Un groupe d’avocats chinois passés à tabac après avoir visité un centre de lavage de cerveau

Écrit par Matthew Robertson et Carol Wickenkamp, Epoch Times
22.05.2013
  • De gauche à droite: Wen Haibo, Tang Jitiang, Wang Cheng, Tang Tianhao, Liang Xiaojung, Jian Tianyong, Guo Haiyue, Li Heping, Zhang keke, Lin Qiwei, Yang Huiwen. Suite à leur visite dans un centre de lavage de cerveau, les onze avocats ont été photographiés après qu’ils aient été arrêtés et battus dans le Sichuan les 13 et 14 mai, (Li Fangping via Weibo.com)

Le 13 mai, un groupe de près d’une douzaine d’avocats chinois des droits de l’homme essayant d’enquêter sur un centre extrajudiciaire «de lavage de cerveau» dans le sud-est du pays a été violemment contrecarré par les gardes, avant d’être remis aux mains de la police, qui les a battus et maintenus en détention toute la nuit, avant de les relâcher.

Les avocats étaient allés visiter le Centre d’éducation judiciaire Er’ehu dans la ville de Ziyang, province du Sichuan. Le terme «centre d’éducation judiciaire» est un euphémisme employé par les autorités chinoises pour se référer à des endroits qui effectuent «la réforme de la pensée», aussi connu sous le nom de lavage de cerveau, sur des pratiquants de la discipline spirituelle du Falun Gong. Le site du Falun Gong nommé Minghui.org, couvre une histoire longue et détaillée concernant la torture mentale et physique utilisée à Er’ehu contre les pratiquants de Falun Gong.

Sept avocats ont d’abord été arrêtés à l’extérieur d’Er’ehu pour «obstruction d’affaires officielles», selon le CHRD (China Human Rights Defenders), un réseau de recherche et de défense juridique.

Quatre autres avocats ont été arrêtés, après s’être rués à Ziyang pour intervenir dans les arrestations, selon les rapports CHRD ceux-ci ont été détenus et interrogés avant d’être relâchés.

Jiang Tianyong, un des premiers individus touchés par l’incident, a déclaré lors d’un entretien accordé le 14 mai à Epoch Times: «Nous venions tout juste d’arriver au centre d’éducation judiciaire et nous ne nous attendions pas à ce qu’ils soient si agressifs et si violents. Ils ont bondi sur nous et ont commencé à nous frapper. Plus tard, ils nous ont emmenés dans la cellule de la police locale – sur place se trouvaient de nombreux policiers en civil et des agents de la sécurité intérieure. Pendant tout ce temps, ils ont été extrêmement violents, nous sommes restés dans la cellule jusqu’aux premières heures de la matinée, ensuite ils m’ont emmené moi, Li Heping, et Tang Hao Tian, dans la cellule du poste de police de la route de Binjiang. Ils ont conduit les cinq autres avocats dans un autre endroit pour les garder encore toute la nuit – c’est seulement aujourd’hui à 11h40 qu’ils ont été libérés».

La version chinoise de Deutsche Welle a demandé à Liu Weiguo, un autre avocat des droits civiques, de fournir ses réflexions concernant la violence du traitement subi par le groupe. Liu a déclaré qu’elle était probablement liée à l’identité du groupe détenu dans le centre et que «les avocats ont écorné le trou noire de l’appareil d’application de la loi en Chine- à savoir le système des détentions arbitraires, des prisons noires, de la torture et des disparitions forcées ainsi que la persécution du Falun Gong qui a lieu au coeur de la structure destinée au maintien et à la stabilité».

  • Le soutien est arrivé de la part d’autres avocats de défense des droits de l’homme à Pékin, sur la photo Teng Biao, Li Fangping, une femme non identifiée, Liu Wei et Xiao Guozhen. Ils tiennent une banderole annonçant: u00abZiyang: attaquer frénétiquement les avocats ne camouflera pas les crimes du centre de lavage de cerveau!». (Teng Biao via weibo.com)

Alors que certains rapports qualifient cet établissement de prison noire, terme le plus souvent employé pour désigner les endroits qui détiennent les pétitionnaires - les gens se rendent à la capitale pour demander réparation.

Le Centre d’éducation judiciaire d’Er’ehu à Ziyang a un objectif des plus particuliers, celui de «transformer» et de torturer les pratiquants de Falun Gong. Il a pris en charge des centaines de pratiquants depuis sa création en 2006, et selon Minghui, début 2012 deux pratiquants de Falun Gong y ont été tués. Des centres de lavage de cerveau de ce genre ont été établis dans presque chaque ville en Chine, opérant en dehors du système judiciaire chinois. Ils sont contrôlés par le comité politique et judiciaire local du Parti communiste et par la branche locale du Bureau 610, l’organisme extrajudiciaire chargé de coordonner la persécution du Falun Gong.

Le 19 février un rapport du site Minghui précise que: «selon des statistiques incomplètes, il peut y avoir près de 400 à 500 pratiquants de Falun Gong détenus à Er’ehu.»

Cette visite courageuse de l’établissement intervient juste un mois après que la persécution du Falun Gong qui a eu lieu en Chine depuis 1999, après avoir été initiée par l’ancien dirigeant régime Jiang Zemin, ait été exposée au grand public dans un article détaillé sur le camp de travail de Masanjia, connu pour avoir mené à bien la torture brutale contre les pratiquants du Falun Gong, et publié dans le magazine chinois de photographie Lens Magazine.

Les méthodes extraordinaires de torture décrites dans cet article ont provoqué le déchaînement sur l’Internet chinois, jusqu’à ce que les autorités répriment sa propagation.

À travers le pays les avocats de défense des droits de l’homme, aussi appelés avocats «weiquan» en Chine, se sont mobilisés pour soutenir le groupe se rendant dans le Sichuan: Teng Biao, un autre avocat weiquan bien connu, qui ne s’est pas rendu dans le Sichuan, a laissé sur Sina Weibo, un site de microblog du type Twitter, une photo de cinq autres avocats tenant un panneau où on pouvait lire: «Ziyang: attaquer frénétiquement les avocats ne camouflera pas les crimes du centre de lavage de cerveau!»

Version en anglais: Group of Chinese Lawyers Beaten After Visiting Brainwashing Center

Epoch Times est publié en 21 langues et dans 35 pays.