Évoluer pour permettre aux enfants défavorisés de lire

Une bienfaisance essentielle aux jeunes lecteurs

Écrit par Mathieu Côté-Desjardins, Epoch Times
29.01.2014
  • Très engagée, Marie Amiot est la directrice des communications sociétales de la Fondation Lucie et André Chagnon. (Fondation Chagnon/Marie Amiot)

Lorsque l’on traite de la lecture chez les jeunes enfants, il est plus que probable qu’à un moment ou à un autre, la Fondation Lucie et André Chagnon émerge comme elle joue maintenant une grande part dans ce domaine au Québec. Cela est bien visible dans leurs campagnes publicitaires télévisées que plusieurs connaissent. Des efforts continus et des actions toujours de plus en plus efficaces sont posés par ce pilier altruiste québécois. Marie Amiot, directrice des communications sociétales, fait une rétrospective de l’implication de la Fondation dans le goût de lire chez les enfants défavorisés et dans l’enfance en général.

«La première chose à comprendre est d’expliquer rapidement la démarche que la Fondation Lucie et André Chagnon a entreprise pour soutenir l’enfance.  M. Chagnon, fondateur de [l’entreprise de câblodistribution] Vidéotron, a pris 80 % des fonds de la vente pour fonder leur fondation. Leur mission première est de prévenir la pauvreté pour les générations futures, entre autres, en favorisant la réussite scolaire des jeunes. Cela compte quelques pôles d’action», lance Mme Amiot.

«Dans le volet de petite enfance, il y a Avenir d’enfants [organisme sans but lucratif visant à assurer le développement global des enfants de cinq ans et moins en situation de pauvreté au Québec]. Par la suite, on retrouve Québec en forme, organisation cofinancée par la Fondation et le gouvernement du Québec [visant à faciliter un mode de vie actif et une saine alimentation chez les jeunes]. Troisièmement, se retrouve Réunir Réussir qui a comme mission de réduire le décrochage scolaire», énumère la directrice des communications sociétales à la Fondation.

«Indépendamment de ça, il y a une initiative qui s’appelle Naître et grandir. C’est à la fois un magazine, un site web et des campagnes sociétales. Il s’agit d’une grande opération qui vise à sensibiliser et informer les parents sur différents sujets qui ont trait à la petite enfance. Le magazine compte 250 000 exemplaires et est offert gratuitement et un site web [naitreetgrandir.com] est disponible. C’était le souhait de la Fondation de créer un autre outil pour sensibiliser la population des parents, des Québécois en général, sur différents sujets d’importance visant la petite enfance. Ça a commencé en 2009», dénote Marie Amiot.

«En 2009, on a commencé à dire aux parents comment ils étaient bons. La campagne de 2010 a porté plus sur la notion de précocité. Je vous explique : souvent on pense que les enfants commencent à comprendre différentes choses à partir de deux ans, mais c’est faux. La tranche d’âge zéro à deux ans est la clé, elle est importante. Le cerveau est en ébullition. En 2011, on a incité les parents à stimuler les enfants en bas âge. C’est le même objectif principal de campagne en campagne. On a axé sur la dimension des gestes très simples : faire des coucous, des galops, etc.», pointe Mme Amiot.

«Les parents ne veulent pas se faire moraliser ou expliquer, c’est plus facile de leur proposer des gestes simples. Les campagnes deviennent, à leur tour, de plus en plus simples, avec de plus en plus d’impacts. Pour y arriver, on travaille avec des experts. On leur a demandé, dans tous les gestes qu’un enfant peut faire, quel serait le meilleur? Unanimement, les experts s’entendent pour dire que la lecture est le plus riche. Pas la lecture dans le sens uniquement pédagogique du terme, mais jouer avec un enfant et un livre», spécifie-t-elle.

«Dès trois à six mois, une tonne de recherches démontrent qu’à travers le monde, les enfants stimulées ont des meilleures habiletés langagières, de lecture, ils sont mieux préparés pour le domaine scolaire, ils décrochent moins, etc. C’est une petite clé magique pour agir tôt», précise Marie Amiot.

«L’année 2012 marque notre engagement plus axé sur la lecture touchant les enfants défavorisés. Nous avons eu une première vague de campagne sociétale. Cela a donné d’excellents résultats. Nos publicités sont prétestées, on fait des groupes de discussion, on travaille avec des experts, dont Cossette Québec [agence de publicité]. Depuis cinq ans. À ça, on s’est mis à ajouter d’autres éléments. On fait donc des campagnes intégrées 360», fait remarquer la directrice des communications sociétales.

