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Simplicité volontaire: plus nécessaire, mais moins populaire que jamais

La simplicité volontaire fait profil bas, la tête haute

Écrit par Mathieu Côté-Desjardins, Epoch Times
13.10.2014
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  • Pique-nique durant l’été 2014 du Réseau québécois pour la simplicité volontaire (RQSV) (Gracieuseté de Diane Gariépy)

Même si elle a du plomb dans l’aile, la simplicité volontaire est encore utilisée comme expression populaire, particulièrement dans le milieu de l’habitation québécoise avec la montée de l’intérêt pour les microhabitations (tiny houses). Bien que foncièrement nécessaire en cas de crises (qui ne cessent de se multiplier), elle attire moins d’adeptes ces dernières années, mais s’intègre astucieusement dans diverses couches de notre vie sans que l’on s’en rende vraiment compte. Le mouvement est-il en train de s’éteindre ou a-t-il trouvé une façon de se mettre au diapason avec nos réalités changeantes?

Soixante-neuf années de vie et «simplicitaire» (néologisme dérivé de l’expression simplicité volontaire), Diane Gariépy, auteure de Nous, de la simplicité volontaire et conjointe de l’icône québécoise dans le domaine, Serge Mongeau, continue à faire la promotion de cette manière d’approcher la vie. Alors qu’elle fait preuve d’une adaptabilité remarquable pour amener le mouvement à s’inscrire dans les défis mondiaux actuels, elle ne vit cependant pas dans le déni. Elle constate avec une certaine sérénité que le mouvement ou même l’idée ne soit pas aussi vive dans l’esprit des Québécois qu’elle l’a été jadis. Cela dit, elle croit toujours autant «en son produit», alors que la simplicité volontaire a déjà pris le tournant d’une éventuelle «simplicité involontaire».

La toute première rencontre du Réseau québécois pour la simplicité volontaire (RQSV) a eu lieu chez elle au printemps de l’an 2000. Elle a, depuis, dirigé la production du bulletin Simpli-Cité. Depuis les débuts du Mouvement, elle est aussi invitée par divers organismes et groupes sociaux à venir parler de simplicité volontaire. Sans dormir à la belle étoile, elle s’est donné un style de vie simple et en tire beaucoup profit.

Pour les friands de statistiques, Mme Gariépy parle de zones d’ombre qui rend difficile un tel exercice. Faire partie du mouvement de la simplicité volontaire n’implique pas nécessairement être membre du RQSV. L’année 2012 n’a pas été une année qui a pu aider le Réseau et le reste du monde à avoir une idée claire sur qui sont les «simplicitaires». Il a été décidé que l’on pouvait devenir membre même en faisant un don de 25 cents. «Toute personne qui aspire à vivre simplement serait la base commune des simplicitaires, mais il y a tellement de raisons différentes pour lesquelles on adhère que c’est difficile d’en faire le portrait sociologique», fait comprendre la dame.

Qui?

«Je me souviens d’avoir rencontré deux ou trois personnes qui disaient : “Je suis jeune, je ne veux pas travailler jusqu’à l’âge de la retraite, à 35 ans, ce sera ‘bye-bye boss’. Je cherche des trucs pour y arriver.” Ces gens ne sont pas restés très longtemps, comme on ne répondait pas à leurs attentes. Il y en a d’autres qui ont voulu être simplicitaires parce qu’ils avaient envie de retrouver la tranquillité de vie. Parfois, c’est le stress au travail qui les amène à en savoir davantage. “Je sors d’un épuisement professionnel”, “je sors d’une grosse dépression”, “mon médecin me propose de voir le travail autrement, de changer de domaine, de revoir mon nombre d’heures à travailler”, etc.», lance Mme Gariépy.

«Il y en a qui vont pratiquer la simplicité volontaire pour une question d’éthique, en se disant, “la vie que je vis maintenant n’est pas celle que je voulais avoir quand j’avais 18 ans”, “j’ai l’impression de vivre à côté de ma vie”, “je veux vivre selon mes valeurs”, “je veux un recul”, etc. On trouve des individus parfois essoufflés, qui étaient toujours de mauvaise humeur, à qui on demandait de produire, produire et produire. Tu as également le type qui magasine trop, qui a les poches percées», poursuit-elle.

