La recherche de l'algorithme de la démocratie

Écrit par John Smithies et Simon Veazey, Epoch Times
22.08.2013
  • Karel Janecek a fait fortune grâce à sa passion pour les mathématiques qu'il a appliquée au monde de la finance. Maintenant, il a décidé de se consacrer aux problèmes de société et plus particulièrement à la démocratie. (Karel Janecek, autorisation de Karel Janecek)

Sa passion pour résoudre les puzzles de logique devait le conduire sur un chemin qui ferait de lui un milliardaire. Mais à un âge précoce tout ce que Karel Janecek savait, c'est qu'il serait mathématicien. Désormais professeur de mathématiques financières, Janecek a orienté sa capacité à résoudre les problèmes - ayant contribué à révolutionner le négoce boursier, vers les problèmes de la société. La clé pour résoudre les problèmes de la société, a-t-il dit, sont les valeurs auxquelles la société est attachée et avec lesquelles elle est en accord.

«Actuellement, je suis toujours intéressé par les mathématiques, mais ce par quoi je suis extrêmement intéressé, c'est la société et les gens. Il y a cinq ans, je ne pouvais pas penser que je serais intéressé par les choses qui m'intéressent maintenant. C'était des choses qui étaient complètement hors de ma tête.»

Parachutiste et fervent sportif, Janecek ne correspond peut-être pas au stéréotype du mathématicien geek. Il ne correspond pas non plus au stéréotype du jeune milliardaire ou même du milliardaire philanthrope. Il finance actuellement la recherche en médecine, les mathématiques, l'économie, et la lutte contre la corruption. Cependant, Janecek n'a pas l'intention de donner son argent pour des questions sociales, mais plutôt de s'engager directement  pour aider à trouver des solutions grâce à ses capacités de raisonnement et de déduction.

Janecek est né en 1973 en République tchèque. Il a pu rapidement saisir le potentiel que les algorithmes pouvaient apporter sur le marché boursier. À l'âge de 22 ans, il a fondé la société RSJ qui est devenue l'une des sociétés de trading algorithmiques les plus prospères du monde. Alors que Janecek concède que la poursuite de l'argent, avec l'amour des mathématiques, était un facteur clé de motivation, il souligne que ce à quoi il a attaché la plus grande importance a été la liberté personnelle que sa sécurité financière lui a donné. Cette liberté, dit-il, lui permet désormais de se concentrer sur les projets qui lui tiennent vraiment à cœur.

«Il est crucial que j'ai cette liberté, que je n'ai pas besoin de me soucier de gagner ma propre vie, et il est essentiel aussi que j'ai de l'énergie, sinon il ne me serait pas possible de faire tout cela dans la société d'aujourd'hui».

L'intérêt de Janecek dans la lutte directe contre les problèmes de société a commencé il y a trois ans à Prague avec une campagne anti-corruption. Il s'est alors distingué comme étant un homme de courage et de conviction. Il a déclaré que plus il regardait l'état de la ville de Prague, plus il sentait que quelque chose n'allait pas. La ville, avec ses différents atouts n'utilisait pas son potentiel.

«Prague devrait être une ville très attractive, elle devrait être riche. J'ai vu à ma grande surprise que ça ne marchait pas du tout. Le parti politique était tellement corrompu, ils volaient même de l'argent, abusant de leurs pouvoirs. C'était quelque chose qui me contrariait tellement que j'ai décidé de faire quelque chose.»

Il a confié que des gens avaient essayé de le persuader de ne pas s'impliquer, de ne pas nommer les gens, en lui disant qu'il allait se mettre en danger. Mais Janecek a fait preuve de détermination.

«J'ai été le premier à parler ouvertement de la corruption, et j'ai commencé à parler ouvertement de personnes spécifiques - je les ai appelé voleurs. Lors d'entretiens avec des journaux, je voulais parler très ouvertement. C'était quelque chose qui a choqué les gens et que les gens ne comprenaient pas, mais ensuite ils ont vu que ça marchait et que rien ne m'était arrivé.»

