Pilules troisième génération: l’attitude française jette un pavé dans la mare

Écrit par David Vives, Epoch Times
17.04.2013
  • La ministre des Affaires sociales et de la Santé, Marisol Touraine, a déclaré: u00abLes pilules de 3e et 4e générations ne sont pas dangereuses, sinon nous procéderions à leur retrait. Ce qui pose problème, c’est leur prescription trop systématique d’emblée». Cependant, l’Ansm a réaffirmé les risques existants liés à ce mode de contraception, et la plainte déposée par Marion Larat a ouvert la voie à des centaines de plaintes. (Kenzo Tribouillard/POOL/AFP)

Les développements récents liés aux risques découverts par les autorités sanitaires françaises au sujet des pilules de troisième et de quatrième génération commencent à bousculer les habitudes des Françaises autant que les préjugés ayant cours à l’étranger. Face aux risques potentiels liés à la prise de ces pilules, la prudence et l’attention du ministère de la Santé, ainsi que les recherches effectuées par l’Agence française du médicament attirent une attention toujours plus vaste.

Récemment, dans Journal of Family Planning and Reproductive Health Care – un journal américain –, un groupe d’experts réunissant médecins européens et nord-américains ont vivement critiqué les décisions des autorités françaises. D’après la tribune publiée, «le sur-risque de décès d’une femme prenant une pilule moderne est de 1 sur 100.000, ce qui est inférieur au risque associé à des activités courantes comme le cyclisme». D’après eux, «cette crise a porté préjudice à tous, spécialement aux femmes».

D’après les experts, les études menées n’ont pas été assez poussées et les données sont controversées. De plus, les prescriptions doivent être menées en suivant des critères précis, fixés par l’Organisation Mondiale de la Santé: efficacité, tolérance, bénéfices additionnels, méthode alternative. Suivant l’avis de plusieurs médecins français, ces experts déduisent donc que les prescriptions des pilules de troisième et quatrième génération n’ont pas été faites à bon escient.

Un certain agacement règne également au Parlement européen depuis que les problèmes liés à la pilule de troisième génération ont été soulevés par l’Agence du médicament, puis par la ministre de la Santé, Marisol Touraine. Dagmar Roth-Behrendt, députée européenne, ne cache pas son mécontentement: «Je ne suis pas très sûre de ce que nous faisons ici. Nous sommes ici pour regarder la situation dans l’ensemble de l’Union européenne. Mais j’ai souvent le sentiment que nous réglons des problèmes plutôt Français».

D’autre part, la députée française Michèle Rivasi (EELV) a déclaré dans un communiqué qu’il «a fallu que la France saisisse l’Agence européenne du médicament (EMA) pour que l’Europe s’intéresse à cette question. Si les plaintes ont été si peu nombreuses jusqu’à présent en Europe, a expliqué cette parlementaire européenne, c’est avant tout parce qu’il n’y a pas eu suffisamment de remontées des effets secondaires de ces médicaments».

Renversement de situation dans le monde de la santé

Depuis des années, l’industrie pharmaceutique a bel et bien mis en avant certains avantages liés à la prise de ces nouvelles générations de pilules, comme le fait qu’elles faisaient prendre moins de poids, qu’elles ne donnaient pas d’acné… ce que la Haute Autorité de Santé a par la suite démenti sur son site internet.

Les ventes de pilules de troisième et quatrième génération ont chuté de 34% en février, tandis que celles de première et deuxième génération ont grimpé de 27% par rapport à février 2012. Par ailleurs, le nombre de plaintes et de cas recensés dans lesquels la prise de ce contraceptif aurait aggravé ou causé des risques sanitaires ne cesse de grimper. «Les risques sont minimes», répètent certains gynécologues. Cette affirmation fait loi dans une partie du monde médical, c’est également ce qui est répété dans la tribune du Journal of Family Planning and Reproductive Health Care.

Pourtant, les chiffres publiés par l’Ansm n’ont effectivement rien de réjouissant. L’Ansm a constaté que sur les 2.529 accidents thromboemboliques veineux enregistrés en une année, 1.751 d’entre eux sont imputables aux pilules de troisième et quatrième génération. Ces dernières sont également responsables d’une vingtaine de décès. Pour ces victimes, le risque n’est certes pas minime.

Suite à ces découvertes, l’Ansm a entrepris d’élargir son étude en réévaluant les risques imputables aux prescriptions de pilules contraceptives en réexaminant les données existantes depuis l’an 2000. Ces résultats ne font pourtant que confirmer ce qui était déjà connu et admis dans le monde médical, à savoir qu’il peut exister des risques particuliers liés aux situations particulières aux patients et à l’environnement. Alors, pourquoi autant d’agitation? La récente prise de conscience des Françaises au sujet du risque inhérent aux pilules contraceptives est peut-être le reflet d’un problème plus profond, lié au principe de précaution dans nos sociétés, et au manque d’information du public.

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