Après l’apogée

Quand la deuxième édition du livre de Serge Mongeau, La simplicité volontaire, plus que jamais, est sortie, Diane Gariépy raconte qu’il n’y a pas une émission télé ou un journaliste qui ne traitait ce courant de pensée. Cela remonte à 1998. C’était même matière à blagues. Elle se souvient d’un grand panneau publicitaire qui avait parodié la chose. M. Mongeau donnait des conférences tous les soirs de la semaine, dans tous les cantons, dans des petites localités. Il était capable d’aller chercher facilement 150 à 200 personnes comme auditoire. Encore aujourd’hui, il reçoit des témoignages touchants tels que “Vous êtes Serge Mongeau? Vous avez changé ma vie”. 

Le RQSV a eu le vent dans les voiles pendant cinq ans au début des années 2000 : des colloques, des rencontres, des ateliers et des conférences. Par la suite, on s’est rendu compte que de moins en moins de gens s’offraient pour faire passer le message de la simplicité volontaire, même s’ils étaient toujours intéressés à entendre parler de ce sujet. Par-dessus cela, l’idée que ce mode de vie est draconien est devenue de plus en plus répandue. On a progressivement vu la simplicité volontaire comme étant un extrême à cause des médias, d’après Mme Gariépy.

«Dans le temps des fêtes, on reçoit des appels de journalistes, ce qu’ils veulent, c’est quelque chose de sensationnaliste qui va marquer. Ils souhaitent parler à quelqu’un qui va leur dire “Jusqu’en 1989, le 5 mars à 6 h 45, j’étais un grand consommateur et, soudainement, quelque chose est arrivé, j’ai tout vendu”. C’est ce que les gens veulent entendre, plutôt que de savoir qu’on devient un simplicitaire progressivement. Ça nous fait assurément du tort. Après, les gens s’imaginent que c’est une grosse affaire», constate Diane Gariépy qui croit qu’elle aura un rôle majeur à jouer bien prochainement.

  • Diane Gariépy, auteure de Nous, de la simplicité volontaire et conjointe de l’icône québécoise dans le domaine, M. Serge Mongeau (Gracieuseté de Diane Gariépy)


Spirituel

La simplicité volontaire fait appel à quelque chose de «très très profond, voire de spirituel, selon Mme Gariépy. «Ça nous ramène à nous poser la question : “Qu’est-ce qu’on fait avec le meilleur en nous” ou encore “quelle vie on veut vraiment vivre”? Si, par exemple, les enfants, la valeur familiale vient en premier, est-ce que la course à l’argent va y contribuer? Êtes-vous dans la situation : “maman n’a pas le temps, ça va être plus tard”, “papa travaille ce soir”?», questionne-t-elle.

Différents mouvements religieux ont contribué financièrement, sans être des joueurs clés, au développement du RQSV. L’idée de la simplicité volontaire, avec leurs différentes valeurs universelles, se retrouve particulièrement chez les Franciscains et le message transmis par saint François d’Assise. Mme Gariépy ajoute que, dans les «bonnes années», il arrivait que certaines communautés religieuses donnent «un petit 1000 $ - 2000 $» ou encore leur fassent un prix d’ami pour un local. Une saine relation s’est établie avec elles à ses dires. Par ailleurs, certains des membres ont un discours qui ressemble à ceux des bouddhistes, tandis que Mme Gariépy possède des racines catholiques. Récemment, le Réseau a eu comme demande de créer du matériel pédagogique pour le Réseau des Églises vertes.

Le programme Église verte, en collaboration avec le Centre canadien d’œcuménisme, soutient les communautés chrétiennes dans l’adoption de meilleures pratiques environnementales qui touchent l’action et la sensibilisation, ainsi qu’une écospiritualité issue de la tradition chrétienne. L’œcuménisme est un mouvement interconfessionnel réunissant les différents courants du christianisme.

