Le procès de Bo Xilai a été dépolitisé pour maintenir l’équilibre du pouvoir au sein du régime

Écrit par Jane Lin, Epoch Times
01.09.2013
  • L’ancien membre du Politburo Bo Xilai se tient entre deux gardes à la Cour intermédiaire dans la province du Shandong à Jinan, lors du premier jour de son procès, le 22 août. Selon les experts, le procès de Bo a été négocié pour être dépolitisé. (Capture d’écran/Epoch Times)

Bien que les médias d’État chinois aient fait valoir que le procès de Bo Xilai a fait preuve d’une ouverture et d’une transparence sans précédents, selon les experts en matière de politique du PCC, il s’agissait davantage d’un simulacre de procès: les principales préoccupations du Parti auront été de s’assurer un procès ne perturbant pas l’équilibre du pouvoir politique du Régime actuel, en minimisant ainsi les répercussions pour le Parti.

C’est après avoir lu un rapport d’enquête soumis par le Comité central pour l’inspection disciplinaire, l’agence anticorruption du Parti, que les principaux dirigeants du Parti, lors d’une réunion du Politburo fin septembre 2012, ont annoncé la décision de transférer l’affaire Bo aux organes judiciaires.

Selon ce rapport Bo aurait abusé de son pouvoir et  assumé en grande partie la responsabilité dans l’incident concernant Wang Lijun: au cours duquel son adjoint a tenté de faire défection vers un consulat américain. Il aurait aussi joué un rôle dans la tentative de camouflage de l’assassinat de Neil Heywood, qui aurait été commis par son épouse Gu Kailai. Il a également été reconnu coupable pour avoir perçu des pots-de-vin, soit personnellement, soit par le biais de sa famille, et avoir eu, ou entretenu, des relations sexuelles inappropriées avec plusieurs femmes. Selon l’agence de presse officielle Xinhua, l’enquête aurait également établi des preuves prouvant son implication dans d’autres crimes.

Cependant, les procureurs du procès ont allégé les charges, car Bo Xilai aura été accusé seulement de «corruption, détournement de fonds et abus de pouvoir».

Selon Heng He, un commentateur politique pour NTD TV, une télévision sur le net de langue chinoise, le procès de Bo, c’est avant tout une dépolitisation du cas, on laisse tomber toutes les charges politiques, on se concentre uniquement sur des accusations criminelles, telles que la corruption, les détournements de fonds et les abus de pouvoir.

La principale préoccupation du Parti est d’équilibrer minutieusement le pouvoir politique, a affirmé Heng. Ainsi, la tentative de dépolitiser l’affaire a pour but de minimiser les répercussions sur le Parti. Heng He a déclaré que Bo avait dû passer un accord concernant la dépolitisation de son cas avec les procureurs, ceci expliquant pourquoi la ligne des accusations plus générales n’avait pas été franchie, ni celle des commentaires sur la nature du régime au Parti unique en Chine.

L’observatrice politique et économique He Qinglian a affirmé dans un article récent que la qualité de «prince du Parti» de Bo constituait la raison pour laquelle celui-ci avait osé désavouer les déclarations antérieures faites au cours de l’enquête. Bo a de nombreux partisans parmi les «princes», a affirmé Mme He, depuis son arrestation sont apparus des rapports montrant que le chef du Parti Xi Jinping, qui est aussi un «prince», déployait des efforts pour apaiser les partisans du «prince» Bo, notamment l’ancien vice-ministre Chen Yuan et président de la Chine Development, Liu Yuan, un général et le commissaire politique de l’Académie des sciences militaires de l’APL et fils de l’ancien chef d’État Liu Shaoqi, enfin Zhang Haiyang, un général de l’APL.

Selon Heng He, l’autre raison c’est que Bo est conscient du fait que les preuves recueillies par le comité disciplinaire du Parti ne peuvent pas être utilisées devant les tribunaux. Bo connaît les failles du système juridique mieux que les procureurs, a déclaré Heng.

Un simulacre de procès

He Qinglian a affirmé qu’ici c’était déroulé un simulacre de procès typique, tels qu’on en fait pour les hauts responsables du Parti. En général, les procès pour les hauts fonctionnaires du Parti doivent être répétés, a-t-elle expliqué. Le procès de l’ancien secrétaire du Parti de Shanghai et membre du Politburo Chen Lianyu avait été «répété méticuleusement, en faisant attention aux détails» et «même les moments où on laissait Chen prendre une pause et aller aux toilettes avaient été soigneusement planifiés à l’avance», a rajouté Mme He, se référant à l’avocat de Chen.

Heng He a également commenté le fait qu’il s’agissait d’un simulacre de procès avec un verdict déterminé à l’avance et que le but des autorités était de donner la possibilité à Bo d’argumenter sur des questions triviales, afin de faire croire qu’il s’agissait d’un vrai procès et non d’un simulacre; Bo s’est battu devant la Cour pour mettre en avant son propre «héritage politique», juste au cas où il pourrait faire un come-back dans le futur.

Heng a ajouté que les procureurs pensent probablement que les accusations de corruption et de détournement de fonds suffisent pour faire en sorte que Bo ne puisse pas revenir, et, ce faisant, que le Parti soit en sécurité.

Cependant, il est extrêmement difficile de recueillir des preuves pour corruption et détournement de fonds en Chine. Dans tous les cas de corruption, les fonctionnaires du Parti ne placent généralement jamais leur argent mal acquis à la banque et clament toujours leur innocence. L’épouse, les enfants, ou les membres de la famille du délinquant sont ceux qui acceptent généralement l’argent de la corruption, souvent en espèces et à leur nom, a poursuivi Heng.

Heng He a également souligné que le procès n’a fait preuve ni d’ouverture ni de transparence, car aucun appareil photo ou aucun journaliste n’avait été admis dans l’enceinte du tribunal, et les dossiers judiciaires étaient passés par le filtre de la censure avant d’être affichés sur Weibo.

Enfin Heng He a également douté que Xi Jinping ait pu obtenir un quelconque avantage politique en mettant en place un tel «procès public», car la plupart des gens sont restés convaincus qu’il s’agissait d’un simulacre de procès, et ceci n’a plu à personne, ni aux partisans de gauche, ni à ceux de droite.

Version en anglais: Trial of Bo Xilai Was Depoliticized to Maintain Balance of Power in Regime

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