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En Chine communiste, les ondes courtes sont une fenêtre sur le monde

Écrit par Matthew Robertson, Epoch Times
09.07.2013
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  • Chen Guangcheng, avocat défenseur des droits de la personne, était en visite à Taïwan le 25 juin 2013. Alors qu'il était en résidence surveillée en Chine, la radio à ondes courtes était pour lui une source d'informations essentielles. (Ashley Pon/Getty Images)

Pour des générations de Chinois, les radios à ondes courtes ont parfois été la seule source d'informations indépendantes et véridiques au sujet de ce qui se passe dans le monde et même dans leur propre pays.

Durant la Révolution culturelle dans les années 1960, il s'agissait d'un crime d'écouter les émissions de Voice of America (VOA), qualifiée de «station ennemie» par la propagande chinoise. Amy Xue, qui était adolescente durant les années 1960 et qui travaille maintenant pour un cabinet d'avocats à Washington, D.C., affirme que VOA était sa seule source d'informations durant cette période chaotique et tumultueuse.

«J'avais peur et j'étais excitée», dit-elle de la première fois qu'elle a entendu VOA, avec une paire de gros écouteurs en caoutchouc et en acier que lui avait passés son cousin qui travaillait pour un bureau de télégraphe du gouvernement. Sur une radio ondes courtes de marque Panda, qui était distribuée par l'agence officielle Xinhua, Mme Xue écoutait des leçons d'anglais et des nouvelles au sujet des États-Unis et des développements en Chine.

La VOA avait en partie pour mission d'aider à «l'évolution pacifique» de la Chine, des termes détestés par le Parti communiste chinois et considérés comme un appel à la destruction du régime. Mme Xue dit qu'elle avait très peur d'être prise sur le fait lorsqu'elle écoutait VOA, mais les animateurs semblaient «très amicaux et leurs voix étaient douces».

«C'était très différent des trucs révolutionnaires du Parti communiste, qui étaient très extrêmes et durs», se rappelle Mme Xue. Elle a appris par l'entremise de VOA la mort prématurée de Lin Biao, qui jusque-là avait été le bras droit de Mao Zedong, dans un écrasement d'avion en Mongolie. «J'étais bouleversée. Je n’en croyais pas mes oreilles. Quelques jours plus tard, l'école nous a rassemblés pour nous annoncer la nouvelle.»

Des années plus tard, VOA a de nouveau prouvé son importance pour une autre génération en Chine : les étudiants impliqués dans le mouvement pour la démocratie à la fin des années 1980.

David Tian, développeur associé au Global Internet Freedom Consortium – une coalition contre la censure – et scientifique à l'Université du Maryland, raconte que les émissions de VOA étaient la seule manière pour lui et ses camarades de classe de suivre ce qui se passait quotidiennement durant les mois d'avril, mai et juin 1989, jusqu'au massacre d'étudiants et de résidents à Pékin.

«Même avant, dans les années 1980 quand j'allais à l'université, écouter VOA sur les ondes courtes était une excellente manière d'apprendre l'anglais», affirme M. Tian.

Lors du mouvement de Tiananmen, «tous ceux qui n'étaient pas sur la place étaient essentiellement collés à une radio à ondes courtes durant tous les évènements», explique-t-il. À ce moment-là, écouter des émissions étrangères sur les ondes courtes n'était plus considéré un crime, bien que le régime ait brouillé souvent les signaux. «C'était très difficile d'obtenir une bonne réception», mentionne M. Tian. Lorsque quelqu'un obtenait une bonne réception, alors la chambre du dortoir se remplissait et M. Tian et ses pairs écoutaient les émissions de VOA durant toute la nuit.

Après le massacre, le brouillage «s’est considérablement intensifié», se rappelle M. Tian.

Sans VOA, M. Tian et ses camarades n'auraient rien su des évènements qui se déroulaient en Chine. Personne ne faisait confiance aux diffusions officielles du régime au sujet des évènements de la place Tiananmen. «C'était une source essentielle. Nous faisions vraiment confiance à VOA. Nous ne faisions confiance à rien de ce que le Parti disait.»

Aujourd'hui encore, les Chinois dépendent des ondes courtes pour obtenir des informations non censurées. C'est pourquoi l'avocat non voyant défenseur des droits de la personne, Chen Guangcheng, a réitéré leur importance. M. Chen, après avoir été libéré de prison, avait été placé en résidence surveillée par les autorités de son village.

M. Chen avait le droit d'écouter la radio à ondes courtes. Dans des entrevues qu'il a données à Taïwan dernièrement, M. Chen a dit que pour les nombreux Chinois qui n'ont pas d'ordinateur, «les émissions à ondes courtes sont extrêmement bonnes pour les aider à comprendre ce qui se passe dans le monde. C'est simple et pratique, et c'est difficile à bloquer». Il a ajouté qu'il y avait un «immense marché» pour les ondes courtes en Chine et que ce moyen était encore «extrêmement, extrêmement important».

Dans une entrevue en mars dernier, M. Chen a parlé d'un diffuseur d'ondes courtes en particulier, Radio Son de l'Espoir (RSE), qui tente d'empêcher le démantèlement des sous-stations qu'elle utilise et qui sont gérées par le diffuseur officiel, Radio Taiwan International (RTI). RSE affirme que la démolition de la sous-station de Tianma va gêner ses efforts de diffusion en Chine. RTI affirme que la fermeture était prévue depuis longtemps et qu'il n'y aura pas de conséquences.

Chen Guangcheng a déclaré qu'à partir de 2008, Radio Son de l'Espoir était devenue aussi importante que Radio Free Asia en Chine. «J'écoutais toujours Radio Son de l'Espoir quand j'étais en Chine», a-t-il indiqué récemment à Taïwan. «En raison des efforts de Radio Son de l'Espoir, la qualité de la diffusion était très bonne […] Radio Son de l'Espoir parlait clairement de choses auxquelles les gens n'avaient pas auparavant considérées. C'était très facile pour nous de comprendre pourquoi la Chine n'est pas un endroit équitable.»

Version originale : In Communist China, Shortwave is a Window to the World

 

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