Changer sa façon de vivre pour perdre du poids

Écrit par Catherine Keller, Epoch Times
23.06.2013
  • Manger des fruits en collation, choisissez-les de saison et bien mûrs pour qu’ils vous apportent le plein de plaisir et d’énergie. Vous pouvez en faire des smoothies avec quelques glaçons, un peu d’eau et du stevia, ou du sucralose (sucre produit par synthèse grâce à une chloration sélective du saccharose, sucré, il n’est pas absorbé par le corps), pour rehausser la saveur des fruits. (Photos.com)

Vous vous sentez mal dans votre corps, trop à l’étroit dans vos vêtements et sans énergie? C’est le moment de vous prendre réellement en main. Voyez cela comme une nouvelle façon de vivre et non comme un régime, le énième qui va vous faire craquer et vous démotiver.

Oublier le mot régime

Régime signifie privation et privation signifie échec. Perdre des kilos et maintenir son poids santé ne doit pas être une punition. C’est un effort qui conduit à modifier sa vie pour acquérir un corps qui permet de vivre mieux. Remplacez ce mot par «ma nouvelle façon de vivre». Le problème du surpoids et de l’obésité est très complexe. Pour le résoudre, il faut adopter une approche holistique. Si par le passé, les médecins se contentaient de vous envoyer chez un diététicien, les spécialistes se sont aperçus que le problème est bien plus complexe.

À l’hôpital universitaire de Genève, le service de diabétologie et d’obésité est dirigé par le professeur Golay, président de la société suisse d’obésité. Il a mis au point un programme d’encadrement qui permet aux personnes en surpoids ou obèses, pouvant avoir des troubles du comportement alimentaire, d’acquérir les bonnes habitudes qui leur permettront de vivre dans un corps plus léger et en bonne santé.

Il travaille sur trois points qui sont liés les uns aux autres. Il s’agit de l’alimentation, de l’activité physique et du comportement alimentaire. Ce dernier étant déterminant.

La motivation

Elle permet de tenir le cap mais est souvent très difficile à maintenir sur le long terme. S’y tenir serait, par exemple, de mettre par écrit tout ce qui vous pèse, les kilos bien sûr mais aussi leurs effets sur votre corps, votre mobilité, votre tonus et votre moral. Faites une liste des avantages et des inconvénients que vous auriez à perdre du poids ou à le conserver.

À partir de là, utilisez ce qui est le plus important pour vous comme leitmotiv. Par exemple, prenez-vous en photo sans cacher vos défauts. Faites-en un tableau que vous pourriez mettre aux endroits stratégiques, pour vous motiver et garder en mémoire ce que vous ne voulez et ne serez plus jamais. Si votre mobilité est entravée pas ces kilos, lancez-vous le challenge d’arriver un jour à vous bouger comme vous l’entendez. Surtout, ayez de la patience et de l’endurance, toute conquête ne se fait pas en un jour.

Plus on a de kilos à perdre, plus il faut du temps. Mais au fil des semaines, la différence se fait sentir. Tenir un journal en prenant soin de noter régulièrement ses problèmes et ses améliorations, permet d’appréhender le chemin parcouru. Quand on se décourage et que l’envie de retrouver ses mauvaises habitudes vous taraude, la lecture de ce journal constitue une aide précieuse.

No stress

Facile à dire, mais c’est un travail à faire sur soi qui prend aussi du temps. Là encore, l’écriture peut se révéler une aide pour se recentrer, voir où on en est, décider où on veut aller et comment. On ne peut que rarement changer les gens et les situations qui provoquent du stress. Ce qu’on peut changer, c’est sa propre façon de voir les choses.

