L'ex-dirigeant du régime chinois est de plus en plus isolé

Écrit par Matthew Robertson, Epoch Times
30.07.2013
  • Xi Jinping, le dirigeant suprême chinois. Xi semble avoir conçu d’affaiblir le pouvoir de l’ancien dirigeant du régime Jiang Zemin depuis qu’il est devenu le chef du Parti en novembre dernier. (Goh Chai Hin/AFP/Getty Images)

L’ordre dans lequel les noms des dirigeants du Parti communiste chinois apparaissent dans les annonces officielles est souvent un indicateur familier de leur poids politique. De ce fait, lorsque le nom de Jiang Zemin – ex-dirigeant du régime – a intégralement fait défaut dans une liste récente de dignitaires ayant envoyé leurs hommages dans le cadre du décès de chercheurs officiels, les commentateurs n’ont pu s’empêcher d’y décrypter une signification plus large.

D’autant plus que cela s’est produit deux jours après que le ministère des Affaires étrangères a publié sur son site Internet un éloge, dicté par Jiang lors de sa rencontre avec Henry Kissinger, concernant le nouveau chef du Parti Xi Jinping et ses nouvelles politiques audacieuses.

On signale que Jiang aurait déclaré : «Xi Jinping est un chef extrêmement sage et capable.» Il a salué «la décision résolue» de M. Xi lors d’un récent resserrement de la sécurité dans le Xinjiang, une région qui souffre périodiquement de violence ethnique, et sa rencontre «très franche» en juin avec le président Obama en Californie.

Il semble que Xi n'a pas renvoyé l'ascenseur à Jiang. Pour l’enterrement du professeur Zhou Kaida de l'Université agricole du Sichuan le 23 juillet, Xi Jinping et Hu Jintao (l’ancien chef du Parti) ainsi que les actuels et anciens premiers ministres, Li Keqiang et Wen Jiabao, étaient tous représentés. Mais pas de Jiang, qui fut le chef du Parti communiste chinois avant Hu Jintao.

Le 24 juillet, à la mort d’un autre académicien du Parti, Wang Keming, de l’Académie chinoise des sciences à l’Université du Shandong, le nom de Jiang était également introuvable.

Rien de si étrange si Jiang Zemin n’était pas connu pour attacher une telle importance à son statut dans les annonces officielles. Son règne en tant que chef de parti, de 1989 à 2002, a été marqué par des manifestations grandiloquentes régulières, la publicité autour des évènements, avec un mouvement régulier de cérémonies «d’inscription», où Jiang exprimerait ses sages paroles, issues parfois de vieux dogmes communistes, griffonnées sur des tablettes devant être accrochées en bonne place dans les bâtiments du Parti à travers la Chine.

Aussi avant le 18e Congrès, où Xi Jinping a été nommé en tant que nouveau chef suprême, quasiment lors de tous les conciliabules majeurs du Parti, Jiang aurait ostensiblement été cité juste derrière Hu Jintao. Lors des Jeux olympiques en Chine en 2008, Jiang s’est placé au centre de l’ensemble des dirigeants, malgré qu'il n'ait pas occupé de poste officiel et qu'il n'était plus au pouvoir depuis plus de quatre ans.

Maintenant, par un protocole plus orthodoxe, étant le second en charge, le premier ministre Li Keqiang est cité derrière Xi Jinping.

L’exclusion de Jiang des récentes condoléances funéraires et le dernier éloge concernant Xi ne sont que deux des signes les plus récents du fait qu’il perd de l’influence, sans doute à contrecœur. Sa contribution au canon théorique du communisme chinois, appelée les «Trois représentations», a également été laissée de côté dans la circulaire idéologique du Parti du 27 mai, soulignant la nécessité d’effectuer des travaux d'inculcations politiques sur les jeunes éducateurs. Toutes les autres doctrines, de Karl Marx à Hu Jintao, ont été considérées.

Ren Baiming, un observateur de l’actualité chinoise aux États-Unis, a déclaré dans une interview avec New Tang Dynasty Television (NTD) que «Hu Jintao et Wen Jiabao ont formé un pacte stratégique avec Xi Jinping et Li Keqiang. Ils ont un accord mutuel. Cela prouve que l’influence de Jiang a été grandement affaiblie».

On peut remonter jusqu’à la fin de novembre 2012 pour suivre les changements, lorsque le nom de Jiang Zemin est apparu derrière Hu Jintao et Xi Jinping lors de l’annonce de la mort de l'évêque Ding Guangxun.

Puis, en janvier 2013, il est apparu derrière le rang formé par le tout nouveau Comité permanent, établi lors du 18e Congrès du Parti en novembre 2012.

Xing Tianxing, un autre commentateur des affaires du Parti, a déclaré à NTD que «l'endroit précis où se trouvent les dirigeants du Parti a toujours attiré l’attention, principalement du fait que les médias du Parti sont étroitement contrôlés par le Département de la propagande». C’est pourquoi, affirme-t-il, cela reflète directement la situation à l’intérieur du Parti, «les luttes internes et les rapports de force».

En dehors du monde symbolique exceptionnel du Parti, une série de changements a été concrétisée dans le monde réel, changements institués par Xi Jinping qui ont affaibli la position de Jiang Zemin.

Xi a, par exemple, «parachuté» ceux du camp de Hu Jintao dans des postes locaux à travers la Chine, dans ce que les analystes considèrent comme une tentative visant à affaiblir les réseaux d’influence et le clientélisme développé par Jiang Zemin durant sa décennie au pouvoir.

Cependant, le plus remarquable aura été le changement dans la structure qui contrôle l’appareil de sécurité, déployé l’année dernière lors de l’ascension de Xi. Auparavant, la Commission des affaires politiques et législatives (CAPL) était sous le contrôle des cadres entièrement fidèles à Jiang Zemin, et ces hommes étaient juchés au sein du Comité permanent du Bureau politique du Parti communiste chinois. Le Comité permanent est un sous-groupe du Politburo, comprenant actuellement sept membres, et il s'agit de l’organe le plus puissant en Chine.

Sous Xi Jinping, le contrôle de la CAPL a été retiré des mains d’un acolyte de Jiang, et le chef de l’appareil de sécurité s’est vu rétrogradé au rang de membre du Politburo, non plus du Comité permanent, ce qui renforce le niveau de contrôle que la direction centrale est en mesure d’exercer.

Un certain nombre de fonctionnaires associés à Jiang et son vaste réseau politique, notamment Liu Tienan, l’ancien directeur de l’Administration nationale de l’énergie, Li Chuncheng, ancien vice-secrétaire du Parti au Sichuan, et d’autres ont également été écartés à la fin de l’année dernière et cette année dans ce qui constitue apparemment des enquêtes sur la corruption.

Chang Chun de NTD a contribué à cet article.

Version anglaise: Former Chinese Regime Leader Left Off List of Dignitaries

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