Le modèle chinois nuit au monde

Écrit par He Qinglian
08.05.2013
  • Immondices bouchant un canal pollué en marge de Pékin le16 mars 2012. (Mark Ralston/AFP/Getty Images)

Le «néo-colonialisme» de la Chine redevint un sujet populaire lorsque le chef du Parti Communiste Chinois Xi Jinping fit une visite en Afrique à la mi-mars.

Néo-colonialisme, grosso-modo, signifie: la Chine, exploitant les ressources de l’Afrique tout en négligeant l’impact environnemental, déverse aussi des produits industriels bon marché sur l’Afrique.

Le développement économique chinois a apporté fort peu d’opportunités d’emploi aux Africains. Pire encore, la position chinoise d’«aide financière inconditionnelle» et de «non-intervention dans les affaires politiques d’autres pays», a cassé le modèle suivi par les pays occidentaux de ne fournir une aide qu’une fois certaines exigences politiques satisfaites. Ceci a relâché les rênes sur certains dictateurs africains.

La raison de la croissance virale du néo-colonialisme chinois en Afrique est que les hommes d’affaire chinois ont introduit l’élément caractéristique du modèle chinois – la collusion entre gouvernement et commerce – en Afrique, usant de dessous de table afin d’obtenir des droits miniers et une entrée sur le marché.

Alimentés par les pots-de-vin et la corruption

Peu avant la visite de Xi au Nigéria, Lamido Sanusi, le gouverneur de la banque centrale du pays, critiquait la Chine dans le Financial Times du Royaume-Uni de ce qu’elle fait main-basse sur les matières premières de l’Afrique et lui revend ensuite des produits finis, déclarant que la Chine est en Afrique non pour les intérêts africains mais pour les siens propres.

«C’est ceci qui était l’essence du colonialisme», dit Sanusi, ajoutant: «C’est un facteur significatif de la désindustrialisation et du sous-développement de l’Afrique».

Le président Sud-africain Jacob Zuma prévenait en 2012 que le modèle commercial appliqué entre l’Afrique et la Chine est «intenable sur le long terme».

Mais de telles plaintes de la part de gouvernements africains sont rares dans la mesure où les bénéfices pour les gouvernants sont souvent liés de façons variées aux compagnies chinoises. La plupart des objections viennent des groupes de base.

L’organisation anti-corruption Transparence Internationale a fait une étude auprès de 3.016 cadres supérieurs d’entreprises de trente pays sur leurs perceptions des entreprises de vingt-huit pays avec lesquels ils avaient des relations d’affaires.

Basé sur leurs évaluations du risque probable que les entreprises commerciales de chaque pays versent des dessous de table à l’étranger, on calcula un Index des Payeurs de Bakchich (IPB) pour chaque pays de façon à en refléter le niveau de corruption perçu. La Chine reçut le deuxième plus bas IPB, indiquant la deuxième plus forte probabilité de corruption, après la Russie.

L’IPB couvrait 19 secteurs, et incluait des pays et des régions de toutes les zones-clé du monde. Le rapport IPB de 2011 suggérait également que les industries avec un volume de valeurs en dollars élevé, contrôlées par le gouvernement et comprenant les infrastructures, la construction, le pétrole et le gaz naturel, sont les plus sensibles à la corruption à l’étranger.

Le gouvernement chinois a réfuté le rapport IPB, mais la réalité prouve que prévarication et corruption ont été le moteur de l’expansion commerciale de la Chine en outremer.

Entre 2008 et 2012, la Commission des Sanctions de la Banque Mondiale mit quatorze firmes et individus chinois sur sa liste «d’exclusion et de contre-exclusion» pour fraude et corruption. Il fut établi que ces firmes et individus n’auraient pas droit à se voir accorder un contrat financé par la Banque Mondiale pendant deux à huit ans.

En 2009, la compagnie minière gérée par l’État chinois Metallurgical Group Corp fut accusée d’avoir acheté le ministre Afghan des Mines avec 30 millions de dollars (22.87 millions d’euros) pour gagner le contrat sur le projet de développement le plus vaste du pays.Le 19 Mars 2013, les cadres dirigeants de la branche mongole du géant chinois des télécoms ZTE furent l’objet d’une enquête pour accusation de subornation. Les produits et services ZTE avaient été déployés dans plus de 140 pays. En février, ZTE fut accusée d’avoir acheté des fonctionnaires au Kenya pour y obtenir un contrat gouvernemental.

En Algérie, les dirigeants de ZTE furent condamnés à dix ans de prison après avoir été reconnu coupable de corruption en Juin 2012.

La majorité de l’investissement chinois en Afrique se trouve dans des projets d’infrastructure publique, miniers et de construction, et dans presque chaque cas les firmes chinoises dégageaient le passage à coup de pots-de-vin. Mais pourquoi si peu d’entre eux ont-ils été rendus publics?

Kong Xiangren, fonctionnaire du Ministère chinois de la Surveillance, expliquait en 2010: «Il y a beaucoup de cas [de subornation] qui ont attiré notre attention et furent examinés après avoir été découverts par des gouvernements locaux aux États-Unis ou en Europe, particulièrement ceux mettant en cause une corruption d’affaires internationale», déclarait Kong. «C’est parce que ces activités de prévarication étaient bien cachées.»