- Savoir déléguer

- Développer l’assurance en soi

- Avoir de l’estime de soi

- Se respecter

- Se faire respecter sans rancune

ou agressivité

- Apprendre à décompresser grâce

au qi gong, au yoga ou à la méditation

- Établir une routine permet d’acquérir une certaine tranquillité

- Le matin, établir une liste des choses à faire sans trop la charger et s’y tenir

- Apprendre à lâcher prise quand on ne peut faire autrement

  • Arrêtez de vous fâcher avec votre balance. (Photos.com)

S’aimer

Accepter son corps. Il n’est pas parfait, même en perdant du poids, il est fort possible que la silhouette de rêve ne soit pas au rendez-vous. Ce qui est important, c’est d’être bien dans son corps, apprenez à l’aimer, à vous aimer. Un test infaillible pour savoir si vous vous aimez est de vous regarder dans un miroir avec tendresse et de dire «je t’aime» à votre reflet. Sachez que si vous vous aimez, vous allez rayonner et attirer l’amitié et l’amour des autres. Un corps parfait ne rime pas avec épanouissement, oubliez cette idée, elle est fausse. Regardez autour de vous et vous verrez que des femmes et des hommes qui ont une bonne estime d’eux-mêmes attirent beaucoup plus qu’une jolie silhouette mal dans sa peau.

N’hésitez pas à vous faire aider, il n’y a pas de honte à consulter un psychologue. Un œil extérieur permet d’y voir plus clair. Il connaît des astuces pour vous aider à avancer. Il y a plusieurs thérapies utiles comme l’hypnose médicale, la thérapie cognitivo-comportementale, l’art-thérapie, la danse-thérapie…

L’alimentation

Un diététicien adaptera un programme alimentaire pour chaque personne en fonction de ses besoins calorifiques mais aussi de ses goûts et de ses habitudes. C’est le cas à l’hôpital universitaire de Genève.

Les dernières découvertes ont modifié la pyramide alimentaire. L’apport nutritionnel quotidien est constitué d’une moitié de légumes et de fruits, d’un quart de féculents, glucides et d’un quart de protéines. Les personnes qui suivent le programme établi par l’hôpital universitaire de Genève apprennent à cuisiner avec moins de matières grasses, mais davantage de saveurs. Elles découvrent également la composition des aliments, par exemple, une poignée de cacahuètes vaut six cuillères à café d’huile, une canette de Coca-Cola équivaut à sept morceaux de sucre.

Pourquoi manger différemment

Quand des aliments tels que le sucre blanc, le pain blanc, l’alcool… arrivent dans l’organisme, celui-ci envoie un message au pancréas pour qu’il sécrète de l’insuline afin de les digérer. On observe alors un pic glycémique dans le sang juste après avoir mangé. Cela se manifeste par de la somnolence et dans le corps, les glucides en excès seront stockés dans le foie, puis dans les cellules adipeuses qui vont grossir jusqu’à faire apparaître des bourrelets. À la longue, cela peut provoquer un diabète de type 2.

Quant aux graisses, nous avons besoin de matières grasses, mais en quantité limitée (trois cuillères à soupe par jour). Il ne s’agit pas de n’importe quelle graisse. Les graisses saturées que l’on retrouve dans les produits industriels, comme les viennoiseries et les plats pré-cuisinés ou dans les viandes grasses sont à consommer le plus rarement possible. On leur privilégiera des huiles de première pression à froid comme l’huile d’olive, de carthame, de noix…

S’il est recommandé d’éviter de consommer ces aliments, c’est parce que ce sont des calories vides. Elles n’apportent que très peu de nutriments à l’organisme et vont même lui nuire, causant, par exemple, du cholestérol ou du diabète. C’est pourquoi on privilégie les aliments frais, non pré-cuisinés, comme les céréales complètes, les légumineuses, les légumes et les fruits. Ces derniers ont un faible apport calorique, remplissent l’estomac et apportent des fibres qui favorisent le transit intestinal, ainsi que des vitamines dont la vitamine C. Les protéines et les glucides de bonne qualité sont aussi importants. Ils permettent que le repas tienne au corps tout en nourrissant les cellules. L’idée est de manger sainement pour retrouver et garder un poids santé, en évitant la frustration de manquer qui entraînerait forcément l’échec.

Savoir manger

Trop souvent, on avale son repas sans s’en rendre compte. Dans le programme de l’hôpital universitaire de Genève, on prépare joliment les plats, on dresse une jolie table. On s’assied sans télévision, ni radio, ni lecture, mais pourquoi pas en bonne compagnie. Dans un premier temps, on regarde son assiette en analysant ce que l’on ressent avec les yeux, le nez. Puis on déguste : chaque bouchée est goûtée. On recherche sa texture, sa saveur, le plaisir que cela nous procure. On mange lentement, en mâchant longtemps et en posant fourchette et couteau à chaque fois. À chaque bouchée, on analyse ce que l’on ressent.

