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Gagner la bataille contre le gaspillage alimentaire

Écrit par David Vives, Epoch Times
25.09.2013
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Le 16 octobre se tiendra la journée mondiale de l’alimentation. Comme l’a décidé le gouvernement en juin dernier, celle-ci sera également la journée nationale de lutte contre le gaspillage. Et il y aura de quoi faire: le mercredi 11 septembre, l’Organisation des Nations unies  pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a publié une étude sur l’impact environnemental du gaspillage alimentaire.

Les résultats sont édifiants: 1,6 milliard de tonnes de produits alimentaires sont perdus chaque année dans le monde. Soit un tiers de ce qui est produit. Les experts évaluent le coût de ce gaspillage à 750 milliards de dollars et rappellent que ces quantités perdues sont justement celles qui permettraient d’atteindre, en 2050, l’objectif d’augmentation de 60% des ressources nécessaires pour nourrir l’humanité.

Ces chiffres, bien qu’inquiétants, révèlent qu’il n’est pas impossible pour l’humanité de résoudre d’une part les besoins alimentaires de la population mondiale, et de l’autre la question du gaspillage des denrées. Cependant, peut-on réellement lier ces objectifs? Ou ces phénomènes apparaissent-ils du fait de nombreuses erreurs imprévisibles qui peuvent surgir d’un bout à l’autre de la chaîne?

D’après John Locke, philosophe anglais du XVIIe siècle, si quelqu’un prend pour son compte plus que ce dont il a besoin et le gaspille, «il prend plus que la part qui lui revient et dépossède les autres». Si, en revanche, il consomme, commercialise, voire donne ce qu’il a en trop, «il ne commet aucun préjudice et ne gaspille pas les réserves communes; il ne détruit pas la part des biens qui revient aux autres, dès lors que rien de ce qu’il ne possède n’est détruit sans raison».

Tristam Stuart, historien et auteur de l’ouvrage Waste: Global Gachis (ndr, Déchets: un gâchis mondial) se base sur ce raisonnement qui dépeint une éthique de consommation absente, semble t-il, de nos contrées. «En s’appropriant les terres et ressources mondiales pour y produire de la nourriture qui sera jetée, les pays riches se comportent au grand mépris de ces enseignements», explique t-il.

Des pertes à tous les niveaux

Il existe une multitude de facteurs et d’exemples illustrant les gestes simples du gaspillage. D’après la FAO, 54% des pertes ont lieu au cours du processus de production, de récolte et de stockage. Le reste serait à proprement parler du gaspillage alimentaire, et concernerait la préparation des aliments, leur distribution et leur consommation. Par exemple, les producteurs de sandwichs pour les grandes surfaces ont l’habitude de jeter les tranches de pain de mie qui se trouvent aux extrémités car celles-ci ne sont pas acceptées par les supermarchés, pour une question d’esthétisme. Ainsi, des millions de tranches de pains sont jetées à la poubelle. Des normes existent également pour définir un critère de beauté pour les fruits et légumes. Si une pomme est recouverte de rouge à 37% et une autre à 40%, cette dernière se voit attribuée une qualité différente par les supermarchés.

Le gouvernement français constate également «des pertes et des gaspillages à chaque stade de la chaîne». Face à la complexité du problème, l’accent est mis sur la sensibilisation collective. À cette fin, selon le Pacte national signé le 14 juin par Guillaume Garrot, ministre délégué à l’Agroalimentaire, «chaque foyer français jette en moyenne 20 kg de nourriture par an, ce qui représente pour une famille de 4 personnes l’équivalent de 400 euros perdus».

Ainsi, les mesures proposées par ce Pacte relèvent essentiellement de la communication et de la sensibilisation: création d’un logo «anti-gaspi», informations sur le don alimentaire, remplacement systématique de la mention DLUO (Date limite d’utilisation optimale) par «à consommer de préférence avant», campagnes de communication et formations dans les lycées agricoles et écoles hôtelières. Ce pacte a été signé par tous les acteurs de la société alimentaire et entend «diviser par deux le gaspillage alimentaire d’ici à 2025».

L’équilibre délicat entre consommation et production

La question de faire le lien entre les volumes de nourriture jetée, et celle qui manque pour subvenir aux besoins des pays pauvres n’est pas évidente. On peut par exemple penser que les pays pauvres souffrent d’un contexte local difficile et manquent de ressources pour acheter de la nourriture. Dans la foulée, on pourra arguer qu’il semble impossible de renvoyer la nourriture que nous avons en trop dans ces pays.

