1163-2013: les 850 ans de Notre Dame de Paris

Écrit par Frédérique Privat, Epoch Times
01.05.2013
  • La cathédrale Notre Dame de Paris vue du pont au Double. (AFP PHOTO/Patrick kovarik)

Notre Dame de Paris célèbre cette année ses 850 ans d’existence en ayant ouvert son jubilé le 12 décembre 2012, inaugurant une année de festivités et de cérémonies sous le haut patronage du président de la République française et du cardinal archevêque de Paris. À cette occasion, le monument le plus visité en France et dont l’histoire est intimement liée à celle de Paris a fait peau neuve, au grand plaisir des curieux et des paroissiens.

L’histoire d’une cathédrale

Située sur l’île de la Cité, la construction de la cathédrale débuta au XIIe siècle à l’emplacement de la cathédrale Saint-Etienne, elle-même édifiée sur les ruines d’un ancien temple romain. Initiée par l’évêque de Sully en 1163, la construction de la cathédrale dédiée à la Vierge Marie (le «Notre Dame» viendrait de là) s’inscrit dans la mouvance d’un nouvel art, appelé ogival, qui prendra par la suite l’appellation d’art gothique. Celui-ci présentait un style architectural permettant la construction de monuments plus grands et plus hauts, signe de l’importance portée au sacré.

L’achèvement de la construction s’établira au début du XIVe siècle, mais connaîtra, au fil des années, plusieurs modifications, la plus marquante étant le remplacement de ces vitraux par des vitres blanches au XVIIIe siècle, elles-mêmes remplacées en 1965, par des verrières de type grisaille non figuratives et colorées. La Révolution y aura aussi laissé la trace de son passage, par la destruction des 28 statues de la galerie des rois de Judas, confondues par les révolutionnaires avec les rois de France.

La cathédrale a été ensuite laissée à l’écart au XVIIIe siècle, les premières rénovations n’ayant repris qu’en 1844, après la publication du roman Notre Dame de Paris de Victor Hugo en 1831. Cet ouvrage, qui connut un énorme succès, aurait ainsi entraîné un regain d’intérêt pour le monument. Dans son roman, Victor Hugo parlait de l’édifice en ces termes: «Mais, si belle qu’elle se soit conservée en vieillissant, il est difficile de ne pas soupirer, de ne pas s’indigner devant les dégradations, les mutilations sans nombre que simultanément le temps et les hommes ont fait subir au vénérable monument, sans respect pour Charlemagne qui en avait posé la première pierre, pour Philippe-Auguste qui en avait posé la dernière. Sur la face de cette vieille reine de nos cathédrales, à côté d’une ride on trouve toujours une cicatrice. Tempus edax, homo edacior. Ce que je traduirais volontiers ainsi: le temps est aveugle, l’homme est stupide.»

C’est l’architecte Eugène Viollet-le-Duc qui fut désigné pour les travaux de restauration, dont la restitution des sculptures détruites, les peintures et la réfection du grand orgue. Les rénovations se sont poursuivies au XXe siècle et jusqu’à aujourd’hui, contribuant à maintenir la magnificence d’un patrimoine culturel et historique parisien.

L’expression du divin dans la pierre

«Comme dans toutes les églises, la cathédrale Notre Dame est pleine de références au divin», a expliqué Aglaé de la Genardière, chargée de communication de Notre Dame de Paris, à Epoch Times.

La façade occidentale, si bien décrite dans le roman de Victor Hugo «où sur chaque pierre on voit saillir en cent façons la fantaisie de l’ouvrier disciplinée par le génie de l’artiste» est considérée comme l’une des architectures de l’époque médiévale les plus parfaites et les plus symboliques quant à l’expression de l’architecture sacrée. Avec ses deux tours identiques s’élevant à 67 mètres du sol et ses deux étages quasi symétriques par rapport au centre, Notre Dame est construite sur le mode ternaire des principes chrétiens du Père, du Fils et du Saint-Esprit – la sainte Trinité, et elle se divise en trois parties aussi bien à la verticale qu’à l’horizontale. L’architecture du divin s’exprimait aussi par la situation de la rosace de vitraux occidentale placée dans un carré: le cercle, symbole d’infini et des royaumes célestes, est ancré dans le carré, symbole des choses terrestres, incarnant alors Dieu se faisant Homme, mystère de l’incarnation sur terre.

Outre son architecture, la cathédrale renferme l’un des éléments les plus précieux du catholicisme: la couronne d’épines du Christ appelée Sainte Couronne, ramenée de Venise en France par le roi Saint-Louis en 1239 et qui la fit installer d’abord dans la Sainte Chapelle, jouxtant l’actuel Palais de Justice, montrant l’importante place spirituelle que tenait la France en occident. Après la Révolution, la Couronne du Christ est déposée à la Notre Dame où chacun peut encore aujourd’hui l’admirer ou s’y recueillir, accompagnée d’autres reliques de la Passion du Christ (Passion signifiant les souffrances qui ont précédé la mort de Jésus) comme des vases précieux, des peintures et des statues datant du Moyen-Age. Notre Dame ainsi, symbole de la Vierge Marie, contient en son sein les symboles du supplice de son fils.

L’actualité des 850 ans

Pour fêter ses 850 ans, Notre Dame s’est dotée de huit nouvelles cloches venues remplacer les anciennes et d’un nouveau bourdon, le bourdon Marie, dont les noms viennent rendre hommage aux différents saints et personnages religieux de la Chrétienté. La musique sacrée, présente dès la fondation de la cathédrale, est toujours mise à l’honneur avec une programmation exceptionnelle de concerts lyriques et liturgiques organisés par l’association Musique Sacrée à Notre Dame de Paris.

La Maîtrise Notre Dame de Paris, descendante directe de l’école de Notre Dame de Paris datant du XIIe siècle, recrute et forme les enfants au chant soliste ou choral. En décembre dernier, un colloque scientifique s’est tenu au Collège des Bernardins, lieu symbolique d’enseignement des moines cisterciens à Paris pendant le Moyen-Age, sur les liens créés entre Notre Dame, son pouvoir épiscopal et la Cité elle-même, montrant l’activité présente autour de l’édifice.

Un pèlerinage au sein de la cathédrale est également proposé aux croyants afin de développer leur réflexion sur Dieu et sur la foi. Il débute sur le parvis de la cathédrale, spécialement aménagé d’une tribune pour l’occasion afin de permettre à ses très nombreux visiteurs d’en appréhender une vue en hauteur. Ainsi s’organise une nouvelle fois la vie autour de cet édifice religieux, culturel et historique, haut lieu touristique du centre de Paris.

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