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Dans l’œil du réparateur

Écrit par Mathieu Côté-Desjardins, Epoch Times
15.05.2013
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  • À 67 ans, Antoine Bergeron a comme gagne-pain la réparation de vélos. (Mathieu Côté-Desjardins/Époque Times)

Ayant laissé son atelier de restauration d’ameublement il y a six ans et ayant renoué avec la passion pour la mécanique acquise dans sa jeunesse, Antoine Bergeron possède maintenant son atelier de réparation de vélo dans l’arrondissement Le Plateau-Mont-Royal appelé Les artistes indépendants. À 67 ans, il poursuit sa carrière avec des atouts développés quand il faisait de la moto dans la trentaine. Étant bien au cœur du milieu du vélo, on peut dire qu’Antoine a l’œil sur ce qui se passe près de lui et même jusqu’à l’étranger.

«Quand j’ai eu le local ici, près de la piste cyclable, j’avais les équipements, j’ai commencé à donner l’air gratuit libre-service aux cyclistes, alors qu’on doit payer pour en avoir dans une station-service. C’est plus facile que de travailler le bois», raconte M. Bergeron.

Appréciant le travail bien fait, il a en horreur les vélos que l’on achète dans les grandes surfaces. «Il serait important d’arrêter d’acheter des vélos chez Wal-Mart, Zellers, etc. Par exemple, vous achetez un vélo chez Canadian Tire à 100 $. La compagnie le paie environ 15 $ à la sortie de l’usine. Il passe au moins par deux distributeurs qui prennent 100 % chacun. Résultat, le vélo ne dure pas un an. Parfois, il ne fait même pas un mois parce qu’il est mal monté par des gens qui ne connaissent pas ça et qui sont payés 5 $», souligne le patient réparateur.

«Tous les vélos vendus ici sont des vélos qui ont 20 ans et plus. Pourquoi sont-ils là? C’est qu’ils sont résistants. L’obsolescence programmée [théorie selon laquelle les objets seraient faits volontairement pour durer moins longtemps], du moins dans le domaine du vélo, a commencé au milieu des années  1975. Je suis témoin de ça tous les jours. C’est incroyable! Si tu demandes à un Chinois de te faire un vélo qui va durer 40 ans, il va te le faire. Si tu lui demandes de t’en faire un qui va durer deux ans, il va te le faire aussi», avance Antoine Bergeron, entre deux clients.

Les vélos qu’il reçoit à son atelier lui donnent de bonnes indications sur leurs propriétaires. «Il y a 20 % des propriétaires qui attendent que ça “pète”. Il y a un autre  20 à 30 % qui ont des vélos qui valent 1500 $ et plus. J’ai plus de clientes qui sont des femmes. Pour fidéliser tes clients, tu leur dis la vérité, tu leur charges le prix qu’une réparation ou qu’une pièce vaut vraiment. La façon de donner le service doit jouer. Les gars sont plus “Ti-Joe Connaissant”, ils t’attendent au tournant et marchandent bien souvent», remarque Antoine Bergeron. Son sens de l’humour, son franc-parler et son ouverture à donner des conseils, voire quelques pièces à l’occasion, contribuent à garder ou à renouveler sa clientèle.

«Quand j’ai du temps libre, je rafistole des vélos que je trouve et qui valent la peine d’être vendus. Sinon, on m’en donne souvent. Ceux que je ne prends pas le temps de réparer, je les envoie à ReCyclo Nord-Sud. C’est un organisme qui ramasse les vélos usagés et les envoie dans d’autres pays. À ce jour, il y a eu plus de 50 000 vélos envoyés dans différents pays  : Mali, Nicaragua, Haïti, Salvador, etc. Les vélos vont durer très longtemps. Ici, quand un vélo a cinq ou six ans et les cadres commencent à être usés, les gens vont en acheter un nouveau. Quand tu es dans le Sud et que tu n’as rien, tu répares les vélos. Ils roulent longtemps, cinq fois plus longtemps qu’ici. Il n’y a pas de carrosserie qui pourrit sur un vélo. Si tu as un bon cadre en acier, tout se change. Dans le Sud, les pièces de vélo sont trois fois moins chères qu’ici», raconte Antoine Bergeron.

