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La cigarette électronique : vers une utilisation plus réglementée

Écrit par Caroline Chauvet, Epoch Times
29.05.2013
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  • La cigarette électronique est de plus en plus populaire en France. On estime à un million le nombre de u00ab vapoteurs » dans l'Hexagone. (Kenzo Tribouillard/AFP)

Commercialisée en Chine depuis 2005 puis débarquée en France en 2007, la cigarette électronique, ou e-cigarette, ne cesse de faire des adeptes. Son nombre d'utilisateurs a doublé en un an, passant de 500.000 l'an dernier à environ 1 million aujourd'hui. Vendue en premier lieu via les sites de commerce en ligne elle est désormais disponible dans environ 150 boutiques spécialisées, chez certains buralistes et même dans quelques pharmacies.

Ce nouveau produit, encore insuffisamment étudié et peu réglementé, a fait l'objet d'un rapport commandé par le ministère de la Santé et rendu public hier.

Réalisé par un groupe d’experts réunis par l’Office français de lutte contre le tabagisme (OFT) avec le soutien de la Direction générale de la santé (DGS), le rapport établit un bilan des études sur la cigarette électronique et préconise des recommandations pour agir.

Qu'est-ce que la cigarette électronique ?

Pas besoin de feu pour l'allumer. Une diode rouge simulant la braise s'allume lorsque l'utilisateur aspire dans l'embout. Composée d'une pile ou d'une batterie, d'une cartouche pour l'e-liquide et d'un atomiseur, l' e-cigarette ne produit pas de fumée mais une vapeur simulant les émanations d'une véritable cigarette. L'utilisateur ne fume pas mais « vapote ». Le tabac est remplacé par un « e-liquide » avec un vaste choix d'arômes, la plupart du temps artificiels : fruits, chocolat, tabac blond tabac brun, menthol, whisky, thé vert, ou même cacahuète etc.

Pour ses consommateurs, le nouvel article possède plusieurs avantages. Soumis à la même réglementation que les produits de consommation courante en France, il est pour l'instant encore toléré dans les lieux où la cigarette classique ne l'est pas. Seules certaines compagnies aériennes dont Air France ont interdit son utilisation lors des vols.

D'autre part, l'e-cigarette est jugée moins nocive que la cigarette classique, car elle ne contient ni monoxyde de carbone, ni particules solides, ni quantité significative de cancérogènes. De même, les effets irritants ou toxiques des e-liquides sont moindres par rapport à ceux liés à la fumée du tabac.

Elle peut ainsi être vendue comme un palliatif plus sain à la cigarette classique. La publicité ne manque pas de jouer sur cette corde, en ciblant plus particulièrement les jeunes et les femmes.

Enfin, certains consommateurs considèrent la cigarette électronique comme un moyen de transition vers une baisse de leur addiction au tabac.

Un produit pourtant pas anodin

Globalement moins nocive que la cigarette classique, la cigarette électronique ne peut cependant être considérée comme inoffensive, souligne le rapport dirigé par Bertrand Dautzenberg  président de l'OFT. Les effets à plus long terme ne sont, de plus, pas encore connus.

Des substances potentiellement toxiques

Le propylène glycol, utilisé pour simuler la fumée et renforcer les arômes et pourtant utilisé dans l'industrie comme additif alimentaire ou dans les cosmétiques, est cependant considéré par l’Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles (INRS) comme toxique lors de son inhalation ou de son ingestion.

De même, la glycérine végétale, est présente pour les mêmes raisons que le propylène glycol, mais restent à ce stade peu étudiée.

Les experts relèvent enfin la présence de quelques traces d’impuretés, comme l’acétone, l’acide acétique, des solvants chlorés, du formaldéhyde, mais en quantité bien moindre que dans les véritables cigarettes.

La nicotine

La cigarette électronique reste dosée en nicotine, même s'il est possible d'en choisir le taux, qui peut même s'avérer nul. Cependant, le rapport note une augmentation du taux de nicotine dans les e-cigarettes actuelles : « Les e-cigarettes modernes sont capables de délivrer en moins de 5 minutes des quantités de nicotine du même ordre de grandeur que les cigarettes, ce que ne faisaient pas les e-cigarettes disponibles en 2010. »

Le vapotage passif

Enfin, le rapport révèle l'existence d'un « vapotage passif ». L'entourage du consommateur d'e-cigarette n'est certes pas exposé à des cancérogènes, à des particules solides ou au monoxyde de carbone. Cependant, il est exposé à des produits chimiques irritants, et surtout à la nicotine.

Vers un usage plus restrictif

La cigarette électronique ne sera pas interdite en France, contrairement à la Grèce, au Brésil, à l'Afrique du Sud, ou bien à la Turquie, mais les experts établissent 28 recommandations spécifiques concernant son utilisation.

Un contrôle accru sur le contenu :

Les auteurs du rapport préconisent notamment des réglementations plus spécifiques de la cigarette électronique, notamment une limite de la teneur en nicotine à 18 mg/ml et une limite des recharges à 30 ml et à 40 mg la quantité de nicotine par cartouche.

De même, ils recommandent une meilleure traçabilité des produits utilisés dans la e-cigarette.

Une interdiction de «vapoter » dans les lieux publics

A l'image d'un nombre croissant d'autres pays européens, le rapport préconise l'interdiction de la cigarette électronique dans les lieux publics, notamment en présence de mineurs. L'e-cigarette, selon les experts, inciterait indirectement au tabagisme.

Une interdiction de la vente aux mineurs

Sachant notamment que « le taux d’expérimentateurs d’e-cigarette parmi les collégiens et lycéens parisiens a environ doublé entre 2012 et 2013, passant de 8,1% à 18,3% », le rapport préconise une interdiction de la vente de cigarettes électroniques aux mineurs, ainsi que la promotion de ce produit auprès des jeunes.

Une réglementation de la vente

Le rapport vise à interdire la vente de cigarettes électroniques dans les supermarchés. Certains produits pourraient être considérés comme des médicaments et vendus exclusivement en pharmacie, d'autres seraient vendus dans des boutiques spécialisées : des magasins ne vendant que des e-cigarettes éventuellement des civettes (boutiques spécifiques pour la vente du tabac) ou des bars-tabac.

La promotion des e-cigarette est elle aussi sujette à critique, le rapport recommandant d'interdire la publicité de rue, la promotion auprès des non-fumeurs ou les slogans du type « pour fumer là où c'est interdit », qui inciteraient au tabagisme.

Mais dans le même temps, le rapport insiste sur le fait que le produit doit rester accessible aux fumeurs, la cigarette électronique étant considérée actuellement comme moins nocive que la cigarette classique.

Cependant, la cigarette électronique n'est pas considérée comme une thérapie légitime pour cesser de fumer, comme l'avait signalé l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) dès 2008.

Interrogé sur France Info hier, Bertrand Dautzenberg résumait les visées du rapport : « on propose des recommandations afin de rendre plus aisé l'accès aux cigarettes électroniques aux fumeurs, moins aisé la cigarette électronique aux non fumeurs, et moins aisé la cigarette électronique comme produit de promotion du tabac, comme produit d'incitation à fumer là où il est interdit de fumer ».

 

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