OPINION

La nécessité d’un accord de paix au Moyen-Orient

Écrit par Docteur César Chelala
23.01.2014
  • Photo prise à Tucuman u00abune ville de taille moyenne dans le nord de l’Argentine», lors de la sixième étape du Dakkar, le 10 janvier 2014. (Franck Fife/AFP/Getty Images)

Comme j’ai grandi à Tucuman, une ville de taille moyenne dans le nord de l’Argentine, j’ai eu l’occasion de voir un petit exemple de coexistence pacifique et de collaboration entre arabes et juifs. Je me suis souvenu de cette expérience après avoir lu un article de Uri Avnery, l’un des principaux défenseurs de la paix en Israël, sur la nécessité d’un accord de paix au Moyen-Orient.

Tucuman a vu passé de nombreux immigrés (dont mon père) qui sont venus dans cette ville au début du siècle dernier, notamment des citoyens venant de pays arabes. La ville a aussi une importante population juive.

Au centre-ville, il y avait un tronçon de plusieurs bâtiments appelé «la Maipú», d’après le nom de sa rue principale. Ce qui a rendu cette partie de la ville si inhabituelle, c’est qu’il y avait des dizaines de magasins qui appartenaient à des arabes et à des juifs. Je ne me souviens pas d’un seul incident violent entre les deux communautés lorsque je vivais là-bas. Dans certains cas, les propriétaires de magasins des deux communautés ont collaboré ensemble en raison d’intérêts commerciaux communs.

Dans les années 50, mon père, avec deux amis, a fondé ce qu’ils appellent l’«Athénée culturelle Gibran Khalil Gibran», du nom du célèbre écrivain libanais. Son objectif principal était d’organiser des conférences données par des intervenants célèbres, comme le Prix Nobel de littérature Miguel Angel Asturias et de célèbres écrivains argentins comme Ernesto Sabato et Ezequiel Martínez Estrada.

Du fait du haut niveau intellectuel des conférenciers, ces événements ont été très fréquentés par des étudiants, des professeurs et un grand public cultivé même malgré le prix élevé de l’entrée.

Beaucoup de conférences ont été présentées à la société libano-syrienne bien avant le schisme douloureux entre les deux pays. À l’époque, il y avait un malaise considérable parmi les dirigeants de la société sur le sujet d’autoriser les intellectuels juifs à assister aux conférences.

Cependant, à cause des efforts inlassables de mon père, les étudiants et les enseignants juifs ont été autorisés à participer à ces événements, c’est quelque chose qui n’était jamais arrivé auparavant. Dans les deux cas, les intérêts communs commerciaux et culturels ont permis aux arabes et aux juifs de collaborer et de surmonter leur méfiance traditionnelle. Une entente d’intérêt commun s’est développée et a mené à une relation tout à fait pacifique entre les deux communautés.

Si un accord commun pouvait être créé alors, peut-on en créer un maintenant au Moyen-Orient basé sur un besoin commun de paix? Je crois que c’est possible, mais seulement si chaque côté du conflit est en mesure de voir l’autre pour ce qu’il est réellement, et non pas avec les termes habituels de diabolisation créés par des décennies d’antagonisme.

Uri Avnery, un militant pour la paix en Israël, soutient que cette absence de but commun est le principal obstacle à la paix maintenant au Moyen-Orient. «la réconciliation est impossible si chaque partie est totalement inconsciente de l’histoire de l’autre, de leurs croyances, leurs perceptions, leurs mythes», affirme Avnery. Et il ajoute: «les intermédiaires américains peuvent contribuer à promouvoir la paix seulement s’ils sont neutres ou s’ils comprennent les deux parties».

Les pensées d’Avnery sont encore plus correctes maintenant, alors que le secrétaire d’État américain John Kerry essaye sans cesse de maintenir des négociations de paix entre Israéliens et Palestiniens. Je continue à me demander, dans ma ville natale, à des milliers de kilomètres du Moyen-Orient, si une entente commune a été trouvée en fonction d’intérêts commerciaux et culturels communs, pourquoi la même chose ne pourrait-elle pas arriver maintenant, sur la base de l’objectif  le plus important: la paix entre les deux peuples?

Docteur César Chelala est rédacteur pour The Globalist et co-lauréat de l’Overseas Press Club of America award.

Version en anglais: The Need for a Peace Narrative in the Middle East

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