La patience vient à bout des pommes

Écrit par Mathieu Côté-Desjardins, Epoch Times
20.08.2013
  • François (à droite) et Luc Turcotte (à gauche), les frères coproprieu0301taires de la Ferme Avicole Orléans située sur l'île d’Orléans. (Gracieuseté de François et Luc Turcotte)

Les pommes québécoises ont déjà commencé à faire leur apparition dans les marchés montréalais, tout comme dans les quelques pommiers parsemant l’île. Cette réalité annuelle n’est pas si loin de notre vie sur le plan géographique. Cependant, ses exigences de production, le temps et les sacrifices qu’elles exigent des pomiculteurs, tout comme les prédateurs qui guettent ses fruits et qui engendrent leur lot de complications restent relativement méconnus.

 

«Disons que vous vouliez devenir pomiculteur aujourd’hui. Avant de vendre vos premières pommes, il vous faudrait attendre environ jusqu’en 2027», avance François Turcotte de la Ferme avicole Orléans, possédant six hectares de verger, qui rassemble une vingtaine de variétés de pommes. La patience est donc une vertu inextricable du métier de producteur de pommes.

«Si on commence dès maintenant à vouloir planter un verger, ça va prendre deux ans avant d’avoir mes pommiers. Je vais les commander à un pépiniériste [jardinier qui s’occupe de plants d’arbres] et je vais recevoir mes pommiers le 1er mai 2015. Ça prend au minimum cinq à sept ans avant d’avoir une récolte, donc on est déjà en 2020-2022. Il faut avoir l’esprit un peu visionnaire pour savoir quel sera le goût des consommateurs dans le futur. Heureusement, il existe RÉCUPOM, le Réseau d'essais de cultivars et de porte-greffes de pommiers du Québec. Ce dernier procède à différents essais de variétés de pommiers, de pommes dans différentes régions. Il faut aussi savoir si les pommiers achetés résisteront au climat qui tend à changer, on en arrive autour de 2027», calcule M. Turcotte.

Patience laborieuse

«C’est un métier qui devient de plus en plus technique, qui demande de plus en plus de connaissances. On ne peut pas s’improviser pomiculteur», tient à souligner Monique Audette, pomicultrice et copropriétaire des Vergers du Lac à Dunham. «Il y a toujours la vision bucolique de la pomiculture qui reste chez les gens. Certes, nous sommes dans de beaux environnements, mais ce n’est pas bucolique  : le métier est très dur, il demande beaucoup d’efforts et comporte des aspects souvent complexes. Il y a une méconnaissance à peu près complète de la part des gens à propos de l’agriculture et l’horticulture», souligne-t-elle.

«Cette année au Québec, on s’attend à une récolte tout à fait normale si la tendance de la température se maintient. On n’a pas eu de dégâts de grêle, de vent ni de sécheresse. On s’attend donc à des pommes de qualité! On a généralement eu des températures entre 25 et 27 degrés et pas trop de pluie, ce qui est idéal», explique M. Turcotte.