Refondation de l’école et perspectives éducatives

Écrit par Sarita Modmesaib, Epoch Times
10.09.2013
  • Rentrée scolaire à l’école élémentaire Abbé de l’Epée, à Marseille, le 3 septembre 2013. Ils étaient plus de 12 millions à reprendre le chemin des bancs de l’école en France. (Getty Image)

Ce sont quelque 12,2 millions d’élèves qui ont repris le chemin de l’école en ce début de septembre. Au primaire, environ 1,5 million d’élèves présents dans environ 4.000 communes de France vont maintenant vivre selon un nouveau rythme du temps hebdomadaire. Outre les quatre jours de classe habituels, le mercredi matin pour la plupart des communes est rajouté dans la programmation de classe, entraînant une réduction du volume horaire des autres jours de la semaine.

Selon Françoise Moulin-Civil, rectrice de Lyon et présidente du Comité de Suivi, «deux types d’emplois du temps se dessinent, soit il y a un allègement uniforme de chaque journée de classe, du lundi au vendredi inclus, ce qui semble le plus fréquent; soit le raccourcissement se concentre sur une ou deux demi-journées, de façon à dégager une plage horaire plus importante pour les activités périscolaires».

Les communes engagées cette année dans cette réforme toucheront une aide de 103 euros par enfant (50 euros provenant d’un fonds d’amorçage débloqué par l’État et 53 euros de la Caisse d’Allocations Familiales) ou de 143 euros (40 euros de plus provenant de l’État) pour les communes rurales ou urbaines les plus en difficulté.

Mais une très grande majorité des élèves en France vivront encore une année de plus selon le modèle des 4 jours de classe, institué en 2008 sous le gouvernement Sarkozy, sachant qu’auparavant c’était le modèle des 4 jours et demi qui était d’actualité, le samedi matin étant alors travaillé pour les enfants.

En revanche, le chiffre de 4,08% est commun à tous: c’est la baisse moyenne du coût de la scolarité pour cette rentrée de 2013, enregistrée lors de l’enquête annuelle de la Confédération syndicale des Familles (CSF) et comprenant les dépenses de rentrée et celles effectuées en cours d’année. Ce coût varie en fonction du niveau d’études: si au cours préparatoire, on enregistre une hausse de 2,14% des dépenses, c’est une baisse de 5,4% qui accompagne le coût de l’entrée en classe de sixième. L’allocation de rentrée scolaire (ARS), revalorisée de 25% l’an dernier, a bénéficié encore d’une augmentation de 1,2% cette année, correspondant à l’inflation.

Les programmes scolaires à la loupe

Au primaire, les programmes demeurent conformes à ceux de 2008, si ce n’est la mise en place d’un enseignement de morale laïque au sein des classes. C’est toujours le socle commun de compétences, introduit dans la loi depuis 2005, qui oriente les programmations de l’école jusqu’au collège et à la fin de la scolarité obligatoire. Sept compétences de bases sont étudiées à travers chaque niveau de classe, attestées dans un livret de compétences rempli en fin de cours moyen 2e année puis en fin de classe de troisième et sanctionnées lors du passage du DNB, le diplôme national du brevet.

Ces sept compétences se déclinent comme telles: 1) la maîtrise de la langue française, qui inclut le Lire (et comprendre ce que l’on lit), le Dire (s’exprimer oralement), et l’Écrire (en maîtrisant la grammaire, l’orthographe et le vocabulaire); 2) la pratique d’une langue vivante étrangère, se traduisant par savoir comprendre et se faire comprendre, à l’écrit comme à l’oral; 3) les principaux éléments de mathématiques (calcul et géométrie permettant la résolution de problèmes), ainsi que la culture scientifique et technologique; 4) la maîtrise des TUIC (techniques usuelles de l’information et de la communication) confirmée par le B2i (Brevet informatique et internet); 5) la culture humaniste, regroupant l’histoire, la géographie, la littérature et les arts, à travers notamment, l’enseignement de l’histoire de l’art; 6) les compétences sociales et civiques, regroupant les règles élémentaires de la vie en société mises en place dans le cadre de l’école; 7) le développement de l’autonomie et la prise d’initiatives scolaires (réaliser un exposé, travailler en équipe, chercher un stage, etc.).

Les programmes sont souvent revisités: c’est le cas, cette année, de l’histoire géographie en classe de troisième qui sera ainsi allégé. Ce socle commun de compétences se définit comme «l’ensemble des connaissances, compétences, valeurs et attitudes nécessaires pour réussir sa scolarité, sa vie d’individu et de futur citoyen», selon le site internet de l’Éducation nationale.

