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Un magazine chinois aborde la torture dans les camps de travail forcé

La publication de l'article met en relief les divisions au sein du régime

Écrit par Matthew Robertson, Epoch Times
15.04.2013
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  • Le magazine Lens a publié un long article sur la torture qui a lieu dans le camp de travail forcé de Masanjia, dans le nord-est de la Chine. (Capture d'écran du site de Lens)

Lorsqu'un long reportage est publié en Chine et qu'il décrit en détail des méthodes de torture comme le «banc du tigre» ou le «lit de mort» qu'on utilise dans les camps de travail forcé, vous pouvez deviner qu'il ne s'agit pas d'un accident.

Mais peu importe ce qui a motivé les responsables du Parti communiste chinois à autoriser la publication de l'article du 6 avril dans le magazine Lens au sujet du camp de travail Masanjia, avaient-ils anticipé la réaction du public? L'article a provoqué la colère de centaines de milliers d'internautes envers les autorités, si bien qu'il a rapidement été supprimé des différents portails.

L'article d'environ 20 000 mots a été publié alors qu'on discute au sujet de la réforme ou de l'abolition du système de camps de travail forcé en Chine. Lens raconte les expériences d'un certain nombre d'ex-détenus de Masanjia, décrivant les méthodes de torture dont ils ont été victimes.

Parmi celles-là, l'électrocution par matraque électrique, la privation de nourriture, la suspension par des menottes, être forcé à s'accroupir dans des espaces restreints, les passages à tabac, se faire attacher à des bancs du tigre ou des lits de mort pour être torturé davantage, etc.

La publication du reportage est surprenante en raison des sujets sensibles qu'il aborde, notamment la persécution du Falun Gong, une discipline spirituelle persécutée depuis 1999 et dont les pratiquants constituent la population principale dans le camp de Masanjia, situé dans le nord-est de la Chine. Elle pourrait également mettre en relief l'actuelle lutte de pouvoir entre la vieille garde de Jiang Zemin, l'ex-dirigeant chinois responsable de la persécution, et la nouvelle autorité de Xi Jinping. Cela donne également de puissantes munitions à ceux qui, en Chine, souhaitent l'abolition de tous les camps de travail.

Témoignages clandestins

Bon nombre de témoignages frappants et horribles qu'on retrouve dans l'article proviennent des journaux intimes des détenues féminines de Masanjia, qui ont été sortis clandestinement dans des cavités corporelles.

Liu Hua est une des femmes qui a écrit Journal de rééducation par le travail et qui a réussi à le sortir du camp.

Elle décrit un incident où elle a été dénudée et électrocutée sur la langue avec une matraque électrique. Selon la traduction de l'article paru sur Minghui, un site web du Falun Gong, elle a écrit : «C'était un choc après l'autre. L'électricité parcourait tout mon corps. Mon cœur battait si fort et de manière très irrégulière. L'électricité était appliquée au bout de la langue, comme si des aiguilles y étaient insérées. J'étais incapable de me tenir droite et je ne pouvais même pas essayer.»

Elle devait en plus travailler, assemblant des milliers de cols et de manchettes quotidiennement.

D'autres témoignages dans l'article racontent comment des détenues étaient suspendues par leurs jambes et leurs bras depuis des lits superposés, demeurant ainsi durant parfois une semaine entière.

Pour les prisonniers, la nourriture est terrible, consistant seulement en une maigre portion de légumes et de riz.

Silence sur les victimes

L'article ne mentionne pas directement l'identité des victimes. Il dit plutôt qu'une victime a «confirmé à un journaliste de Lens que le “banc du tigre” et le “lit de mort” sont des méthodes utilisées dans le camp de travail. Le premier était d'abord utilisé contre un groupe spécial et plus tard utilisé contre les détenus ordinaires. Le second est un équipement utilisé contre les détenus qui font la grève de la faim».

Il s'agit d'un secret de Polichinelle que Masanjia est tristement célèbre pour sa persécution des pratiquants de Falun Gong, qui sont spécifiquement ciblés par le camp, selon le Falun Dafa Information Center. Le «groupe spécial» mentionné est presque certainement le Falun Gong, selon des spécialistes.

