Anglais | Chinois | Coréen | Français | Allemand | Espagnol | Japonais | Russe | Ukrainien | Hébreu | Roumain | Bulgare | Slovaque | Tchèque | Indonésien | Vietnamien
Faites un don

Exclusif: Soliloque d’un membre souterrain du Parti à Hong Kong

Écrit par Li Zhen & Liang Lusi, Epoch Times
21.04.2013
| A-/A+
  • Hung Waiseng, l’actuel PDG de la Brasserie Yanjing de Pékin, subventionnée par la métropole, est ici présenté lors d’un événement organisé par l’Association Pour la Jeunesse de Hong Kong Limited, un groupe de couverture du Parti Communiste dans lequel il tient un rôle dirigeant. (Song Xianglong/Epoch Times)

Lorsque Li Sheng voulut obtenir une promotion dans sa compagnie – une entreprise propriété de l’État chinois opérant à Hong Kong – il déclara à un supérieur qu’il voulait «avancer politiquement». Il rédigea donc une lettre suppliant la direction de l’autoriser à entrer au Parti – le Parti Communiste Chinois, s’entend – affirmant qu’il voulait aider les communistes à mener à bien une «éducation patriotique» à Hong Kong.

Li (un pseudonyme), a maintenant opéré une amère renonciation de son adhésion au Parti, après avoir vu la nature corrompue de cette organisation, et dans une interview exclusive à Epoch Times, il a révélé les opérations internes de l’appareil souterrain du Parti à Hong Kong.

Le fait qu’il y ait un réseau souterrain du Parti à Hong est un secret de polichinelle – il circule même des rumeurs que le Directeur Général de Hong Kong, Leung Chun-Ying, serait un membre non déclaré du Parti.

Selon l’agence de presse dissidente Boxun, il y a 180.000 membres souterrain du Parti à Hong Kong, citant des informations provenant du Bureau des Affaires, pour Hong Kong et Macao du Conseil d’Etat.

Xiang, l’ancien éditeur-en-chef adjoint du journal chinois Wenwei Po, est persuadé que le nombre réel est en fait bien plus élevé: jusqu’à 400.000.

Et contrairement à la croyance largement répandue, le réseau souterrain du Parti n’est pas simplement un effort pré-1997, avant que Hong Kong ne revienne à la souveraineté chinoise: le Parti n’a cessé de développer son réseau, de 1997 jusqu’à maintenant, d’après Li Sheng.

Li était implanté dans la China Resources Company Ltd., un conglomérat massif aux mains de l’État chinois qui avait un chiffre d’affaires de $43 billion (32.92 billion d’euros) en 2011. Elle était autrefois sous la supervision du Bureau Général du Comité Central du Parti Communiste Chinois, et siège maintenant à la Commission de Supervision et d’Administration des Avoirs – propriété de l’Etat –, ce qui en fait une épine dorsale des entreprises d’état.

Comme c’est la coutume avec les compagnies qui appartiennent à l’État, celle-ci a aussi travaillé dur à développer son réseau de souscription au Parti, en totale coopération avec le Bureau de Liaison du Parti à Hong Kong.

Li Sheng, qui a maintenant 24 ans, émigra à Hong Kong avec sa famille quand il en avait 10. Il entra comme stagiaire chez China Resources par l’intermédiaire d’un camarade d’école.

Peu après avoir entamé sa formation dans la compagnie, il remarqua que certains des jeunes employés bénéficiaient de rapides promotions: un diplômé de l’Université de Hong Kong, qui ne venait pas d’un milieu familial particulièrement notable, fut vite nommé gérant du district de Huadu à Guangzhou, et devint un cadre adjoint au développement alors qu’il n’avait que 30 ans.

Li s’entendit dire que ceux qui suivaient une voie ultra-rapide de progression dans les rangs avaient  un «accès spécial».  Il était curieux et jaloux, et il voulait en être.

Argent et statut

C’est arrivé à ce point que Li déclara à son supérieur qu’il voulait «avancer politiquement». Deux ou trois mois après avoir écrit à la direction de sa compagnie, Li fut appelé au Bureau de Liaison pour un entretien. Durant les discussions, Li eut l’impression qu’on cherchait surtout à déterminer son milieu familial et ses raisons de s’inscrire au Parti.

On apprécia ce que l’on vit dans sa demande d’adhésion, et il fut invité à revenir – par quatre fois. A chaque fois il vit des jeunes gens différents dans le bureau, certains venant d’entreprises chinoises, certains d’écoles supérieures et d’universités, mais tous fraîchement arrivés du continent.