Le contenu du livret personnel de compétences constituera l’une des bases d’orientation de l’élève vers la filière appropriée au lycée, et en cas de non maîtrise des sept compétences requises, pourra accompagner encore l’élève dans une filière professionnelle intégrée. Cependant, avant d’arriver à cette conclusion, chaque fois que l’élève aura rencontré des difficultés à valider l’une de ces compétences tout au long de sa scolarité, une aide personnalisée lui sera proposée afin d’y pallier.

Le 11 juillet dernier, un décret émanant du dernier Conseil Supérieur de l’Éducation a redéfini l’organisation en cycles de l’enseignement primaire. Dès la rentrée de 2014, le cycle 1 englobera toute l’école maternelle, incluant à nouveau la grande section; le cycle 2 ira du cours préparatoire (CP) au cours élémentaire 2e année (CE2); le cycle 3 correspondra aux cours moyens associés à la classe de 6e, et il sera rajouté un cycle 4, couvrant les classes de 5e, 4e et 3e. Destinée aussi à assouplir et favoriser le lien entre l’école et le collège, la mise en place sera tout de même progressive, s’échelonnant de septembre 2014 à septembre 2017. L’instauration d’un conseil École-Collège a aussi été adoptée et sera effective dès septembre 2014.

Hiérarchisation des filières entre le technique et le littéraire

Passée l’étape du collège et du Brevet, vient le moment des orientations vers la filière souhaitée et/ou appropriée aux compétences de l’élève. L’étude de 2012 du ministère de l’Éducation nationale, réalisée sur les parcours scolaires des filles et des garçons, révèle que les filles se tournent volontiers vers les filières littéraires tandis que les garçons demeurent davantage attirés par les filières scientifiques et technologiques.

Pourtant, les filières littéraires se sont retrouvées en une vingtaine d’années, délaissées, perdant entre 20 et 30% du nombre de leurs élèves. En effet, considéré comme une «voie de garage , le bac littéraire était souvent pratiqué par des élèves de niveau moyen ou quasi insuffisant, ou par ceux qui «ne savaient pas trop quoi choisir», mais rarement par de bons élèves qui désirent se perfectionner dans le domaine littéraire. Depuis 2011, la politique éducative a été de remettre en place une «filière littéraire d’élite». Dans cette optique, des changements doivent être opérés dès le début de la scolarité des élèves afin de valoriser l’enseignement du français et remettre le goût de la lecture au centre des apprentissages et des loisirs.

En effet, outre le monde scolaire, le goût de la lecture se développe tout autant à la maison, et dès les premières années de vie, les «tout-petits» prenant plaisir à écouter maman ou papa leur lire, ou relire une énième fois, leur histoire favorite. Car si les savoirs scientifiques contribuent à établir des esprits logiques et souvent bien «cartésiens», les savoirs littéraires développent l’imaginaire de l’enfant, l’aidant entre autres, à se construire et à affirmer son identité.

La théorie des intelligences multiples

Si les filières choisies reflètent les préférences et les facilités que peuvent présenter les élèves, elles sont aussi une manifestation des différents types d’intelligences qui caractérisent l’être humain.

En 1983, Howard Gardner en définissait huit: l’intelligence verbale/linguistique, l’intelligence logico-mathématique, l’intelligence visuelle/spatiale, l’intelligence musicale/rythmique, l’intelligence corporelle/kinesthésique, l’intelligence interpersonnelle, l’intelligence intrapersonnelle et l’intelligence naturaliste.

Il reliait chacune d’entre elles à une certaine zone du cerveau, en précisant tout de même que ces différentes zones ont entre elles des connections qui complexifient et unifient l’activité cérébrale.

Depuis, sa théorie a été reprise afin de l’appliquer dans le système éducatif, dans le but de valoriser tous les élèves, quelles que soient leurs capacités, mais aussi de développer les autres types d’intelligence, qui parfois manquent à l’appel.

Dans le cadre des recherches sur le cerveau, Hannah Smith, étudiante en doctorat au collège Goldsmiths de l’université de Londres, a mis au point des outils pédagogiques destinés aux enfants souffrant de troubles du comportement, tels que l’inaptitude à respecter des règles. Hannah Smith a aussi participé à la conférence du think tank Learnus, une organisation internationale visant à combler le fossé entre les neurosciences et le développement pédagogique.

Le professeur Derek Bell, de Learnus, a déclaré: «L’idée est de réunir les enseignants et les scientifiques afin d’effectuer des recherches là où des liens, inconnus jusqu’alors mais probablement existants, sont exploitables... C’est une piste que nous devons explorer.»

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