfaite par le pétrole et le gaz achetés, selon Taner Yildiz ministre de l’Énergie. «L’énergie nucléaire est une priorité pour la Turquie en ce moment. Nous avons l’intention de signer un accord portant sur les deux prochaines centrales», a-t-il déclaré lors du Forum Économique International de Saint-Pétersbourg l’année dernière.

Version en anglais: Russia Builds PR for Turkey’s First Nuclear Plant

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