Li Sheng se rappela que l’un des officiels lui faisant passer l’entretien était Hung Waiseng, actuellement directeur général de la Brasserie Yanjing de Pékin Co., Ltd et, accessoirement, l’un des dirigeants de l’Association Pour la Jeunesse de Hong Kong Ltd., le groupe-façade du Parti qui avait lancé une campagne de désinformation contre Falun Gong à Hong Kong.

Les cadres du Bureau de Liaison tinrent des réunions en groupe et individuelles avec Li et les autres postulants afin d’étudier leurs «activités d’opinion», et afin d’évaluer leur compréhension de récents discours, truffés de jargon, de cadres du Parti en Chine. Ils eurent aussi des conversations à bâtons rompus sur les développements politiques à Hong Kong.

Prêter serment devant le Drapeau Rouge

Deux ou trois mois plus tard, en Février 2007, on ordonna à Li de se rendre au Stade Tianhe de Guangzhou afin de prêter serment pour joindre le Parti Communiste Chinois. Li se contenta de dire à sa famille qu’il allait rendre  visite à un ami dans cette ville – il ne fit pas mention de la cérémonie – et s’y rendit d’un saut un dimanche. En ce jour de sabbat il prêta un serment solennel sous le drapeau rouge, et devint membre du PCC.

Il y avait là une douzaine de personnes ce jour-là, qui tous parlaient cantonnais. Où Guangyuan, alors Vice- Secrétaire [Général] du Comité du PCC à Guangdong, et présentement Vice-Directeur du Comité Permanent du Congrès Populaire de Guangdong, animait la cérémonie.

Une fois revenu à Hong Kong, indiqua Li, le Bureau de Liaison le convoquait une fois par mois, le rencontrant dans leurs bâtiments ou ailleurs. Il était également entendu qu’il paye quelques centaines de dollars de Hong Kong de droit d’adhésion chaque mois.

Mais ces rencontres, déclarait Li, ne s’occupaient que de trouver comment attaquer les groupes pro-démocratie à Hong Kong, et comment valoriser le PCC à l’intérieur de ces groupes. Il indiqua combien au départ il débordait d’idées pour infiltrer et saper les activistes démocratiques et les pratiquants de Falun Gong, parce qu’il voulait montrer sa loyauté et gagner la confiance de ses employeurs.

Un million de dollars

Après avoir déclaré au Bureau de Liaison qu’il allait se mettre à recruter encore plus de membres pour le parti, dans les écoles et dans l’ensemble de la société, il se vit donner grosso-modo $130.000 (99.530 euros) pour financer l’opération. Il reçut l’impression que le Bureau de Liaison ne se préoccupait pas trop de savoir comment l’argent était dépensé, et distribuait couramment près d’un millier de dollars (766 euros) en liquide à ceux qui se présentaient mensuellement au bureau.

Mais malgré tout cet argent, les tentatives de Li pour recruter des membres pour le Parti s’avérèrent un échec pitoyable: personne ne voulait s’affilier au Parti, il se voyait rejeté et méprisé par ses pairs. Quand sa mère découvrit ce qu’il avait manigancé, elle lui dit qu’il était «malade».

A l’origine, le plan de Li était d’obtenir de l’argent, d’obtenir des adhésions, d’obtenir des promotions, et puis de répéter le cycle. La réalité de la situation s’avéra quelque peu différente: personne n’était intéressée, et il commença à se sentir idiot.

A peu près à cette époque il y eut en Chine un scandale énorme concernant du lait en poudre contaminé par des agents chimiques industriels, et le régime l’étouffa pendant des mois. Le public fut furieux quand cela émergea, après les JO de 2008. Il commença à réaliser que le Parti était «plein de mensonges ».

Renoncer au Parti

Li se mit à lire la série éditoriale Neuf Commentaires sur le Parti Communiste, publiée par Epoch Times, en 2009, ce qui lui fut d’une grande aide. Cela lui donna un sens fort de la nature du Parti, lequel, dit Les Commentaires, a fondé son règne principalement sur une violence brutale ainsi que sur l’endoctrinement et la propagande.

par le Parti en Chine. Il en vint, graduellement mais sûrement, à la réalisation qu’il avait subi un lavage de cerveau par le Parti, qu’il se trompait sur tout un tas de choses, et que toute sa combine pour rejoindre le Parti dans le but d’accumuler richesse et pouvoir était absurde dès le départ.