Boycotter le «modèle chinois»

Richard Dowden, directeur de la Société Africaine Royale du R.U., fit remarquer un jour que la Chine est plus que d’accord pour traiter avec des pays africains où règne une dictature. C’est parce que le régime communiste aime qui lui ressemble.

L’entrepreneur-chercheur chinois He Yifan, dans un blog, citait le directeur d’agence d’une compagnie de construction d’outremer disant qu’au Nigéria la corruption se fait ouvertement. Quand les fonctionnaires préparent les budgets de projets, ils y incluent des pots-de-vin pour eux-mêmes comme partie intégrante du coût. C’est exactement ce que font les fonctionnaires chinois corrompus.

Les dictateurs africains poussés par l’intérêt particulier ne tiennent pas à rompre la «diplomatie de ressources»  avec la Chine car ils y ont gagné des bénéfices énormes.

L’aide chinoise à l’Afrique – fournie par différents niveaux d’organisations gouvernementales, y compris le Ministère du Commerce, d’autres ministères et bureaux provinciaux – par exemple, manque considérablement de transparence.

Les cadres officiels de haut rang ont également des quotas flexibles quand ils vont en visite à l’étranger. Si bien qu’il est bien difficile de déterminer le montant total de l’aide. Ceci a couvert la corruption des deux côtés.

Mais de plus en plus d’Africains développent une aversion envers le «sauveur venu de l’est». Ils se plaignent du manque de considération des firmes chinoises pour l’écologie locale. Les activités minières et d’abattage endommagent sérieusement l’écologie.

De plus, le mépris des firmes chinoises pour la sécurité des travailleurs a causé des accidents fréquents et coûté des vies. Il y a même eu des incidents où des employeurs chinois ont tué des ouvriers africains.

Les entreprises africaines se plaignent aussi que le fort soutien financier du gouvernement chinois aux entreprises chinoises a rendu la concurrence extrêmement difficile pour les firmes locales. On a aussi rapporté certains accidents résultant d’une mauvaise qualité de la construction de routes et d’hôpitaux bâtis par les Chinois. La liste n’en finit pas.

Malgré ce terrible état de service, les firmes chinoises ne cessent de grandir en Afrique, parce qu’elles ont mis dans leur poche les fonctionnaires locaux et les inspecteurs afin d’échapper à toute punition. Leurs produits – des aliments aux ponts et aux routes – sont fréquemment dangereux, mais ces firmes achètent souvent fonctionnaires ou juges afin d’éviter une punition en cas de plaintes de la part des consommateurs ou des environnementalistes.

Peu de Chinois douteraient de la crédibilité des éléments ci-dessus, car les entreprises chinoises pratiquent de la même manière en Chine. On conduit ses affaires en complicité avec le gouvernement et en graissant la patte aux fonctionnaires pour obtenir ouvertures économiques et protection politique.

Rien ne les arrête, elles détruisent l’environnement, génèrent de faux chiffres de PNB, gèrent leurs sites de travail avec des mesures de sécurité déplorables, négligent la sécurité des travailleurs, et exploitent les ouvriers comme outils de production. Ici aussi, leurs produits, des aliments aux ponts et aux routes, manquent souvent de fiabilité, mais grâce au graissage de patte d’officiels ou de juges elles évitent les sanctions.

Le modèle chinois, marqué par la corruption, l’exploitation des ressources, et le mépris à la fois de l’environnement et du bien-être des personnes, s’est étendu de par le monde par le biais d’investissements en outremer.

L’Équateur est sur le point d’en goûter l’amertume du fait que son gouvernement envisage de vendre un tiers de sa jungle amazonienne à une compagnie pétrolière chinoise. Sept tribus locales se battent sur place contre ce plan. Je souhaite que le peuple équatorien tire les leçons de la situation africaine et empêche les firmes chinoises d’entrer. C’est le seul moyen de sauver leur terre natale.

Après avoir été appliqué en Chine pendant près de trente ans, le modèle chinois a produit un PNB sanglant et toxique grâce aux abus sur l’environnement et sur l’avenir du peuple chinois, et a fait de la Chine le plus grand berceau de milliardaires dans le monde ainsi que le pays le plus pollué, aux taux de cancer élevés.

Zhu Houze, chef de la propagande en Chine de 1985 à 1987, émit l’avertissement sur son lit de mort de ne pas propager le modèle chinois aux pays d’outremer. «Ce modèle s’est montré nocif pour plus d’un milliard de Chinois. Nous ne pouvons pas continuer en nuisant aux autres pays», déclarait-il.

La Chine dépend maintenant lourdement des ressources étrangères. Il lui faut abandonner son modèle chinois actuel, que le monde trouve ignominieux, afin d’obtenir des ressources. Sans cela, un jour le monde civilisé s’unira contre la Chine pour la boycotter. À ce moment-là, d’«orphelin de l’Asie» la Chine deviendra «orphelin du monde».

He Qinglian est un auteur et économiste chinois très en vue. Actuellement basée aux Etats-Unis, elle a signé «les Périls de la Chine», qui concerne la corruption lors de la réforme économique dans la Chine des années 1990, et «le Brouillard de la Censure: Contrôle des Média en Chine», qui aborde la manipulation et la restriction de la  presse. Elle écrit régulièrement sur les questions sociales et économiques de la Chine contemporaine.

Version en anglais: ‘China Model’ Harms the World

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