On sait qu’il faut vingt minutes au cerveau pour enregistrer que l’on a mangé. Quand on mange trop vite, on mange facilement trop et on oublie les notions de faim et de satiété. Ce moment arrive quand l’aliment perd de sa saveur, que l’estomac se remplit, c’est le moment d’arrêter de manger. Cette façon de se nourrir permet de se sentir rassasié, satisfait, limitant le grignotage entre les repas. Par ailleurs, la digestion se fait mieux.

Se bouger

Même si au début, cela peut être très dur et démotivant, voire rebutant, c’est un point très important pour garantir un bon état de santé. Plus on bouge, plus on consomme de calories. De plus, le système cardiovasculaire s’active et se fortifie.

La patience et la persévérance seront récompensées. L’idée est de se forcer un peu, juste ce qu’il faut pour améliorer ses capacités, mais sans se décourager. On sort de son canapé pour se bouger et faire des activités agréables. La réussite réside dans le fait que l’activité devienne un plaisir avec la satisfaction de se sentir plus léger, plus souple, plus agile et finalement plus jeune.

Il faut bouger selon ses capacités. Pour les personnes en surpoids, l’eau est l’élément le plus accessible, puisqu’elle porte le poids. L’idéal est de se bouger au moins trente minutes de suite par jour. Mais le plus important est de ne pas être sédentaire. Monter les escaliers au lieu de prendre l’ascenseur, marcher à son rythme sur de petites distances, descendre un arrêt de bus plus tôt, se donner à des activités agréables dans la journée.

Cherchez de l’aide, là encore. Trouvez un partenaire pour aller vous promener, nager, danser, inscrivez-vous dans des cours de gym, de yoga, de Pilate ou de salsa et entraînez vos amis avec vous.

  • Le professeur Golay a écrit plusieurs ouvrages dont Maigrir sans stress, paru aux éditions Payot et Bien vivre avec sa maladie, coécrit avec le professeur André Giordan aux éditions JC Lattès. (HUG)

Une perte de poids durable sans douleur, ni frustration. Rencontre avec le professeur Golay

Le professeur Alain Golay est médecin-chef du service d'éducation thérapeutique pour maladies chroniques, obésité et diabète du département de médecine communautaire et premier recours des hôpitaux universitaires de Genève. Après avoir suivi sa formation de médecin diabétologue à Lausanne, il a travaillé à l’hôpital universitaire de Stanford en Californie, auprès du professeur Gerald Reaven qui a découvert le syndrome métabolique. De retour en Suisse, il a travaillé 17 ans avec le professeur Assal dans le service de diabétologie de l’hôpital universitaire de Genève.

À ses côtés, il a collaboré au développement d’un système éducatif thérapeutique auprès des patients diabétiques. Les résultats sont éloquents: les personnes ayant suivi ces cours ont vu diminuer les complications dues au diabète – amputation, cécité –, de 90%. Ils ont remarqué que la très grande majorité des personnes diabétiques de type 2 sont en surpoids, voire obèses. Faisant le rapprochement avec le syndrome métabolique, la déduction était vite faite: pour prévenir le diabète et autres maladies liées au syndrome, il fallait lutter contre le surpoids et l’obésité.

Être centré sur la personne

Le service du professeur Golay bénéficie d’une réputation mondiale. En 17 ans, 53 séminaires sur le sujet ont été organisés. Une formation de 8 à 10 semaines a été proposée aux professionnels de la santé, au bout de laquelle un diplôme est délivré. Cette formation permet de donner des cours d’éducation thérapeutique pour les différentes maladies chroniques, près d’une cinquantaine, dit le professeur Golay. «Pour qu’un patient suive son traitement, il faut qu’il y adhère. Le soignant doit être centré sur l’individu, ses besoins, ses ressources, ce qu’il peut faire pour améliorer sa qualité de vie. Nous avons entre 30 et 40 modèles d’approches tant physiques que psychologiques à adapter à chaque personne. En fait, nous négocions ce qu’il peut faire sans que cela lui coûte trop cher», explique  le professeur Golay.

