Plagier à nouveau la culture chinoise après l’avoir détruite

Le Parti Communiste Chinois envoie ses espions pour copier les spectacles de Shen Yun

Écrit par Xu Guangzhen, Epoch Times
20.04.2013
  • Photographie du public lors d’une représentation de Shen Yun au Palais des Congrès à Paris le 13 Avril 2013. La capacité de Shen Yun Performing Arts à attirer le grand public à travers le monde avec ses spectacles de danse classique chinoise a retenu l’attention des propagandistes à Pékin, qui veulent l’imiter. (Epoch Times)

Après avoir tenté de saboter ses performances pendant huit ans, le Parti Communiste Chinois a récemment décidé d’opter pour une approche différente dans le but d’amortir l’influence de la compagnie de danse classique chinoise indépendante, Shen Yun Performing Arts: le plagiat.

Selon certains individus à Pékin proches des débats, les responsables de la culture et de la propagande du Parti forment des équipes d’experts en danse et en art voyageant à l’étranger, pour suivre attentivement et prendre des notes méticuleuses sur les représentations de Shen Yun.

Selon certaines sources, les responsables de la propagande considèrent que, même s’ils ne peuvent pas battre Shen Yun, ils seront au moins capables d’interférer avec son marché en créant des performances similaires.

Selon les mêmes sources, c’est plus d’une vingtaine d’experts qui ont été sélectionnés et envoyés à des spectacles de Shen Yun à travers le monde.

Le siège de Shen Yun Performing Arts se situe à  New York. Il a été créé en 2006 par des Chinois formés à la danse et la musique classique chinoise. C’est la première compagnie à offrir des performances de ce type à travers des tournées internationales.

Chaque année une tournée couvre autour d’une centaine de villes, avec plusieurs centaines de représentations. Au vu des interviews réalisées par Epoch Times, un des sponsors de Shen Yun, sur les spectateurs, on remarque que le spectacle reçoit constamment les éloges des membres de l’auditoire.

Le passage à l’acte pour copier les spectacles de Shen Yun aurait en partie été motivé par les remarques récentes des responsables culturels affiliés au  Parti à Pékin.

Selon le South China Morning Post, en mars lors de la réunion annuelle de la Conférence consultative politique du peuple chinois, Xu Peidong, un compositeur affilié à l’État, parolier et chanteur, ayant reçu un certain nombre de récompenses sponsorisées par le secteur public, a déclaré qu’il était «alarmé» par le succès de Shen Yun à l’étranger.

Selon lui les «étrangers» (c’est-à-dire non chinois) trouvent le spectacle «d’une très bonne qualité artistique», «raffiné» et «émouvant». Selon le journal de Hong Kong Ming Pao, Xu a ajouté: «Le spectacle de Shen Yun se déplace dans de très nombreux endroits en Amérique du Nord et est extrêmement populaire. Ils couvrent leurs frais simplement sur la vente des billets». Les remarques du ténor chinois Yu Junjian ont confirmé celle de Xu.

Voilà ce qui a tiré la sonnette d’alarme chez les bureaucrates en charge de la culture et de la propagande du Parti, dont une partie du travail consiste à étendre l’influence du régime en piégeant par tous les moyens la culture chinoise.

Selon les sources, avant l’intervention de Xu Peidong à Pékin, un expert de l’Académie chinoise des sciences sociales, institution totalement imprégnée de la pensée du Parti, et certains noms bien connus du milieu des arts de Pékin, ont écrit conjointement un rapport proposant une façon de «traiter» Shen Yun.

Selon le rapport les spectacles de Shen Yun font sensation dans le monde entier. Il faudrait donc que les organisations artistiques officielles du régime chinois se donnent les moyens de conquérir le marché international de la culture traditionnelle chinoise développé par Shen Yun.

Le Département central de la propagande a pris ce rapport au sérieux, ce qui a conduit au financement de spectacles plagiant Shen Yun. Aucune des sources consultées pour cet article n’oserait commenter l’affaire en se faisant enregistrer, en raison du caractère politiquement sensible du sujet.

