Est-ce que Pékin s’engage vraiment à respecter sa nouvelle loi sur la santé mentale?

La nouvelle législation prétend prévenir les abus du traitement contraint

Écrit par Michelle Yu, Epoch Times
18.05.2013
  • Le 1er décembre 2007, des patients attendent le repas à l’hôpital psychiatrique de Kunming, à Kunming province du Yunnan (sud-ouest). Les autorités chinoises sont en train de lancer une nouvelle loi sur la santé mentale, mais nombreux sont ceux qui doutent qu’elle empêchera vraiment les abus ciblés. (China Photos/Getty Images)

La première loi sur la santé mentale en Chine prend  effet le 1er mai, mais les groupes de défense des droits de l’homme restent sceptiques quant aux répercussions qu’elle aura  sur le fait de mettre un frein aux placements injustifiés dans des établissements spécialisés effectués par les autorités communistes.

Adoptée en octobre dernier, la nouvelle législation précise que les malades mentaux doivent maintenant donner leur consentement avant de recevoir un traitement hospitalier, sauf s’ils sont considérés comme un danger pour eux-mêmes ou pour autrui. Apparemment, seuls les psychiatres auront le droit d’envoyer les personnes dans  des institutions psychiatriques, mais le traitement peut être obligatoire pour les patients qui ont été diagnostiqués porteurs d’une grave maladie mentale. Les données personnelles des patients seront également protégées.

Les nouvelles réglementations ont été adoptées après près de trente ans de plaidoyer mené par des militants des droits de l’homme et des professionnels en santé mentale chinois et étrangers, le tout soutenu par  la pression médiatique.

Selon Voice of America, des dizaines de milliers de personnes ont été envoyées dans des établissements psychiatriques chinois par des fonctionnaires, souvent sous forme de condamnation contre des dissidents et ceux qui avaient tiré la sonnette d’alarme.

Les exemples sont nombreux. Wang Wanxing, qui avait manifesté sur la Place Tiananmen pendant le massacre, a été incarcéré dans des établissements psychiatriques pendant treize ans pour «traiter» sa «paranoïa politique», après qu’il ait tenté de déployer une bannière en public.

La pétitionaire Xiang Hong, une victime d’avortement forcé, a été envoyée neuf fois dans des hôpitaux psychiatriques depuis qu’elle a commencé à déposer des plaintes en 1992.

Le traitement mental contraint a été largement utilisé contre les pratiquants de Falun Gong, une discipline spirituelle chinoise traditionnelle. Sur le site de Minghui.org, un site qui documente les cas de persécution du Falun Gong, une recherche sur le terme «hôpital psychiatrique» donne 7.913 résultats, présentant les preuves sur les nombreux pratiquants mentalement sains qui ont  été envoyés dans des hôpitaux psychiatriques contre leur gré.

Un exemple est la professeur Wu Xiaohua, qui pratiquait le Falun Gong depuis1994 et qui est maintenant paralysée après des années de mauvais traitements dans des établissements psychiatriques. Selon la radio Son de l’espoir, elle a été placée dans un établissement spécialisé le 23 octobre 2001, nourrie de force et a reçu des injections de médicaments qui ont endommagé son système nerveux. Les médicaments ont provoqué des troubles mentaux et limité ses mouvements et réactions. Dans cet établissement, Wu a été ligotée environ 40 fois et restait ligotée jusqu’à deux jours consécutifs. Elle a été aussi gavée et agressée verbalement et physiquement.

Wu a indiqué  à plusieurs reprises au personnel qu’il était  illégal d’enfermer une personne mentalement saine dans un établissement psychiatrique, mais elle a rarement reçu une réponse. Une fois, un médecin lui a répondu: «Vous n’êtes assurément pas une malade mentale, mais les ordres viennent d’en haut. Ils nous ont dit de vous bourrer de médicaments et ils ont décidé de leur quantité».

En raison de diverses lacunes, la nouvelle loi ne peut pas empêcher que de tels abus se reproduisent. Le Quotidien du peuple, un média d’Etat, a rapporté que le traitement ne peut être effectué que volontairemment, sauf dans le cas où une personne est considérée comme un danger pour elle-même ou pour autrui. Dans ce cas le type du traitement doit être décidé par le tuteur de la personne ou par le personnel médical.

Les analystes ont mentionné à Voice of America que la situation où une personne représente un «danger pour autrui» n’est pas définie dans la législation, ce qui donne aux autorités suffisamment de fléxibilité pour prendre des décisions répondant à leurs propres fins.

 

La législation oublie également de préciser que les patients hospitalisés ont le droit d’accès à des représentants et sont autorisés à faire appel des décisions des gardiens. En outre, le droit de communiquer reste bien limité, tandis que la détention et le traitement des personnes handicapées ne prévoit toujours leur consentement.

Version en anglais: Is Beijing Really Committed to Its New Mental Health Law?

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