Mais plutôt que d'utiliser son énergie à lutter contre le négatif, Janecek déclare qu'il a depuis décidé de se concentrer sur des façons plus positives d'améliorer la société. Parmi ses idées, il y a deux thèmes principaux : les valeurs morales de la société et l'efficacité du système de vote.

«Si vous commencez à vous comporter conformément aux valeurs - ne pas voler, ne pas mentir, vivre sa vie en étant vrai - alors réellement votre vie sera plus heureuse», a-t-il raconté.

Dans un certain sens, c'est comme un retour aux valeurs traditionnelles, dit-il. «D'autre part, nous sommes dans les temps modernes, et nous avons la technologie, nous avons des informations, nous pouvons communiquer, ce qui n'a jamais été le cas par le passé. C'est pour ça que nous avons une chance maintenant. Nous sommes dans un monde où les gens n'ont pas besoin de souffrir.»

En mai, il a lancé un projet qui vise à débattre et établir un ensemble de valeurs consensuelles nationales pour la République tchèque. Janecek souligne que plutôt qu'il n'y ait qu'une personne qui impose un ensemble de valeurs sur la société, au contraire, elles doivent être convenues.

«Les gens devraient voter. La démocratie est le principe d'aujourd'hui, c'est la chose la plus importante quand elle fonctionne bien. Le problème de la République tchèque est qu'il n'y a pas de valeur nationale autre que le soutien des équipes sportives. Le chemin à parcourir n'est pas que quelqu'un vienne à nouveau avec ce qui est juste, mais que les gens votent.»

Janecek se réfère à la citation célèbre de Winston Churchill : «La démocratie est le plus mauvais système de gouvernement, à l'exception de tous les autres qui ont pu être expérimentés dans l'histoire.» Mais Janecek pense que les systèmes de vote de la démocratie ont besoin d'être revus. En tant que mathématicien, il est sur son terrain de prédilection, se plonger dans les mécanismes logiques de vote, parler rapidement et précisément des imperfections inhérentes aux systèmes. Il préconise de donner à chacun quatre votes.

«En Grande-Bretagne le système de vote est tout simplement horrible. Il a été là pendant 300 ans, mais il est tout simplement caduque! Il n'est pas juste.»

Le système actuel d'une voix par personne, dit-il, ne garantit pas que le pouvoir arrive entre les mains de ceux que la majorité des gens aimeraient y voir. Il pense qu'un vote par personne ne peut pas éliminer les politiciens populistes qui peuvent manipuler les électeurs qui n'étudient pas si bien les questions fondamentales.

«La solution est que chaque personne ait plus d'une voix. Ainsi, une version simple serait : chaque personne choisit quatre représentants. Donc qu'est-ce qui arrive ? Les personnes conscientes, les personnes responsables, ceux qui étudient et sont responsables de ce qu'ils font, choisiraient les quatre meilleurs candidats. D'autre part, la personne qui est manipulée donne une voix à la populiste, ou celui qui les manipule - que fait-il avec ses trois autres votes? Il les assigne aléatoirement. Donc, la personne responsable, consciente, qui sait davantage ce qu'elle fait, a quatre fois plus de puissance qu'une personne qui vote populiste.»

«L'autre élément important est le vote négatif, si vous votez non seulement pour qui vous voulez, mais aussi pour qui vous ne voulez pas.»

La conviction de Janecek que les systèmes de vote peuvent être améliorés grâce à l'application d'un raisonnement logique est tangible. «La solution est en fait assez simple. Je ne peux pas comprendre que cela n'ait encore jamais été fait nulle part», s'étonne-t-il.

Il peut sembler difficile d'imaginer que les idées de Janecek, testées seulement dans le domaine de la logique, puissent avoir une application réelle. Mais avant la génération de Janecek, personne ne croyait que les algorithmes concoctés par les mathématiciens seraient utilisés un jour pour la majorité des transactions sur certains marchés et rendraient leurs maîtres milliardaires.

Version originale : Looking for Democracy’s Algorithm