Une école de torture vise le Falun Gong en Chine

Le camp de travaux forcés de Masanjia utilisé pour enseigner à la police comment briser les volontés

Écrit par Matthew Robertson, Epoch Times
16.05.2013
  • Des pratiquants de Falun Gong au camp de travail de Masanjia regardant une vidéo destinée à les rééduquer, au cours d’un cycle d’endoctrinement arrangé par les autorités du camp le 22 Mai 2001. L’une des tortures utilisées sur les pratiquants consiste à les menotter de manière très pénible entre des lits superposés, pour ensuite les séparer brutalement, causant une douleur atroce. (AP Photo/John Leicester)

Les Chinois furent choqués et scandalisés de lire, au début de ce mois, qu’un camp de travaux forcés au nord-est du pays, appelé Masanjia, administre depuis des années une torture extrême et atroce envers ceux qui y sont détenus. L’essentiel des détails de cette histoire fut obtenu à partir d’un journal secret sorti clandestinement du camp par une des survivantes.

Mais les lecteurs horrifiés n’ont jamais pu découvrir  l’identité des victimes, ou le but de la torture et du lavage de cerveau auxquels ils étaient soumis, ni le rôle sinistre et crucial du camp dans la mise en œuvre de la campagne de persécution la plus radicale qui ait jamais été orchestrée dans l’histoire de la Chine contemporaine.

L’ancienne tête du Parti Communiste Chinois, Jiang Zemin, se trouvait derrière cette campagne et ses principaux lieutenants ont personnellement visité les installations de Masanjia, et offert des récompenses aux gardes qui avaient imaginé les techniques les plus novatrices et efficaces pour infliger la douleur.

Les gardes de la prison usaient d’une variation de la technique de torture connue sous le nom de «cinq chevaux écartelant le corps» sur Zhang Lianying, qui fut envoyée à Masanjia en 2008 parce qu’elle était un cas particulièrement rebelle – la torture intense et spécialisée conçue et administrée par Masanjia était censée la débarrasser de ses croyances dans les principes de vérité, compassion et tolérance du Falun Gong.

Les gardes encerclaient ses pieds dans des planches de bois, puis d’un coup sec lui attachaient séparément les mains avec des menottes – ils attachaient ensuite une corde à chacune des menottes, la passaient au travers de lits superposés en métal sur chacun de ses côtés, et les tirait durement en avant. Les gardes derrière elle la poussaient vers l’avant et lui donnaient de violents coups de pieds. Son corps se trouvait bloqué, courbé à un angle de 90 degrés, et déchiré vers l’avant. «La souffrance imprégna très vite mes vêtements de sueur», a écrit Zhang lors d’une présentation de son expérience. Minghui.net, un site web de Falun Gong précise que: «La douleur de cette torture est inimaginable».

Masanjia montre comment faire

Masanjia, qui tient son nom du comté où il est situé dans la Province de Liaoning, au nord-est de la Chine, fut fondé en 1956, et pendant des décennies emprisonna des intellectuels, «de droite», ainsi que d’autres que le Parti Communiste Chinois pensait devoir enfermer et condamner aux travaux forcés.

Puis, en Juillet de 1999, le Secrétaire du Parti de l’époque, Jiang Zemin, lança une campagne politique de grande envergure en vue d’éradiquer la pratique spirituelle Falun Gong. Très rapidement, Masanjia devint une part centrale de cette campagne.

Jiang avait déjà transmis des décrets internes au Parti selon lesquels aucun moyen utilisé contre des pratiquants n’était trop excessif et que la mort de pratiquants de Falun Gong pendant leur détention pouvait être comptée comme suicide, selon les dires de victimes: lesquelles transmettaient par ailleurs des menaces faites par les gardes. Tandis que Jiang établissait les mesures, Masanjia montrait la manière.

Wan Xiaohui, une femme de 58 ans, fut envoyée à Masanjia en 2010 pour avoir distribué des DVD en lien avec le Falun Gong. Lors de son premier jour là-bas, on lui arracha ses vêtements et on la laissa toute nue par un froid glacial. Un autre jour, «ils insérèrent des aiguilles dans mes ongles».

Masanjia en 2000 mit en place une section tout spécialement consacrée à enfermer les pratiquants de Falun Gong pour travailler sur leur mental. Et ceci en réponse aux directives de cadres les plus gradés du Parti, d’après l’Organisation Mondiale d’Investigation sur la Persécution de Falun Gong (WOIPFG), un organisme basé à New York, connu pour sa recherche fondamentale et extensive sur les documents et directives du Parti.

Le projet du Parti Central

Masanjia n’est pas connecté à la direction du Parti par une chaîne de commande formelle – institutionnellement, il est couvert par les autorités provinciales de Liaoning – mais il prend ses ordres de dirigeants de l’appareil central du Parti Communiste, impliqués dans la persécution de Falun Gong, ainsi que le montre la recherche de la WOIPFG.

Les techniques de torture de Masanjia furent la raison d’une cérémonie de récompenses et de discours par des cadres hauts gradés du Parti en août 2000. Li Lanqing, à l’époque chef du Bureau 610 – un organisme extrajudiciaire placé au plus haut niveau du Parti établi dans le but de surveiller la persécution de Falun Gong –, ainsi que Luo Gan, un cadre supérieur de la sécurité, s’adressèrent à un groupe de cadres, encourageant les techniques de «transformation» de Masanjia.

