La police de Pékin admet la détention du réalisateur Du Bin

Écrit par Shannon Liao, Epoch Times
19.06.2013
  • Du Bin, le 27 avril dans un magasin de livre à Hong Kong, pour la première projection publique de son documentaire Des femmes au-dessus des têtes de fantômes. Les autorités de Pékin ont récemment admis avoir placé Du en garde à vue pour des raisons indéterminées. (Pan Zaishu/Epoch Times)

Les autorités de Pékin ont admis le 13 juin que le militant des droits de l’homme et reporter-photographe, Du Bin, qui a disparu le 31 mai, avait été placé en garde à vue.

Deux jours avant son arrestation par des agents de sécurité chinois, Du Bin a partagé ses réflexions lors d’une interview  pour  New Tang Dynasty Television (NTD).

Le photographe et cinéaste de 41 ans avait récemment documenté les conditions extrêmes des camps de travail chinois dans son film intitulé Des femmes au-dessus des têtes de fantômes. De nombreux détenus du camp de travail sur lequel il s’est focalisé, nommé Masanjia, étaient des adeptes de Falun Gong, une pratique spirituelle traditionnelle en proie à la persécution en en Chine.

Le documentaire comprend des descriptions graphiques d’une torture violente et atroce, conçue par les gardes à Masanjia et menée systématiquement contre les adeptes du Falun Gong, et parfois des pétitionnaires.

Quand on lui a demandé pourquoi il a choisi de se concentrer sur le Falun Gong, connu pour être un sujet politiquement très sensible en Chine, compte-tenu de la persécution du Parti communiste chinois sur les pratiquants, il a déclaré: «En fait, c’est assez simple. Parce que je suis un être humain».

Il a ajouté: «Mes amis m’ont dit avant de ne pas toucher à la question du Falun Gong, car quiconque y touche meurt. J’ai ri, en disant que je me moquais de ce que les gens croyaient. En premier lieu, ce sont tous des personnes, deuxièmement, il y a des femmes, et troisièmement, nous avons tous vu le jour grâce à une femme... Si vous pouvez tolérer ces choses, alors vous n’êtes pas un être humain». Son documentaire repose sur les descriptions des tortures subies par un personnage féminin, Liu Hua, notamment une torture portant sur les vagins des femmes.

Du a dit qu’il savait qu’il avait pris de grands risques en faisant ce film, mais «il y a certaines choses que vous faites tout simplement, et si vous ne le faites pas, vous le regretterez dans le futur».

S’ajoute probablement à la colère des autorités contre Du, le livre de 600 pages qu’il a publié à Hong Kong sur le massacre de la place Tiananmen de 1989, qui comprend des anecdotes détaillées de la répression militaire sanglante.

«Nous ne devrions pas montrer notre peur à la face de quiconque ou d’un quelconque régime», a-t-il déclaré à NTD dans l’interview. «C’est cela le vrai pouvoir, le pouvoir de dire la vérité».

«Pourquoi tous les intellectuels chinois sont-ils restés silencieux?», a-t-il questionné. «Sur ce point, je suis vraiment rempli de regrets.»

Du a été détenu cinq jours avant l’anniversaire du massacre de la place Tiananmen, une période où les autorités communistes arrêtent généralement plus de militants et de dissidents.

Selon l’Associated Press, Du Jirong, la sœur de Du Bin, a été informée le 13 juin par un officier de police de la gare You’anmen à Pékin que son frère était gardé dans un centre de détention. Cependant, la famille n’a pas reçu de notification officielle sur le sujet, a-t-elle précisé.

Dans un communiqué publié peu après la disparition de Du, Catherine Barber, directeur des programmes d’Amnesty International, a indiqué que l’arrestation pouvait être liée à l’activisme de Du.

«Du Bin a fait un vaste travail pour les médias en  dévoilant la torture et les conditions déplorables de la rééducation dans les camps de travail», a-t-elle déclaré. «Cela pourrait bien être un cas où les autorités chinoises essayent de faire ‘disparaître’ le propagateur d’un sifflement gênant et un critique du gouvernement».

Version en anglais: Beijing Police Admit to Detaining Filmmaker Du Bin

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