Record de surpopulation carcérale dans les prisons françaises

Écrit par Caroline Chauvet, Epoch Times
19.06.2013

  • La prison des Baumettes à Marseille, tristement célèbre pour sa grande insalubrité. (AFP PHOTO/ Anne-Christine Poujoulat)

67.977 détenus pour seulement 57.235 places : c'est le triste bilan sur les prisons françaises qui a été révélé lundi 17 juin dernier. Il s'agit d'un nouveau record, établi le 1er juin. Le chiffre est à replacer dans la continuelle augmentation du nombre de prisonniers en France. Le 1er mai déjà, 67.839 personnes étaient détenues pour le même nombre de places.

Un rapport parlementaire publié en janvier explique le caractère « endémique » du phénomène, qui ne touche pas que la France. Mais il juge pour autant la situation « alarmante ». Ce même rapport établit que la surpopulation carcérale entraîne l'augmentation de l'insalubrité, de la proximité, des violences et fait état d'un personnel dépassé par la situation.

« On pourrait objecter que la France compte chaque année 350.000 personnes de plus ; il faut en tenir compte », tempérait Pierre-Victor Tournier,  l'un des meilleurs spécialistes de démographie pénale, interrogé le 3 juin par Le Monde, en réaction au bilan de mai 2013. De même, les entrées en prison ont diminué. « Le taux de croissance annuel de la population sous écrou était de 10 % en janvier 2012, nous sommes à 3 % », explique le spécialiste. Mais la durée moyenne du temps de placement sous écrou serait quant à elle en hausse. Elle serait due notamment, selon M. Tournier, aux peines planchers, instaurées en 2007 : « On est passé de 8,4 mois en 2007 à 10,2 mois en 2012, c'est énorme ».

Manifestations

Le premier syndicat pénitentiaire, l'Ufap-Unsa Justice, a profité de la publication du nombre de détenus pour manifester hier. Les surveillants de prison en colère ont interdit l'accès à plus d'une centaine d'établissements. Pour le secrétaire général adjoint du syndicat Stéphane Barraut, « il s'agit de bloquer l'institution ».

Dans le Nord, région de la maison d'arrêt de Sequedin, d'où s'était évadé Redouae Faïd le 13 avril dernier, la quasi-totalité des prisons étaient bloquées. Des manifestations ont également eu lieu à Amiens, à Fleury Mérogis (Essone), ou bien à Fresnes, (Val-de-Marne). Des rassemblements ont été observés devant plusieurs centres pénitentiaires de l'Ouest, notamment à Nantes. Dans la prison des Baumettes à Marseille, tristement célèbre pour son état de délabrement, une cinquantaine de gardiens bloquaient l'entrée quelques heures durant.

Le syndicat Ufap-Unsa Justice dénonce la surpopulation carcérale, le sous-effectif du personnel, mais aussi le manque de moyens ainsi que certaines mesures contribuant au « démantèlement de [la] sécurité » des établissements et du personnel. Les gardiens affirment que par exemple que depuis l'interdiction des fouilles systématiques en 2009, instituée dans l'article 57 de la loi pénitentiaire, il est devenu facile pour les détenus de se procurer divers objets et substances. Ils convoquent l'exemple de Redouane Faïd qui s'était évadé à l'aide d'explosifs et d'une arme de poing.

Afin d'améliorer la sécurité des prisons, la ministre de la justice Christiane Taubira a proposé un plan de 33 millions d'euros début juin. Il prévoit notamment l'implantation de nouveaux portiques et de détecteurs manuels, mais aussi un renforcement de la vidéo surveillance pour lutter contre les projections, surtout depuis l'extérieur vers l'intérieur de la prison.

L'annonce de ce plan n'a pourtant pas empêché les surveillants pénitentiaires de manifester hier.  « On attend de voir concrètement ce que cela va apporter sur le terrain », explique M. Barraut.