Urgence d’adapter

Depuis quelques années, le RSVQ converge avec deux autres mouvements : le Mouvement québécois pour une décroissance conviviale et le Réseau Transition Québec. Dans un premier temps, le Mouvement québécois pour une décroissance conviviale est une suite logique qui inscrit la simplicité volontaire dans un contexte moins individualiste et plus collectif. Leurs efforts consistent à faire modifier ou changer les différentes lois contraignantes à vivre une vie plus simple. Influencé par un courant européen, il y a peu de porte-parole qui font leur apparition au Québec, mais différents professeurs du HEC Montréal en intègrent différents aspects à leurs cours.

Quant à lui, le Réseau Transition Québec, petit frère de la simplicité volontaire, propose des rencontres-animations autour de trois thèmes : la réalité du pétrole à bon marché qui achève, celle des changements climatiques et celle de la fragilité de l’économie mondialisée. Mouvement ayant ses racines en Europe, dont en Irlande et en Grande-Bretagne, on le retrouve de plus en plus dans les pays du Commonwealth. L’apparition du courant dans les pays francophones est relativement nouvelle. Ce sont les petites localités et regroupements communautaires qui peuvent en bénéficier. Revenir à la communauté, à l’autonomie de groupe et aux besoins essentiels collectifs, voilà quelques éléments fondamentaux du mouvement Transition.

«Si vous avez des “gangs”, ne les laissez pas tomber parce que vous êtes en couple. Inventez-vous des projets collectifs : coopératives de logement, fiducies foncières [société privée, sans but lucratif, ayant pour objectif de protéger les ressources naturelles telles que des territoires agricoles, forestiers et les sites naturels, historiques ou récréatifs], etc. Il faut encourager le collectif. Il faut créer des familles élargies, des oncles et tantes d’adoption. Pour ma part, je suis grand-mère d’adoption de jumeaux. Les grands-parents sont à l’étranger. Un couple d’amis immigrants voulaient avoir au quotidien l’apport des grands-parents», exprime la conjointe de Serge Mongeau.

Ayant pris beaucoup et voulant redonner

«Notre génération a tout pris. On est obligé de dire aux plus jeunes “attention, ça clignote, faites attention à vos arrières”. On se doit de leur redonner de notre vivant. Quand il y a eu les marches pour les carrés rouges, il y avait un groupe qui représentait les aînés, on se réunissait. On reçoit encore aujourd’hui des courriels par rapport aux jeunes accusés de grabuge qui ont besoin d’argent pour être défendus. C’est une des façons de les aider. Il faut également encourager les personnes âgées en leur rappelant qu’elles ont mis des enfants au monde. Ils doivent se “reconnecter” à leur nature de grands-parents. On ne peut se dire “j’ai élevé mes enfants, je ne m’occuperai certainement pas de mes petits-enfants. Débrouille-toi”. Pour ma part, je ne pourrais pas supporter de regarder mes enfants dans les yeux et de leur avouer “j’ai seulement pensé à moi”, partage Mme Gariépy.

Elle croit profondément qu’il faut encourager les jeunes mouvements. Dans son quartier, elle assiste notamment à des projections de cinéma documentaire engagé et s’implique dans un groupe environnemental, en agriculture urbaine et en permaculture [agriculture durable], toujours dans l’idée d’être plus fort collectivement.

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Les sources d’endettement – 2013-2014

«Les cartes de crédit provenant des institutions financières arrivent en première position. Les comptes multimédias (Bell, Vidéotron, Fido, Telus, etc.) non payés, en deuxième position comme elles prennent de plus en plus de place. En troisième position, on retrouve les dettes à la famille et aux amis.

Source : Association coopérative d'économie familiale de l'Est de Montréal (ACEF).

Les causes d’endettement – 2013-2014

Dégagées à partir des ateliers de solution en aide ou en entretiens individuels donnés à l’Association coopérative d'économie familiale de l'Est de Montréal (ACEF), les causes d’endettement sont souvent multifactorielles, mais certaines se démarquent particulièrement:

31 % : surconsommation

28 % : accidents de vie (divorce, chicanes familiales, etc.)

22 % : pauvreté

14 % : fraude et négligence administrative

5 % : dépendances

*Actuellement, en 2014, les dépendances prennent un peu plus de place.

Source : Association coopérative d'économie familiale de l'Est de Montréal (ACEF)

 

 

 

   

 

Plus de 204 718 434 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.