Et pourtant, le rapport entre la prodigalité des pays riches et la pauvreté des pays du tiers-monde existe. D’après Tristam Stuart, ce lien n’est «ni simple, ni directement corrélé, mais n’en est pas moins réel». Les politiques menées par l’industrie agroalimentaire seraient notamment en cause: «Aujourd’hui, les pays riches des continents européen et nord-américain assurent à leurs citoyens entre 150 et 200% de leurs besoins nutritionnels, ce qui se traduit par le fait que notre industrie agroalimentaire propose deux fois les quantités de nourriture dont nous avons réellement besoin. Si ces mêmes pays réduisaient le gaspillage et les surplus de sorte que seuls 130% des besoins soient assurés, 33% des réserves alimentaires mondiales seraient sauvegardées», continue-t-il.

Les choix des consommateurs occupent également une place de choix. En Chine, la consommation de viande compte comme signe de richesse. Ainsi, en 1978, la Chine consommait, avec presque un milliard d’habitants, l’équivalent du tiers de la consommation de viande des États-Unis. À ce jour, elle en consomme le double, ce qui entraîne au passage des problèmes écologiques de grande envergure. De plus, un tiers de la population chinoise souffre de la faim. Or, les goûts et les choix des consommateurs aisés, sur ce qu’ils désirent ou pas manger, impactent directement sur la politique industrielle de surproduction de céréales, et les stocks mis à disposition dans les pays pauvres.

Selon les experts, la crise alimentaire de 2007 et 2008 a mis en évidence certains dysfonctionnements. Par exemple, le prix des céréales, que ce soit dans les supermarchés occidentaux ou dans les marchés asiatiques ou africains, est déterminé par la demande à un niveau global. Cependant, les volumes jetés par les pays occidentaux font pression, à l’autre bout de la chaîne, sur les quantités disponibles et sur le prix des céréales. «Si les pays occidentaux cessent de jeter leurs surplus, l’offre rattrapera la demande et les prix repartiront à la baisse. Ainsi, lorsque la demande excède l’offre, jeter la nourriture revient à la retirer du marché et des assiettes de ceux qui en ont besoin», explique Tristam Stuart.

Les initiatives qui font la différence

Avec l’aide des pouvoirs publics, Guillaume Bapst a fondé l’Association nationale des épiceries solidaires (ANDES). Les épiceries solidaires, réservées aux personnes «en difficulté économique », leur permettent de se nourrir pour 5 euros par jour. «ANDES fonctionne selon le principe de l’entrepreneuriat social avec un souci de pérennité». D’autre part, il a décidé de créer, en 2008, le « potager de Marianne», un entrepôt de récupération des fruits et légumes opérant sur le marché de Rungis qui a récupéré à lui seul 100 tonnes de nourriture en 2008. Cette structure trie et redistribue aux structures alimentaires telles que les Restos du Cœur, les banques alimentaires, le Secours populaire, le Samu social, etc. Véritable passionné dans son domaine, Guillaume Bapst affirme que le marché de Rungis est «une plateforme exceptionnelle, il a permis à l’ANDES de développer son action d’aide alimentaire, aujourd’hui, au cœur des politiques publiques».

D’après Tristam Stuart, l’étape de sensibilisation des populations aux enjeux du gaspillage alimentaire est très importante. Lui-même organisateur du Banquet des 5.000 un peu partout dans le monde – un banquet où l’on distribue 5.000 repas issus de récupération de fruits et légumes – il explique dans une interview donnée aux Up Conférences vouloir «mettre en lumière les quantités énormes de nourriture gaspillées, et de faire la démonstration qu’elles sont absolument comestibles. [...] Ces événements fédèrent des organisations locales et nationales dans la lutte contre le gaspillage, et c’est l’occasion de structurer un mouvement de sensibilisation de grande ampleur au-delà des banquets». Ainsi, 5.000 Parisiens ont eu la chance de déguster un curry géant autour de légumes récupérés et préparés. Avec en prime, quelques leçons de cuisine pour connaître des recettes originales pour préparer les légumes. Un bon exemple, pour modifier nos habitudes et nos préjugés sur la qualité des produits que nous consommons.

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