Minghui, un des principaux sites web du Falun Gong, a souligné la publication de l'article. «C'est un évènement très remarquable, puisque ces histoires horribles de torture, de lavage de cerveau et de travail forcé n'ont jamais été admises, et encore moins rapportées, dans les médias de Chine continentale.»

Minghui a documenté des milliers de cas de torture uniquement dans le camp de Masanjia.

Levi Browde, directeur exécutif du Falun Dafa Information Center, a fait remarquer que les traitements décrits dans l'article de Lens «sont des choses dont nous parlons depuis plus de 12 ans».

Il ajoute que, puisque Lens valide le travail de son organisme, «nous espérons que les gens vont porter plus d'attention aux choses qu'ils n'ont pas rapportées, comme les visites guidées truquées, l'envoi de femmes dans des cellules d'hommes et le rôle de Masanjia en tant que chef de file dans la formation et le développement en torture».

Dans des entrevues réalisées avec des victimes de Masanjia, l'Information Center a découvert que l'établissement était hors de l'ordinaire : c'est l'un des rares camps où les gardes et les agents du Parti appliquent eux-mêmes la torture, au lieu de forcer ou d'inciter des détenus à le faire.

C'est également «littéralement un centre de formation», explique M. Browde. «Ils font venir à Masanjia les responsables des autres camps de travail pour apprendre comment casser les pratiquants de Falun Gong.»

Censure schizophrénique

Les censeurs de l'Internet chinois ont traité l'article d'une manière portant à confusion. Des recherches pour «Masanjia» effectuées sur Sina Weibo, un important service de microblogues à l'instar de Twitter, ont d'abord été permises, puis refusées, puis permises.

Un mot-clic au sujet de l'article a été créé, mais il a ensuite disparu. Le 10 avril à 1 h du matin, heure de Pékin, il était accessible, rassemblant les milliers de commentaires et transferts de la nouvelle. Auparavant, une recherche pour «Masanjia» n'avait produit que quelques centaines de résultats, indiquant que la censure avait été assouplie.

Après publication, l'article a immédiatement été repris sur plusieurs portails chinois, mais il a ensuite vite disparu. Les 70 000 commentaires sur Sohu étaient encore actifs, même si l'article avait été supprimé.

Même le Quotidien du peuple en ligne, l'organe officiel du Parti communiste chinois, a inclus le reportage dans sa liste de manchettes le 8 avril. La nouvelle arrivait au sommet du classement avec 500 000 commentaires. Puis, disparue à nouveau.

En date du 10 avril, l'article apparaissait toujours sur le site web de Lens, accompagné d'une photo du camp.

«On dirait que le département de la Propagande a réagi en retard», affirme Wen Zhao, analyste à la chaîne NTD Television.

Il a souligné qu'avec la pression générée par l'article, les autorités de la province du Liaoning ont annoncé qu'elles allaient lancer une enquête. «Ce genre d'enquête interne pourrait recueillir beaucoup de preuves, mais seront-elles publiées? Et jusqu'où va-t-elle aller? Il faudra attendre pour voir.»

«Il y a des centaines de camps de travail en Chine, fonctionnant tous à peu près comme Masanjia», ajoute-t-il.

«C'est un coup dur pour ceux dans le Parti qui veulent empêcher la réforme des camps de travail», a déclaré à Époque Times l'analyste politique Tang Jingyuan.

Selon lui, la présence de l'article sur le site du Quotidien du peuple reflète «à un certain point» la pensée de certains hauts dirigeants du Parti.

Mais puisqu'il a été rapidement supprimé, «cela démontre également que le Parti n'a pas atteint un consensus et que la résistance à l'abolition du système de camp de travail forcé est encore très féroce».

Selon Levi Browde, il est maintenant temps pour l'Occident de commencer à discuter publiquement de la persécution du Falun Gong. «Il y a clairement des gens en Chine qui veulent que la vérité au sujet de Masanjia sorte, et peut-être au sujet de la persécution également», dit-il. «Il est maintenant très important que les journalistes et d'autres personnes utilisent cet élan qu'ils ont généré en mettant leur sécurité en danger et qu'ils ne laissent pas ces efforts se dissiper.»

Version anglaise : Magazine’s Account of Wrenching Torture Shows Split in Chinese Regime

 

 

 

   

 

     

 

Plus de 204 718 434 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.