Spéculations autour de l’intrusion chinoise en Inde

Écrit par Venus Upadhayaya, Epoch Times
06.07.2013
  • Un poste de garde militaire indien sur la route du lac de Pangong, le 5 octobre 2012, près de Leh, dans le Ladakh, en Inde. Le Ladakh est niché entre la montagne Kunlun au nord et l'Himalaya au sud. C'était autrefois un ancien royaume bouddhiste et, depuis plus d'un demi-siècle, c'est un avant-poste militaire stratégique pour l'Inde. Récemment, il y a eu une confrontation dans la région entre l'armée indienne et chinoise. (Daniel Berehulak/Getty Images)

Après une récente confrontation entre l'armée indienne et chinoise, les deux pays affirment que le statu quo a été maintenu sur la ligne de contrôle effectif dans la région du Ladakh à l'extrême nord de l'Inde. Les spéculations sur la raison de l’intrusion des soldats chinois sur le territoire indien persistent encore et sont plutôt variées.

«L’intrusion est une question très complexe en elle-même, car les frontières ne sont pas définies. Des incursions ont souvent lieu mais, cette fois comme par le passé, l'Inde a eu des objections, car ils ont érigé des structures», a déclaré Rup Narayan Das, de l'Institut d'études et d’analyses sur la défense (IDSA) de New Delhi.

Les frontières entre l'Inde et la Chine ont une longue histoire conflictuelle et la ligne actuelle de contrôle effectif entre les deux pays a été créée après la guerre de 1962. Les deux pays ont par la suite signé trois accords : en 1993, un accord pour maintenir la paix et la tranquillité le long de la ligne de contrôle effectif; en 1996, un accord pour renforcer la confiance mutuelle et la transparence dans le domaine militaire; et, en 2005, un accord appelé «les paramètres politiques et les principes directeurs qui réglementent la frontière Inde-Chine».

«Il y a différentes sortes de spéculations concernant l’intrusion», a déclaré Das. «Certains disent que les Chinois voulaient tester l'Inde et d'autres disent que l'APL [Armée populaire de Libération] a essayé de donner un signal au Parti communiste nommé "les coups de feu".»

Après plusieurs jours de tensions sur le terrain, les deux pays ont rapidement déclaré un retour au statu quo. «L'Inde a mis en place des abris d'étain pour ses soldats après le 15 avril. Quand les Chinois se sont retirés du côté indien de la Ligne de contrôle effectif, l'Inde a également démantelé les structures érigées», a déclaré Das.

Cependant, aucune explication claire n'a été donnée pour expliquer pourquoi l'incursion a eu lieu et sur ce qui s'est réellement passé au niveau diplomatique pour dissiper le conflit. Le 28 avril, les chambres de commerce et de l'industrie associées de l'Inde (ASSOCHAM) sont venues avec un communiqué, «la Chine porte un grand intérêt au marché croissant de l'Inde, et ne peut donc pas lui nuire».

Selon le communiqué, la participation de la Chine dans le marché indien en plein essor est de plus en plus importante et l'excédent commercial annuel actuel est de plus de 30 milliards d'euros et va atteindre 33 milliards d'euros d'ici la fin de l'année en cours.

«À un moment où l'économie chinoise, comme la plupart des autres économies du monde, ralentit, ses exportations vers l'Inde sont vitales. D'une certaine manière, l'engagement économique reste le meilleur moyen de combler toutes les autres différences», a indiqué le communiqué. ASSOCHAM a également indiqué que la Chine représente à elle seule plus de 11 % du total des importations de l'Inde qui revêt un intérêt commercial particulièrement important pour le pays voisin.

Une déclaration commune faite par les deux pays lors de la visite du premier ministre chinois, Li Keqiang, à New Delhi, en mai, indique que rien de nouveau ne s’est produit. La déclaration précise : «Les dirigeants ont exprimé leur satisfaction sur le travail accompli jusqu’à présent sur la question de la frontière par les représentants des deux pays, les a encouragés à faire avancer le processus de négociations et à rechercher le cadre d’un règlement juste, raisonnable et mutuellement acceptable conformément à l'Accord sur les paramètres politiques et principes directeurs.»

La déclaration, toutefois, ne mentionne aucun franchissement par la Chine de la ligne de démarcation de contrôle effectif ni ne comporte d’affirmation afin que de tels incidents ne se reproduisent plus. «En attendant la résolution de la question de la frontière, les deux parties doivent travailler ensemble pour maintenir la paix et la tranquillité dans les zones frontalières en conformité avec les accords précédents», stipule la déclaration.

La Chine et l'Inde ont entrepris quinze fois des négociations de haut niveau afin de régler la question des frontières. Dans le cas d'accords futurs, le gouvernement indien devra se montrer très prudent, car il aura très probablement à faire face à une pression et à des protestations considérables sur son territoire si elle accepte de concéder une partie de son territoire à la Chine.

Il existe déjà une mobilisation anti-Chine liée aux activités chinoises à la frontière indienne. Ce sentiment s’est exprimé clairement au cours de manifestations de groupes nationalistes à Delhi et dans la région de Jammu-et-Cachemire, où se trouve le Ladakh, tandis que Li Keqiang était en visite en Inde.

Version originale : Speculations Still Abound on Chinese Incursion Into India