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Qui sera le prochain grand nom du Panthéon?

Écrit par Caroline Chauvet, Epoch Times
26.09.2013
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  • Le Panthéon, érigé au XVIIIe siècle comme lieu de culte en hommage à la patronne de Paris, est devenu un symbole de la nation française. (Jean-Pierre Muller)

Au cœur de Paris s’élève un dôme bien connu où reposent les grandes personnalités de la République: le Panthéon. Véritable emblème national, le monument historique va accueillir prochainement une soixante-quatorzième personne dans sa crypte. Qui reposera aux côtés de l’écrivain Victor Hugo, du penseur Rousseau, du résistant Jean Moulin ou encore de la physicienne Marie Curie?

Habituellement sous la Ve République, le président de la République en association avec le président du Centre des Monuments nationaux Philippe Bélaval, est le seul habilité à rendre de nouveaux hommages. Cette année dans une démarche participative, la grande nouveauté est une consultation mise en ligne sur le site du Centre des Monuments nationaux où les internautes français et étrangers sont conviés à faire part de leurs idées de noms à faire rentrer au Panthéon.

Le vote, ouvert depuis le 2 septembre, s’est terminé le weekend dernier. Il ne s’agissait cependant que d’une consultation, il tient toujours au président de la République, François Hollande, d’avoir le dernier mot. Celui-ci se verra remettre une liste de noms le 9 octobre, avant de communiquer publiquement sur l’heureux élu.

«Aux grands hommes la patrie reconnaissante», et les femmes?

Si aucun pronostic ne peut et ne doit être établi à l’avance sur la personnalité la plus plébiscitée, François Hollande a déclaré lui-même début septembre vouloir privilégier la candidature d’une femme. En effet, parmi les soixante-treize locataires du Panthéon, seules deux femmes sont présentes, la nobélisée Marie Curie et Sophie Berthelot, enterrée aux côtés de son mari, le chimiste et homme politique Marcellin Berthelot.

Fin août, sur le parvis du monument, se sont retrouvés des mouvements féministes constitués en un collectif pour des femmes au Panthéon, pour manifester pour l’entrée d’une femme dans la crypte des honneurs. Une pétition en ligne, intitulée «François Hollande, panthéonisez des femmes!», a déjà rassemblé près de 4.500 signatures. Parmi les personnalités féminines citées, le collectif propose la philosophe et romancière Simone de Beauvoir ; Louise Michel, militante anarchiste ; Olympe de Gouges, politicienne et femme de lettres; Germaine Tillon, ethnologue et résistante; Lucie Baud, ouvrière et syndicaliste; la militante socialiste Aimée Marie Eléonore Lallement ou encore la figure de la résistance française Lucie Aubrac.

Un monument devenu historique et politique

Si l’on s’arrête sur l’histoire du Panthéon, on remarque à quel point il est le reflet des évènements qu’a traversé la France depuis le XVIIe siècle. C’est au gré des débats de société sur la religion, l’État, la République et la nation, que l’édifice du Quartier latin a connu des évolutions symboliques et architecturales significatives.

Au départ, simple église construite en l’honneur de Sainte-Geneviève, patronne de la ville de Paris, Louis XV, après s’être rétabli d’une grave maladie, voulut ériger un lieu de culte à la place de l’ancienne abbaye Sainte-Geneviève alors en ruine. La mort en 1780 de l’architecte Soufflot – auquel le Panthéon consacre actuellement une exposition – fait prendre du retard à la construction. C’est en 1790, dans une France tout juste révolutionnaire, que se termine la construction de ce qui devient l’année suivante un Panthéon laïque. À la manière des Égyptiens, puis des Grecs et des Romains, les grands hommes reposeront désormais en ce lieu symbolique.