Cette méthode s’applique à toutes les maladies chroniques, du fait que pour chacune d’elle, il faut que le patient change sa façon de vivre, s’il veut pouvoir vivre dans des conditions acceptables malgré elle. «Vous prenez le cancer, par exemple. Une fois traité, pour éviter les rechutes, il est impératif que la personne modifie son hygiène de vie. S’il continue de vivre comme avant, il y aura rechute puisqu’on n’a pas enlevé la cause», dit-il.

«Nous proposons au patient de repenser ses priorités de vie, de prendre soin de tout son être, de se donner le temps de vivre. Trop souvent, les personnes obèses ont une piètre image d’elles. La plupart sont timides, fragiles, c’est un parcours de vie très douloureux qui les a amenées à l’obésité. Nous leur apprenons à chercher le succès plutôt que de rester sur des erreurs. Je dis souvent que grâce à la maladie nous pouvons faire mieux», précise le professeur Golay.

Pour maigrir, il est nécessaire de réduire son niveau de stress, car ce dernier non seulement fait grossir mais tend en plus à empêcher de maigrir. «Il y a quatre axes pour lutter contre le stress», avance le professeur Golay.

1 - Planifier et anticiper. Faire la différence entre ce qui est urgent et ce qui est important. Ce qui est urgent n’est peut-être pas important, apprendre à déléguer.

2 - Gérer son entourage, éviter les gens qui nous stressent, apprendre à leur répondre, détecter les saboteurs de régime et les mettre face à leur antagonisme: est-ce qu’on proposerait de la cocaïne à une personne en sevrage? Vous pensez que la comparaison est un peu forte et pourtant c’est du même registre.

3 - Les trois R, des Repas équilibrés, assez de Repos et de bonnes Relations.

4 - Travailler sur la distorsion cognitive, comme ne jamais être content, mettre la barre trop haute, ce qui entraîne l’échec. Pour cette partie, il est possible que le patient ait besoin d’un professionnel.

  • Se motiver avec une amie, c’est plus facile. (Photos.com)

Un parcours souvent semé d’embûches

Il y a principalement trois grandes difficultés que les personnes en surpoids rencontrent dans leur parcours. La discrimination, très répandue. Les gens ne connaissent pas les problèmes qui entraînent l’obésité et pensent généralement que les obèses sont négligés, voire dégoûtants. C’est pourtant souvent le contraire. Ils ont besoin de tout maîtriser et sont très sensibles, mais anesthésient leurs émotions en mangeant. De ce fait, plus la personne obèse fait face à la discrimination, plus elle perd l’estime d’elle, plus l’émotion sera forte et plus il sera difficile de résister à la tentation.

La deuxième grande difficulté pour perdre du poids est le sport. On sait que sans activité physique, il est très difficile de maigrir. Or, plus on est lourd, plus il est difficile de se mouvoir. L’eau est le seul lieu où cela est possible mais le regard des autres freine la majorité des obèses.

La troisième grande difficulté vient de notre société «obèsogène». La malbouffe est partout, dans les magasins, à la maison, à la télévision, au travail. C’est un peu comme si un alcoolique décide d’arrêter de boire, mais rencontre partout où il va, un verre de bière ou un verre de vin.

À cela vient s’ajouter un surplus de travail, une non-reconnaissance de son travail, ou une perte d’emploi. Certaines personnes obèses sont en situation de précarité, ce qui entraîne volontiers la dépression. Comme c’est le fait de notre société actuelle, personne n’est épargnée et le professeur Golay et son équipe le subissent de plein fouet. «Bien que notre programme permette une perte ainsi qu'une stabilisation du poids de 65% des patients sur plus de 5 ans, nous rencontrons de grosses difficultés à cause des coupes budgétaires. Pour moi, c’est une non reconnaissance de notre travail. Il est préférable d’éduquer un patient à vivre correctement avec sa maladie que de le laisser aller et de le revoir quelques mois ou années plus tard pour l’amputer d’un pied!»

Pour en savoir plus:

Service du professeur Alain Golay

www.hug-ge.ch/setmc

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