La réponse de Shen Yun jusqu’ici a été d’ajouter un avis sur son site en langue chinoise rappelant aux téléspectateurs que «les techniques, le contenu, la conception et la création des spectacles de Shen Yun sont protégés par des brevets et des droits d’auteur... Les contrevenants seront poursuivis (…) Une version de la déclaration est maintenant également en cours de parution dans les livrets du programme de Shen Yun.

Difficile à copier

En mars Xu Peidong a franchement évoqué les problèmes rencontrés par les troupes de danses officielles du régime chinois, expliquant même que les activités culturelles  du Parti à l’étranger sont dans un état de désarroi: les troupes opèrent sans structure unifiée et donnent généralement des performances médiocres, a t-il indiqué. «C’est plutôt chaotique,» a t-il déclaré dans un discours rapporté par Ming Pao.

Selon Shi Zangshan, un observateur indépendant du PCC, le fait qu’une compagnie indépendante d’arts de la scène présentant la culture traditionnelle chinoise connaisse le succès, rend le Parti inquiet.

«Le PCC a essayé de détruire les 5.000 ans de la civilisation ancestrale chinoise  et d’imprégner le marxisme-léninisme dans l’esprit du public. Mais maintenant, même les hauts fonctionnaires ne croient plus à cette idéologie», explique Shi.

«Il y a un vide spirituel aujourd’hui dans la société chinoise», rajoute-t-il. Les efforts de Shen Yun pour relancer la culture traditionnelle de la Chine soulignent ce vide spirituel du régime.

Cependant, selon les sources, des difficultés quant à simplement copier Shen Yun sont apparues aux experts envoyés pour étudier les techniques de danse, les vêtements, la toile de fond animée, l’utilisation de la couleur et l’orchestre, à Taiwan, au Japon, en Corée du Sud et en Europe.

Une experte envoyée au Japon a déclaré à son ami que Shen Yun était «difficile à apprendre». Ce n’était pas en raison des techniques de danse en soi, mais le fait que les troupes artistiques les plus performantes en Chine continentale d’aujourd’hui sont «mélangées».

Les troupes du régime combinent généralement des techniques de danse chinoise, occidentale et moderne. Il manque donc aux danseurs la pureté de l’expression artistique, traditionnelle que l’on trouve dans le spectacle de Shen Yun. «Peut-être que l’Académie de danse de Pékin peut faire un essai ... » aurait-elle déclarée, «mais il faut vraiment beaucoup de temps pour parvenir à réaliser une telle chorégraphie.»

Un expert dans le domaine de la danse d’un collège de danse militaire a déclaré que plusieurs experts de Pékin s’étaient réunis pour discuter de la question, mais ne se sentaient généralement «pas confiants». Selon lui les éléments de surface de la performance, tels que la toile de fond, l’habillement, et dans une certaine mesure  la musique, sont en mesure d’être copiés sans trop de difficulté, mais la danse elle-même sera beaucoup plus difficile à plagier.

Maintenant les danseurs en Chine continentale sont très occidentalisés, a-t-il ajouté, leurs postures et leurs styles d’expression seront impossibles à changer en peu de temps. Sans un important soutient d’organisations occidentales, a-t-il conclut, il sera difficile de saisir le marché de Shen Yun.

Cependant il existe des communautés artistiques en Chine continentale qui se réjouissent de pouvoir ménager les plans des autorités, tant que le régime leur garantit le financement et leur permet d’effectuer des voyages à l’étranger.

Selon une source, l’ami d’une célébrité aurait déclaré: «Tant que le gouvernement central souhaite soutenir leurs activités, qui se soucie du résultat? (…) Tant que les médias chinois  déclarent que le spectacle a eu du succès, c’est suffisant.»

Version en anglais: Sending Spies to Copy Shen Yun Performing Arts

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