De la production énergétique centralisée à l’économie circulaire

Écrit par Ivo Paulovic, Epoch Times
27.06.2013

La France, avec ses 19 centrales et 58 réacteurs, investit considérablement dans le domaine nucléaire, détenant un parc considéré parmi les meilleurs mondiaux. Le nouveau réacteur EPR actuellement en construction devrait coûter 8,5 milliards d’euros. Avec la rénovation et l’entretien des centrales vieillissantes dont le coût devrait s’élever à plusieurs milliards d’euros, le système de production actuel d’une énergie centralisée nécessite la construction et le maintien d’un réseau de distribution en recherche de performance.

Un réseau électrique en perte d’énergie

L’énergie électrique ne pouvant être stockée, elle doit transiter sans fin sur des grandes distances. Pour cette raison, la production d’électricité est tenue de s’adapter continuellement à la demande. 96.000 kilomètres de réseaux très haut voltage (THT) ou haut voltage (HT) allant jusqu’à 400.000 volts maillent le territoire français pour distribuer cette énergie. 46 points d’interconnexion avec les autres pays permettent de vendre et d’acheter de l’électricité partout en Europe.

Néanmoins, ce maillage représente aussi plusieurs inconvénients. D’un côté, un débat est en cours depuis les années 80 sur la nocivité des THT pour la santé humaine, la faune et la flore et leur implication dans la création de microclimats par effet électromagnétique. Sans parler de leur aspect esthétique, jugé négatif dans la grande majorité des cas. Toutefois, selon le rapport sur la perte d’énergie dans les réseaux de distribution d’électricité de Mathias Laffont, conférencier à la GREMAQ de Toulouse, les pertes d’énergie globale par effet Joule sur les réseaux électriques en France s’élèvent à 5%. Selon certains experts, sur une distance suffisamment longue, cette perte peut s’élever à 20%. Une solution pour optimiser ces pertes serait de construire un réseau intelligent capable d’éviter des déperditions inutiles.

Une production énergétique mieux adaptée

Testées actuellement, les technologies Smart Grid (réseau intelligent) sont capables d’optimiser le transport d’énergie en couplant le transport de données à celui de l’électricité. L’installation de nouveaux compteurs communicant avec d’autres équipements spécialisés permettrait d’optimiser en temps réel le transfert de l’électricité sur le réseau et de réduire ainsi les distances parcourues par le courant électrique. Les technologies permettant de décentraliser progressivement la production d’électricité sur le territoire sont actuellement en développement.

Ainsi en France, à partir de 2015, les compteurs intelligents Linky devraient équiper les ménages français et leur utilisation devrait être généralisée en 2020. Parallèlement plusieurs sociétés, écoles et laboratoires français, travaillent sur le projet So Grid qui permettrait de définir un standard international dans ce domaine technologique. Ces projets permettront notamment d’établir une circulation à deux sens de l’électricité et la connexion d’une grande quantité d’objets «intelligents» à une multitude de sites de production d’électricité telles que les éoliennes ou les panneaux photovoltaïques.

Produire de l’énergie sur place, en évitant la centralisation excessive s’inscrit dans la logique d’un développement productif localisé. Pour éviter des excédents et les pertes d’énergie, une production à petite échelle, plus diversifiée et surtout beaucoup plus proche du consommateur est envisageable.

Dans ce contexte, le gouvernement affiche son soutien aux entreprises innovantes dans le domaine du développement durable impliquant une amélioration globale de notre système de consommation d’énergie. Fin mai, Delphine Batho, la ministre de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie, s’est rendue aux Pays-Bas pour rencontrer son homologue néerlandais au sujet de l’économie circulaire. L’économie circulaire est différente de celle linéaire qui consiste à extraire, fabriquer, consommer puis jeter les produits sans penser à la pérennité du système. En France, le président de l’Institut de l’économie circulaire, François-Michel Lambert l’explique sur le site internet du ministère du Développement durable: «L’économie circulaire, c’est faire de nos déchets des matières premières. D’abord, les prix des matières premières –les déchets – sont connus à l’avance. Ensuite, les impacts environnementaux sont d’autant moins coûteux pour les entreprises qu’elles rendent leurs déchets, devenus des ressources pour d’autres. Enfin, ce système est créateur d’emplois locaux non délocalisables.»

Produire sans déchets, vers une économie circulaire

Une production dépourvue de déchets, c’est ce qui était la norme il y a encore quelques décennies, lorsque la production d’objets jetables n’était pas encore en circulation et que les industries modernes en étaient à leurs balbutiements. Aujourd’hui, ce mode de consommation semble très éloigné, voire archaïque. Le marché de la consommation est inondé d’objets dont la durée de vie est parfois de moins d’un an. Des biens consommables dont la fabrication s’avère énergivore et polluante, à l’image des produits technologiques multimédias de pointe, qui sont jetés en moyenne après 24 mois d’utilisation.

Malgré cela, progressivement, de nouvelles techniques de production et de consommation d’énergie voient le jour. L’invention de Jeffrey Van Middlebrook permet par exemple de capter sous forme liquide plusieurs composantes des fumées provenant de la combustion du charbon et de les utiliser directement au lieu de les rejeter dans l’atmosphère.

Le projet Éco-village Cité Serre de la société ESETA étudie la possibilité qu’une collectivité de 200 habitations soit autonome énergétiquement, grâce à l’intégration au sein de la cité des cycles de l’eau, de la nourriture et du recyclage presque complet des déchets. Toutes les matières sont utilisées plusieurs fois et ce type d’éco-habitation permet d’obtenir un rendement énergétique presque positif.

Ces solutions à taille humaine, proches des citoyens, sont avantageuses pour plusieurs raisons. D’un côté, elles suppriment le long acheminement des énergies et des produits de consommation et de leurs pollutions conséquentes; de l’autre, elles peuvent apporter des nouvelles opportunités de travail distribué, en donnant accès à une énergie propre et moins chère. Ajouté à cela, d’un point de vue démographique, elles permettent comme l’exemple de la ville de Güssing en Autriche, de stopper l’exode rural et de maintenir un cadre de vie dynamique, même à la campagne.

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