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Goodyear commence mal l’année

Écrit par Caroline Chauvet, Epoch Times
13.01.2014
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La lutte sociale, qui dure depuis sept ans dans l’usine, semble avoir atteint un climax le 6 janvier lorsque le directeur de productions et le DRH de l’entreprise d’Amiens-Nord ont été séquestrés par des salariés et des membres de la CGT. Ces derniers demandaient la renégociation du plan de sauvegarde de l’emploi de la direction. Le lendemain, trente heures plus tard, les deux cadres ont été libérés sous les huées des salariés. L’occupation de l’usine depuis la mi-novembre est maintenue et le syndicat a annoncé l’utilisation d’un stock de 241 000 pneus afin de maintenir la pression sur la direction et renégocier les primes de départ.

Un nouveau mode d’action à la française

Pour Thierry Lepaon, secrétaire général de la CGT, qui a adressé le 8 janvier un message de «solidarité» aux salariés de Goodyear, il s’agissait d’«actes de désespoir». Une «colère légitime», indiquait Pierre Laurent, secrétaire national du Parti communiste. Mais le gouvernement, par la voix du ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg, a condamné «fermement ces comportements».

Maurice Taylor, PDG de Titan International, fabricant américain de pneus agricoles, est moins tendre en dénonçant une attitude laxiste des autorités: «Aux États-Unis, on appellerait ça un kidnapping. Ces gens seraient arrêtés et poursuivis. C’est un crime très sérieux, vous risquez la prison à vie. Mais en France, votre gouvernement ne fait rien, ça paraît fou».

La séquestration des dirigeants semble en effet être devenue pour les Français et le gouvernement un mode d’action courant dans le cadre des luttes sociales. Si l’acte est plus répandu en France, des salariés dans d’autres pays y ont aussi recours. En Belgique par exemple, des dirigeants de l’usine d’ArcelorMittal de Liège avaient été détenus en octobre 2011.

Un révélateur de l’échec du dialogue social

Depuis cinq ans environ, les séquestrations de dirigeants se multiplient dans l’Hexagone en parallèle des plans de licenciements et des fermetures d’usine. Depuis 2009, on en a recensé une quinzaine en France. Ainsi, déjà en 2009, le PDG de Sony France, le patron de 3M à Pithiviers, François-Henri Pinault, ou encore quatre cadres de Caterpillar à Grenoble avaient été retenus plusieurs heures.

«On relève aisément que l’usage de la séquestration comme moyen d’action sociale coïncide avec des périodes de fortes turbulences, que ce soit en 1968 ou actuellement (depuis 2008). La situation économique et sociale est tendue, les individus cherchent des moyens pour se faire entendre», explique Stéphane Sirot, historien spécialiste des mouvements sociaux, dans une interview au Nouvel Observateur.

Séquestrer son patron, le dernier recours?

L’acte de séquestrer une personne est condamné par la loi qui prévoit de lourdes sanctions pouvant aller jusqu’à la réclusion à perpétuité. Mais dans les faits, peu de poursuites judiciaires ont été entamées. D’une part, les entreprises portent rarement plainte en justice. D’autre part, «le ministère public considère que le rapport de forces fait partie de la culture sociale française et se montre permissif», comme l’explique au Figaro Arnaud Tessier, avocat associé au cabinet Capstan, spécialisé dans le droit social.

Goodyear cependant a fait exception à la règle en portant plainte mercredi 8 janvier contre X pour «détention et séquestration» de deux ses deux cadres.

La CGT réclame, au lieu d’un Plan de sauvegarde de l’emploi, un plan de départ volontaire, soit entre 80.000 euros et 180.000 euros par salarié en fonction de l’ancienneté, en déclarant à la presse que leur motivation principale à présent est seulement l’argent.

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