Mais, la Révolution s’achevant, le premier Empire rétablit en 1806 la vocation première du monument comme lieu de culte. Il prend le nom d’église Sainte-Geneviève et sa fonction de lieu d’inhumation des grands hommes de la nation est conservée. À la Restauration, le roi Louis XVIII, soucieux de compromis, ne change pas l’idée d’une sépulture nationale, contrairement à son successeur Charles X, qui ordonne en 1816 le rétablissement du culte catholique en supprimant toute réminiscence étrangère à ce culte. Cependant, la tombe de l’anticlérical Voltaire sera maintenue dans la crypte. La monarchie de Juillet du roi Louis-Philippe, plus libéral, rétablit la vocation de l’édifice en tant que lieu d’inhumation des grands hommes de la patrie, le nommant alors «Temple de la Gloire», sans que personne ne soit pour autant enterré au Panthéon. Le «Temple de l’Humanité» de la Deuxième République (1848-1851), n’honore plus aucune nouvelle personnalité. À nouveau lieu de culte sous le Second Empire (1851-1870) de Napoléon III, le Panthéon reste cependant le lieu de sépultures national voulu après la Révolution. Le décès de Victor Hugo en 1885 et sa décision de transfert au Panthéon marque la fin des hésitations politiques à propos de l’édifice. L’église Sainte-Geneviève disparaît pour laisser place au Panthéon, lieu de repos éternel pour les grands hommes de la République. Les deux guerres ajoutent quelques noms de «morts pour la France» sur les murs du monument.

De cette histoire si riche et si particulière du bâtiment classé monument historique en 1920 restent des témoignages dans l’architecture et l’ornement du Panthéon. Ainsi, des fresques à l’honneur de Sainte-Geneviève côtoient les statues glorifiant les hommes de la Révolution. Sur l’emplacement de l’autel est sculpté en 1913 un hommage à la Convention nationale, le nom donné à l’Assemblée Nationale. Reste cependant toujours visible dans le bras droit de la crypte un profil de Louis XVI.

Le symbole au cœur de chaque cérémonie

La présence de chaque homme et femme reposant au Panthéon est décidée par le pouvoir. Érigés en symboles, ils servent avant tout à un message politique de l’exécutif en place. Certains, comme les révolutionnaires Mirabeau ou Marat, ont fait les frais des alternances politiques; d’abord inhumés au Panthéon, ils ont été retirés en 1794. De même, de vifs débats ont suivi la décision, six ans après sa mort en 1902, de transférer les restes du romancier Émile Zola au Panthéon. La droite nationaliste reprochait à l’écrivain journaliste son engagement dans l’affaire Dreyfus.

Sous la Ve République, le choix d’une personnalité à transférer au Panthéon est une manière, pour chaque président, de marquer l’Histoire de son empreinte. Le dernier arrivant au Panthéon des hommes de la nation date d’avril 2011, même si son corps est resté sur sa terre natale. Il s’agit d’Aimé Césaire, homme politique et poète français fondateur du courant littéraire de la négritude avec Léopold Sédar Senghor, courant revenant à travers la poésie, la philosophie et la politique sur la condition de l’homme noir.

Pour Nicolas Sarkozy, qui avait annoncé son intention de rendre hommage à ce grand homme lors d’une visite en Martinique en janvier 2011, il s’agissait de répondre à une pétition lancée le 10 mai 2008, jour de commémoration de l’abolition de l’esclavage, pour soutenir le poète. Dans son discours, le Président avait insisté sur «la République et sa capacité à intégrer», dans une France souvent divisée en communautés. Aimé Césaire avait pourtant de son vivant critiqué l’ancien président, pour son discours à Dakar avec la fameuse phrase «l’homme africain n’est pas assez entré dans l’Histoire».

François Hollande voudra lui aussi faire passer un message politique début octobre en rapport avec sa vision de la France aujourd’hui et pour les générations à venir. De nombreuses questions sur le genre féminin ou masculin agitent de façon récurrente la scène politique et l’opinion publique. En ce sens, l’entrée d’une femme au Panthéon serait un message politique inscrit dans la continuité du mandat de François Hollande.

D’autres symboles sont aussi offerts aux Français pour représenter leur pays. Le site des monuments nationaux propose en effet, entre autres, de choisir une personnalité en fonction de son engagement humanitaire, de son action pour la défense de l’environnement, de son exploit sportif ou encore de son engagement pour la liberté, la paix ou l’égalité, un choix des possibles pour chaque citoyen voulant voir dans la France l’espoir d’une société meilleure.

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