Le terme «transformation» fait référence au processus par lequel on brise la volonté des victimes, pratiquants de Falun Gong, et les force, souvent par la torture, à renoncer à leur foi et faire vœu d’allégeance au Parti Communiste.

«J’ai été torturé trois fois à Masanjia», a déclaré Wang Chunying, dans un entretien en chinois avec le média indépendant NTD Télévision. «Ils m’ont traîné entre deux lits superposés. Mes mains ont été menottées à chaque lit, une haute et une basse, étirées entre les lits. La police donnait un violent coup de pied pour séparer les lits, si fort qu’ils ne pouvaient pas les pousser plus loin. Tout mon corps était très durement tendu entre les lits. La douleur était perçante, insupportable. Ce sentiment d’agonie est impossible à décrire en langage humain. Je hurlais, et la sueur me ruisselait sur la figure».

Délégations officielles

Masanjia, en novembre 2000, avait déjà reçu plus de 31 délégations officielles, consistant en plus de 500 personnes en provenance de la plupart des provinces de Chine, selon un document interne du Bureau 610 en possession de la WOIPFG. Les fonctionnaires de la Sécurité étaient venus apprendre les sombres secrets de Masanjia.

Han Guangsheng, un transfuge du Bureau 610 qui vit maintenant au Canada, donna un témoignage qui corrobore la recherche de la WOIPFG lors d’une interview avec la Radio Son de l’Espoir.

«Les grosses légumes firent passer l’ordre de transformer à toute force les pratiquants de Falun Gong détenus – c’est-à-dire, de leur laver le cerveau, de leur faire cesser de croire en Falun Gong – mais au départ aucun département ne savait comment s’y prendre», expliqua Han.

«Le taux de transformation de Masanjia était très élevé. Alors notre province s’organisa pour que tous les chefs de bureau adjoints du système judiciaire aillent là-bas pour étudier.»

Han Guansheng demanda à un collègue, Mr. Zhang, ce qu’il avait appris. «Il déclara ‘Je saisis, maintenant. L’expérience de transformation de Masanjia ne comprend qu’un article: les bâtons électriques’».

Chen Kaiqu, un diplômé en maîtrise de l’Académie Chinoise des Sciences, fut transféré à Masanjia en 2007. En 2008 il refusa d’effectuer les travaux forcés, alors un garde lui appliqua des chocs sur le visage et le cou avec des bâtons, pendant des heures. «Sa figure était couverte de cloques et de brûlures» explique le site Minghui.net. «Il était défiguré au point que même ceux qui le connaissaient n’arrivaient pas à le reconnaître.»

Une série de récompenses

Masanjia s’est vu distingué dans des documents officiels, par le Département d’Organisation Centrale, la très discrète agence de personnel du Parti, comme sur cette circulaire du 25 avril 2001. «Le camp de travail de Masanjia dans la Province de Liaoning, montrant un degré élevé de responsabilité politique, a fait sa priorité de se concentrer sur la transformation de membres du Parti qui pratiquent ‘Falun Gong’, et a également transformé du personnel ‘Falun Gong’ dans d’autres camps de travail», précisait la circulaire.

«[Masanjia a] déployé des efforts importants pour explorer la manière d’appliquer au mieux de nouvelles formes de travail sur l’esprit politique du groupe spécial.»

Ce terme, «groupe spécial» a été utilisé dans l’exposé du 6 avril concernant Masanjia dans le magazine chinois Lens, qui donnait un compte-rendu exclusif basé sur des entretiens avec des victimes, des annales de tribunaux et des directives officielles. L’article choqua le public chinois, dont quelques centaines de milliers parmi eux ont donné libre cours à leur indignation sur l’Internet chinois.

Le rapport du magazine Lens utilisait l’euphémisme «groupe spécial» pour faire référence au Falun Gong, car la persécution est un sujet trop politiquement sensible en Chine pour s’y référer nominativement. Mais l’identité du «groupe spécial» est connue de tous.

Des membres-clé du personnel à Masanjia ont reçu une série de récompenses, comme par exemple la médaille de «Remarquable Expert en Education», d’après des sites web chinois officiels. «Education» dans ce cas précis est un euphémisme pour transformation par la torture.

Les reconnaissances accordées aux fonctionnaires de Masanjia, la manière dont des techniques extrêmes de torture furent inventées à Masanjia pour être ensuite étendues à l’ensemble du pays, et la manière dont des cadres au plus haut niveau du Parti firent explicitement de Masanjia un établissement de référence à émuler, tout indique que cette institution était, selon l’expression de la WOIPFG, «sous le contrôle direct du groupe établi par Jiang Zemin pour persécuter Falun Gong».

Jiang Zemin était le secrétaire général du Parti Communiste Chinois à l’époque. Malgré l’évocation récente d’une réforme du système des camps de travaux forcés, jusqu'à nouvel ordre les horreurs de Masanjia font partie des mesures officielles du Parti.

Version en anglais: School For Torture Targets Falun Gong in China

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