  • Les membres souterrains du Parti Communiste Chinois à Hong Kong rendent périodiquement visite au Bureau de Liaison de la République Populaire de Chine pour se joindre à des réunions du Parti et remettre leur cotisation au Parti. (Wikipédia Commons)

Après avoir été un membre souterrain du Parti pendant trois ans, Li décida de laisser tomber. Il utilisa le site web tuidang.dajiyuan.com, géré par l’édition chinoise d’Epoch Times, pour enregistrer sa renonciation sous le pseudonyme de Li Sheng. En plus de ce qu’il avait appris des Neuf Commentaires, la cause la plus immédiate en fut le fiasco Bo Xilai.

«Est-ce que vous avez vu qu’à Chongqing on chantait des chansons rouges, et qu’on prétendait même que chanter ces hymnes rouges pouvait guérir des maladies?», déclara Li pendant l’interview. Le terme «chansons rouges» fait référence à d’anciens panégyriques du PCC de l’ère Mao, que Bo avait tenté de remettre en vigueur.

Li nous déclara: «Lorsque Bo Xilai levait le drapeau rouge, même les chiens se mettaient à danser. Est-ce que ce n’est pas dingue? Je me sentais terrifié, c’était tellement ridicule».

Après que Li eut quitté le PCC, le Bureau de Liaison Office continua d’essayer de le contacter de temps en temps, et il resta en contact avec eux. Mais suite à l’incident Wang Lijun au début de 2012, où le second de Bo Xilai tenta de passer au Consulat américain à Chengdu, Li dit qu’il «se réveilla pour de bon».

Au travers de ce scandale, l’implication de Bo Xilai dans la collecte d’organes vivants sur des pratiquants de Falun se trouva exposée, et Li réalisa que: « Le PCC est tellement maléfique. Tous les trucs que disent les pratiquants de Falun Gong sont vrais, et une chose aussi cruelle que la collecte à vif d’organes est vraie».

A partir de ce moment il mit le rideau sur toutes communications avec le Bureau de Liaison. Durant l’interview, Li indiqua qu’il regrettait avoir injurié les pratiquants de Falun Gong par le passé, et qu’il s’en excusait.

Fondation d’un groupe de première ligne

Parmi les révélations les plus d’actualité de Li dans l’entretien se trouvait ceci: en mai dernier, un cadre au Bureau de Liaison lui fit savoir qu’une organisation financée directement par le Parti, à un haut niveau, allait commencer à attaquer Falun Gong à Hong Kong.

Peu après, le 8 Juin 2012, fut établie l’Association Pour la Jeunesse de Hong Kong (HKYCA). Ce groupe se mit immédiatement à harceler – et dans certains cas à violemment agresser – les pratiquants de Falun Gong et leurs sites contre la persécution sur le territoire chinois.

«J’ai entendu dire qu’ils sont soutenus par le Comité des Affaires Politiques et Législatives, et que chacun de leurs membres est payé plus de 20,000 HK dollars par mois», indiqua Li, se référant à l’organe du Parti qui contrôle les forces de sécurité en Chine et auquel fut attribué un budget de plus de $120 milliards (92 millions d’euros) en 2013, davantage que l’armée.

«Même au Bureau de Liaison, on se moque de l’Association Pour la Jeunesse. On croirait une bande de voyous, pour avoir recours à des méthodes aussi exécrables», dit-il. Les méthodes en question incluent: étaler dans les espaces publics tout autour de Hong Kong des banderoles anti-Falun Gong, hurler des railleries à des rassemblements Falun Gong, et dans un cas, se planter lourdement sur un trottoir de façon à faire obstruction à une manifestation liée à Falun Gong.

Li déclara qu’il avait décidé de raconter son histoire afin d’informer les gens de Hong Kong qu’il existe effectivement un appareil souterrain du Parti à Hong Kong – et que c’est une mauvaise nouvelle.

Même certains des cadres au Bureau de Liaison Office ne sont pas contents du PCC, nous dit Li. Après avoir quitté le Parti, il découvrit que certains fonctionnaires se moquaient aussi de l’absurdité de la campagne «chanson rouge» de Bo Xilai, en plus d’une litanie d’autres plaintes sur le Parti. Il soupçonne que beaucoup d’entre eux ont également quitté le Parti – mais qu’ils jouent le jeu en surface pour pouvoir garder leur emploi.

Version en anglais: Exclusive: The Soliloquy of an Underground Party Member in Hong Kong

Epoch Times est publié en 21 langues et dans 35 pays.

Plus de 204 718 434 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.