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L’éthique sur l’étiquette, le retour du made in France?

Écrit par Frédérique Privat, Epoch Times
29.05.2013
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  • Vêtement retrouvé à l’intérieur d’une usine suite à un incendie ayant fait 8 morts le 9 mai dernier à Dacca au Bangladesh. (Munir Uzzaman/AFP/Getty Images)

1.127 ouvriers sont morts lors de l’effondrement d’un immeuble au Bangladesh le 24 avril dernier. Cette information, la plus grande catastrophe industrielle de ce pays, a fait maintenant le tour du monde et suscité depuis, de nombreuses interrogations quant à la responsabilité sociale des multinationales dont les produits textiles y étaient fabriqués.

Car des étiquettes retrouvées dans les décombres révèlent que le monde entier trouvait à s’habiller pour pas cher, grâce au travail de ces milliers de petites mains: le suédois H&M, les espagnols Zara et Mango, l’américain PVH (Calvin Klein, Tommy Hilfiger), le canadien Joe Fresh, le britannique Bon Marché, l’italien Benetton et les français Carrefour, Auchan, Camaïeu, etc.

Une production réalisée dans des conditions d’insécurité terribles, puisque l’immeuble, abritant 5 ateliers textiles, fut en fait construit initialement en vue d’en faire un centre commercial, et ne devait se composer que de 6 étages, et pas des 9 actuels. Il est donc évident que la présence d’ateliers textiles comportant des machines lourdes et surtout près de 3.500 ouvriers présents des heures durant, n’a pu que fragiliser un bâtiment qui n’était pas conçu à cet effet. À cela, s’ajoute une exploitation digne de l’esclavage, dénoncé par tous,

ONG, syndicats, jusqu’aux plus hautes instances. «Un travail d’esclaves» a dit le pape François, ajoutant dans un communiqué à Radio Vatican: «Le titre qui m’a vraiment frappé le jour de la tragédie du Bangladesh était “Vivre avec 38 euros par mois”. C’est ce qu’étaient payés tous ces gens qui sont morts. C’est ce qu’on appelle du travail d’esclaves».

Payer un peu plus ces ouvriers, pour qui se nourrir chaque jour constitue un défi , c’est ce que réclame Muhammad Yunus, le père du microcrédit, dans une tribune sur le Huffington Post: doubler le salaire horaire des ouvriers qui ne gagnent que 24 centimes d’euros par heure et inciter, en bout de chaîne, le consommateur à payer «50 centimes» de plus par vêtement en magasin.

Mais cette révolte, c’est aussi chaque citoyen, s’habillant tous les jours, qui en évalue aujourd’hui le prix véritable et s’exprime à coup de tweets, de commentaires Facebook ou par le biais de pétitions pour dénoncer l’insupportable vérité.

Le mouvement citoyen international Avaaz a ainsi lancé une pétition, simple mais efficace, demandant à toutes les multinationales bénéficiaires des productions textiles au Bangladesh d’établir puis de signer un accord avec les usines du pays afin de garantir des meilleures conditions de sécurité au sein des bâtiments de production. Et les résultats se profi lent, jour après jour, puisque le million de signataires a été dépassé, et que les entreprises engagent, les unes après les autres, leur responsabilité sociale.

En France, le collectif Éthique sur l’étiquette, créé en 1995, et filiale du réseau européen Clean Clothes Campaign (littéralement «campagne pour des vêtements propres») agit en faveur du respect des droits humains au travail et mobilise l’opinion française pour faire pression sur les décideurs économiques et politiques.

Leur pétition «Bangladesh, halte à l’hécatombe» disponible en ligne, s’élève déjà à plus d’un million de signataires de par le monde, révélant le poids de la responsabilité individuelle, chacun croyant trouver son compte à payer moins cher pour un nouveau prêt-à-porter.

H&M, premier acheteur de textile au Bangladesh, a fait ainsi le premier pas, en signant le 15 mai dernier un accord avec les deux principaux syndicats bengalis, UniversAll et UNI Global, en partenariat avec l’Organisation Internationale du Travail. Face à la pression, de nombreuses autres marques ont aussi suivi et signé cet accord: Benetton, Mango, Marks&Spencer, Tesco, C&A, Esprit et PVH.

Parmi les marques françaises, seul Carrefour a fait partie des signataires, les autres affirmant ne pas être au courant des transactions de leurs fournisseurs avec d’éventuels sous-traitants. Des considérations qui ne devraient pourtant pas empêcher une prise de responsabilité de ces marques dans les jours ou mois prochains, sous peine probable d’être boycottées par ces mêmes acheteurs qui signent les pétitions.

Car en France, 70% des consommateurs attachent une importance aux conditions de production de leurs achats: c’est le résultat d’un sondage établi pour le Forum mondial des droits de l’Homme, réalisé une semaine après le drame du Bangladesh. Les Français sont 58% à accepter de payer plus cher pour des produits respectueux de l’environnement et des droits humains.

Ces chiffres, en hausse depuis quatre ans déjà, reflètent cette tendance citoyenne à améliorer la traçabilité des produits achetés afin d’en détecter et mettre en lumière les éventuelles incohérences apparues sur et autour de la fabrication. Il faut pourtant préciser que les principales préoccupations des Français vont d’abord vers l’origine alimentaire de ce qu’ils consomment, les vêtements venant ensuite, suivis de loin par les meubles et les produits électroniques.

Cette traçabilité, qui permettra de révéler les liens existant entre ces ateliers de production et les multinationales occidentales, devrait favoriser la responsabilisation de ces grandes enseignes envers ces usines délocalisées. Or, il n’existe pas encore de loi établissant ce type de règles. Amnesty International, aux côtés de Sherpa et de CCFD Terre solidaire, œuvre à faire bouger cela, militant pour «une inscription de la responsabilité juridique des multinationales dans le droit français». Parallèlement  à ces productions issues de la délocalisation des grandes enseignes multinationales, les entreprises françaises vivant et produisant sur le sol français revendiquent la qualité de leurs produits, s’appuyant sur la logique écologique de consommer local.

Le Made in France, reconnu pourtant de par le monde, a été un temps boudé des consommateurs français, mais plusieurs actions en sa faveur leur ont permis de redécouvrir et apprécier les produits de leur terroir et savoir-faire, même textile. Ainsi, un sondage Ifop réalisé pour l’opticien Atol, révèle que 77% des Français se disent prêts à payer plus pour un produit fabriqué en France, soit 5% de plus qu’il y a un an.

Dans le prêt-à-porter, c’est le cas d’enseignes telles qu’Armor Lux, plébiscitée par le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, arborant une de leurs marinières fabriquées en Bretagne, ou encore les Laines du Forez, dont les pulls, chaussettes et bonnets sont tous fabriqués dans la Loire à partir de laine de mouton du Limousin, etc. Ces différentes marques manquent de publicité mais des sites consacrés à cette fabrication 100% française établissent des listes des différentes enseignes (1).

Alors bien sûr, beaucoup déploreront les tarifs quelque peu élevés de ces produits, mais en regard de la qualité et de la longévité de ces produits, on peut alors décider d’acheter moins sans pour autant n’acheter que cela, avec le risque de réduire la taille de sa garde-robe, mais en acquérant des produits de meilleure qualité et présentant une traçabilité courte et lisible.

 

(1) www.lafabriquehexagonale.com

Pour en savoir plus:

www.100pour100-madeinfrance.fr/annuaire

www.madine-france.com/fr/annuaire

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