«L’année dernière, en plus de la campagne télé, on a eu avec le site web Naître et grandir l’attention de milliers de familles. Pour le site, il y a 300 000 visiteurs uniques par mois. On parle à la grande majorité des familles québécoises. En plus de la démarche publicitaire, on a fait un dossier de fond sur la lecture, des articles écrits par des experts, des jeux, etc. On nourrit le dossier lecture de plus en plus. L’an dernier, on a aussi décidé de soutenir la Fondation pour l’alphabétisation, qui fait déjà du très bon boulot, dont son programme La lecture en cadeau. On a soutenu financièrement une partie de leur initiative pour qu’ils puissent stimuler encore plus le don de livres pour les zéro à cinq ans. Quelque 20 000 livres de plus ont été donnés à cette tranche d’âge, sans avoir enlevé des livres aux plus vieux pour en donner aux plus jeunes. La sensibilisation a fait son chemin», croit Mme Amiot.

«En 2013, la Fondation a continué dans la veine de la lecture. Le travail n’est pas fini. On a fait un sondage en juin dernier, à savoir où en étaient les parents avec la lecture chez leurs petits. Près de 85 % des parents nous ont répondu que lire à un très jeune enfant a un impact majeur sur son développement. C’est une excellente nouvelle! En 2012, quand on faisait des groupes de discussion et qu’on parlait de lire à son bébé, les gens nous trouvaient fous. “Ça ne marche pas, ça ne donne rien de lire à un enfant de six mois, il a d’autres priorités, il ne comprend pas, etc.” C’était farfelu. Cet été, 18 mois plus tard, la majorité des gens considère que ça a été bénéfique, mais il y a encore seulement 50 % des gens qui le font. C’est pour ça qu’on ne lâche pas. On ne veut pas simplement qu’ils le sachent, mais qu’ils le fassent», tranche-t-elle.

«Oui, nos pubs télé fonctionnent, mais faut-il que les gens aient accès aux livres. On a décidé d’éditer un livre, d’en produire un, Chaminou et ses amis, qui s’adresse aux tout-petits. Il s’adresse surtout aux enfants de deux à cinq ans tout en étant parfait pour les plus jeunes enfants. Ce livre a été édité à plus de 50 000 exemplaires et a été distribué gratuitement grâce à un grand réseau de partenaires, dont la Fondation OLO [contribue à la santé des bébés en offrant gratuitement et quotidiennement un œuf, un litre de lait, un verre de jus d’orange et un supplément de vitamines et minéraux aux femmes enceintes vivant une situation socio-économique précaire]. Six mille livres sont allés directement à des familles défavorisées», signale Mme Amiot.

«Moisson Montréal [banque alimentaire de l’île], un autre partenaire, a accepté de mettre des livres dans des boîtes alimentaires pour les familles avec jeunes enfants. Il a eu une distribution de 1600 exemplaires. Avenir d’enfants, une des branches de la Fondation ayant des intervenants impliqués sur terrain, partout au Québec, a distribué 12 000 livres. Il y avait des escouades qui allaient remettre des livres dans des commerces de quartiers défavorisés. Les gens défavorisés ne sont pas toujours ceux qui utilisent les services publics. Par contre, ils vont quand même à l’épicerie ou à l’Aubainerie. L’important était d’aller vers eux dans les lieux où ils sont», développe Marie Amiot.

«On avait aussi des escouades de comédiens qui allaient dans des festivals de la famille: à Laval, à Montréal, à Saint-Hyacinthe, à Drummondville, etc. On a remis des livres aux 739 membres du réseau biblio, à Sainte-Justine et à bien d’autres places. On a encore une fois, cette année, soutenu financièrement La lecture en cadeau», poursuit-elle.

«Quand on a un bon réseau de partenaires, on souhaite qu’ils continuent l’aventure avec nous. On a aussi mis au point une trousse de promotion de la lecture. Il y en a 5000 qui vont être distribuées dès cette année pour des intervenants partout au Québec en petite enfance à l’Association québécoise des centres de la petite enfance [AQCPE]. Avenir d’enfants vont assurer la distribution des trousses. La Fondation produit des outils, on fait le grand coup de tam-tam avec nos publicités, mais ce sont les intervenants terrains qui vont rejoindre les familles. Tout cela en plus d’utiliser le porte-voix extraordinaire qu’est le magazine et site web Naître et grandir», mentionne la directrice des communications sociétales.

«On a une autre magnifique initiative en cours. On est en train de prévoir un projet de type mouvement collectif qu’on va lancer au printemps prochain, une initiative plus virale, sociale, pour que la lecture aux tout-petits soit encore plus visible et plus à notre agenda collectif», glisse Marie Amiot.

«L’autonomie financière permet d’aller au bout de ses rêves. M. Chagnon, qui a 84 ans, vient encore au bureau. J’ai la chance de côtoyer la famille Chagnon. Ce sont des gens de cœur qui auraient pu faire autre chose de leur vie. Ils veulent redonner au Québec. Nous avons le rêve, le réseau, mais nous ne sommes pas des spécialistes. Les démarches sont faites en collaboration avec un groupe d’experts, autant à trouver les sujets qui font une différence que les contenus des publicités», conclut Mme Amiot.