Entretien avec Jean-Luc Grisot, directeur général de Valrhona

Un partenariat qui s'inscrit dans le temps

Écrit par Edwige Ansah, Epoch Times
08.09.2013
  • Jean-Luc Grisot, directeur général de Valrhona. (Drôles de dames)

Ce partenariat avec la famille Rizek, fondé sur une relation historique, permet à Valrhona d’occuper une place de choix en République Dominicaine. Quel rôle avez-vous tenu au sein de cette construction durable?

Cela fait douze ans que Valrhona s’intéresse à la République Dominicaine. À cette époque, la réputation du cacao dominicain était disons, mitigée. Et ce, pour des raisons plus historiques qu’agricoles. La République Dominicaine a toujours vendu son cacao aux États-Unis, en privilégiant le volume, la quantité de sucre, ou d’autres paramètres, mais pas nécessairement la finesse du goût. Le patrimoine cacao dominicain est donc resté à l’état de «potentiel caché» pendant un siècle. Nous avons voulu récupérer la noblesse du matériel génétique dominicain.

Nos relations avec la famille Rizek n’ont jamais été purement commerciales. En 2004, nous avons réalisé nos premières ventes. En 2006, nous avons donné naissance à Taïnori, le premier Grand Cru de Terroir de République Dominicaine. Et en 2010, nous avons acheté en partenariat avec la famille Rizek la plantation Loma Sotavento. En 2013, ce partenariat porte ses fruits avec la naissance du Grand Cru Lait Bahibé et du Chocolat de Domaine Loma Sotavento.

Des familles, une école et du travail contribuent à favoriser ce climat de confiance indispensable à la pérennité du partenariat?

Les travailleurs de la plantation Loma Sotavento habitent dans la communauté «Los Indios». La communauté compte aujourd’hui 132 personnes soit 15 familles. En finançant la reconstruction de l’école primaire, Valrhona entend sédentariser les producteurs de cacao en améliorant les conditions d’éducation de leurs enfants. «Je considère que la construction de cette école est un très bon investissement car quelle que soit son origine, chaque personne a le droit à une bonne éducation avec de bonnes infrastructures et du personnel formé. L’ensemble de la communauté est heureuse et reconnaissante d’avoir désormais un lieu digne pour partager l’enseignement», a témoigné la maîtresse en charge de l’enseignement, Ynocencia Salazar.

Comment voyez-vous l’avenir avec la plantation Loma Sotavento?

L’histoire de Valrhona en République Dominicaine s’inscrit dans la durée. À Loma Sotavento particulièrement, Valrhona a des ambitions, une vision, un rêve: celle de faire de la ferme une plantation pilote, un laboratoire d’expérimentation, de recherche scientifique en agronomie. À Loma Sotavento, Valrhona privilégie l’agroforesterie plutôt que la cacao culture. Nous avons choisi de respecter la biodiversité sur cette terre plantée de cacaoyers mais aussi de nombreux arbres fruitiers. Valrhona y développe un modèle de plantation 100% durable et continue de travailler sur le développement de certaines variétés en fonction de leur profil aromatique.

Accroître la qualité du cacao, c’est faire monter sa valeur, donc les prix et par conséquent accroître les revenus des planteurs.

D’autres projets de ce genre sont-ils en réflexion en République Dominicaine, ou peut-être avec un autre pays?

Nous menons ce même type de projets dans d’autres pays. À Madagascar, depuis 25 ans, Valrhona travaille main dans la main avec la plantation Millot sur des programmes à la fois économiques, sociaux et environnementaux. La plantation Millot est certifiée biologique, ce qui signifie qu’aucun pesticide n’est utilisé dans les pratiques agricoles de production du cacao et que les meilleurs pratiques agricoles naturelles sont mises en place. Grâce à ce partenariat Millot/Valrhona, le revenu des planteurs de cacao a augmenté d’environ 20% et le cacao malgache est désormais labellisé «cacao fin» par l’ICCO. Par ailleurs, une école a été construite dans l'enceinte de la plantation Millot, afin que les familles puissent laisser leurs enfants à l'école pendant qu'elles travaillent sur la plantation de cacao. Les employés Millot bénéficient d'une couverture médicale et d’un logement sur la plantation.

Epoch Times est publié en 21 langues et dans 35 pays.