Nouvelles tendances

Le mécanicien d’expérience observe également de nouvelles tendances dans le domaine du vélo. «La chaîne est appelée à disparaître. Les changements de vitesse s’en viennent à l’intérieur du moyeu [pièce du vélo], activés par des commandes électroniques sans fil. Ça coûte une petite fortune, mais ça deviendra plus accessible avec le temps. C’est comme les voitures avec les fenêtres électriques, c’est plus difficile à réparer. La technologie, c’est bon tant que ça ne brise pas», lance-t-il.

«Il y a une tendance qu’on croyait qui allait s’estomper, c’est le vélo à une vitesse. C’est aujourd’hui en ascension. Tu n’as pas d’entretien à faire, pas de dérailleur et les cadres, dépendamment des matériaux, ils sont beaucoup plus légers. Les messagers ont lancé le bal avec ces modèles», précise le réparateur sexagénaire.

«On voit de plus en plus de vélos aux pédales pliantes. C’est souvent ce qui est embarrassant, les pédales. Il y en a sur les vélos pliables, mais ça s’en vient sur les modèles en général. Pour ce qui est des vélos pliables, il y a une série qui a été développée et qui est fantastique, mais ça coûte très cher», poursuit-il. 

«Les vélos sont de plus en plus construits en carbone, un métal léger. La plus grosse révolution, si elle n’est pas encore faite, c’est pour les enfants. Le siège pour bébé ne serait pas en arrière, mais bien à l’avant pour qu’il puisse voir ce qui se passe devant lui. Ça attirerait une grosse clientèle», pense Antoine Bergeron.

Vol

  • À 67 ans, Antoine Bergeron a comme gagne-pain la réparation de vélos. (Mathieu Côté-Desjardins/Époque Times)

Comme les vols de vélo sont fréquents à Montréal, Antoine suggère l’achat d’un cadenas en «U» et une chaîne à mailles. «Barrez les deux roues avec le cadre. Il faut se méfier des petits poteaux de signalisation pour les verrouiller. C’est mieux d’avoir deux vélos, un pour la ville, moins attrayant, et un autre à notre goût pour les longues randonnées. On sait qu’on sera toujours à côté. Un bon vélo de ville peut aller autour de 150 $, si tu es chanceux, tu peux en trouver un à 50 $ ou 60 $. Normalement à ce prix, il faudrait remettre de l’argent dessus», croit M. Bergeron. Rouler avec des pneus bien gonflés en tout temps et ne pas laisser les vélos dehors l’hiver sont aussi deux recommandations de sa part.

Statistiques

Vélo en chiffres
En 2012, la Direction des transports de la Ville de Montréal ajoutait 41,7 km de nouvelles voies cyclables à l'ensemble de son réseau cyclable, pour un total d'un peu plus de 600 km. S'ajoutait à cela 1,4 km de mise aux normes. Les travaux se sont divisés de la façon suivante :

  • 20,35 km de bandes cyclables;
  • 16,45 km de chaussées désignées;
  • 3,5 km de pistes cyclables en site propre;
  • 1,4 km de piste cyclable bidirectionnelle.

Les travaux ont été réalisés dans neuf arrondissements et une ville reconstituée soit : Ahunstic-Cartierville, Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce, Le Plateau-Mont-Royal, L'Île-Bizard, Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, Montréal-Nord, Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles, Saint-Laurent, Ville-Marie et Baie-d'Urfé.

Pratique du vélo à Montréal (adultes 18-74 ans)

  • En 2010, 52 % de la population, soit 731 000 cyclistes (hausse de 10 % par rapport à 2000-2005);
  • 36 % des cyclistes roulent une fois par semaine ou plus;
  • Moyenne de 500 km parcourus par année. Total annuel : 367 millions de km;
  • Distance moyenne parcourue par les cyclistes : 3,3 km;
  • Les Montréalais ont acheté 95 000 vélos d'adulte en 2010.

 

Pratique du vélo chez les jeunes Montréalais (6-17 ans)

  • 82 % font du vélo;
  • En période estivale : 120 000 font du vélo au moins une fois par semaine;
  • En 2005 : 57 % roulaient plusieurs fois par semaine (2010 : 35 % Montréal et 43 % Québec). 

 

 Source  : Ville de Montréal

 

 

 

Plus de 204 720 056 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.