Le Train Bleu, ce mythique restaurant parisien, situé au coeur de la gare de Lyon, a été fermé durant l’été suite à des travaux de restauration. Il vient de rouvrir ses portes le 15 septembre.

La rénovation a été complète,  du sol au plafond et l’ensemble  des travaux d’embellissement a  été confié à l’agence d’architecture  Duthilleul qui s’est entourée  des meilleurs partenaires. Les  mots d’ordre de l’agence: restaurer,  harmoniser et actualiser.  Ainsi, les peintures et les décors ont été nettoyés, le plancher remplacé, le mobilier d’origine a été restauré et habillé de différents bleus pour répondre au décor d’antan et un nouveau mobilier a été dessiné par l’agence Duthilleul, pour s’adapter aux nouvelles  activités de notre temps. Le décor de la Belle Époque a été entièrement  retrouvé et le célèbre restaurant a pu accueillir ses nouveaux  visiteurs.

La Belle Époque à la gare  de Lyon

En 1898, les administrateurs de la Compagnie de chemin de fer avaient souhaité la construction d’un buffet prestigieux, symbole de voyage, d’innovation technique, de confort et de luxe. Ils firent appel à l’architecte Marius Toudoire, le même qui construisit l’ensemble de la gare de Lyon. Il fut décidé d’aménager un buffet dans le bâtiment ouest, au centre de la gare, et le restaurant fut rendu accessible par un escalier à double révolution. À l’intérieur du restaurant, on trouve plusieurs  espaces: la Grande Salle,  dite Réjane, d’une longueur de 26 mètres, au centre, la Salle Dorée longue de 18,50 mètres et haute de 11 mètres qui doit son nom aux stucs qui couvrent les murs.  Plus à gauche, les salons tunisiens et algériens, ornés de motifs arabes géométriques et de paysages orientaux, sont des lieux très recherchés pour les déjeuners et dîners d’affaires. Les différents  salons viennent d’être rénovés et un nouvel espace a été créé.

D’origine, les plafonds s’élevaient  à 8 mètres au-dessus du parquet ciré, et tous les murs entourant les grandes baies vitrées, étaient entièrement  peints, sculptés, dorés. Le décor général en stuc a été réalisé par  le stucateur Edouard Lefèvre, gendre de l’architecte Marius Toudoire. Les peintures au mur, au nombre de 40, ont été exécutées sur toiles marouflées par 27 artistes nationaux, dont certains avaient reçu le Grand Prix de Rome. Les peintres mobilisés devaient flatter les régions et les villes traversées par le train: Paris, Lyon, Marseille, mais aussi Alger, Avignon, Grenoble,  Monte-Carlo, etc. Ces toiles fonctionnaient comme des affiches publicitaires consacrées à la gloire du train Paris, Lyon, Marseille.

L’ensemble a été livré lors de l’Exposition universelle de Paris. La gare disposait à cette époque d’une façade sur la place Diderot et d’une tour de l’Horloge haute  de 67 mètres. Les visiteurs venus voir l’exposition de 1900 ont également eu l’opportunité d’admirer le restaurant du train bleu, qui ne s’appelait pas encore ainsi, mais Brasserie de la gare. Ils ont découvert en plus la première ligne de métro parisien qui desservait la Gare de Lyon. 

Un établissement classé

Dès son ouverture, ce véritable chef-d’oeuvre de style «Belle Époque» fut renommé pour la qualité de sa restauration et la  valeur de son décor. Ce fut aussi un lieu de rendez-vous de l’aristocratie européenne en partance pour la côte d’Azur, tout en étant la vitrine emblématique de la Compagnie des chemins de fer. En 1963, le nouveau propriétaire Albert Chazal qui prend  la direction du Buffet de la Gare tombé en désuétude, lance une grande campagne de rénovation. C’est à ce moment-là qu’on rebaptisera ce restaurant «Train Bleu» en mémoire du mythique «Paris-Vintimille», train de légende à destination de la Côte d’Azur inauguré en 1922 et de couleur bleu nuit. La beauté des  lieux ainsi que la fréquentation prestigieuse, des habitués des lieux  comme Coco Chanel, Brigitte Bardot, Jean Cocteau ou Colette, firent sa renommée. Il doit aussi sa réputation à plusieurs scènes de  film tournées dans ses salles.

Le 28 septembre 1972, le Train  Bleu avec son Salon Doré, sa Grande Salle, ses salons tunisiens et algériens ainsi que ses passages, et ses décors, a été classé au titre des Monuments historiques par André Malraux. À l’origine, c’est grâce à l’intervention du cinéaste René Clair et de l’ancien Président  de la SNCF, Louis Armand, que  cette demande a pu aboutir.

Une rénovation dans le  temps

Au XXIe siècle, le Train Bleu est toujours considéré comme un lieu de prestige mais il est cependant, devenu vieillot, il a perdu son «faste d’antan» cher à Louise de Vilmorin: les sièges ne sont plus aussi confortables, le mobilier a perdu sa cohérence, le parquet est très abîmé, les décors ont  vieilli, bref l’innovation est devenue une absolue nécessité. Ainsi, ce sont plus de 30 corps de métier qui ont oeuvré pendant 2 mois et demi pour restaurer l’ancien  buffet de la gare.

L’architecte à fait dessiner un certain nombre de grands mobiliers de services comme le bar, les dessertes, ou quelques paravents. Les cuisines ont bénéficié d’une rénovation complète, il fallait donner du confort pour  permettre aux chefs de créer une  cuisine de luxe, d’exception. La  brasserie du rez-de-chaussée a été  transformée en bar musical. Les nouveaux salons se sont vu attribuer d’autres fonctions, les rendez- vous d’affaires se mêlent aux rencontres entre amis et aux occupations nouvelles comme celles de  travailler sur son écran d’ordinateur.

Une nouvelle carte a été élaborée par le chef Jean-Pierre Hocquet et sa brigade de 110 employés. La carte met en valeur les plats emblématiques  du restaurant, comme le gigot d’agneau rôti servi sur chariot, le baba au rhum ambré Saint James, mais aussi de nouvelles recettes  travaillées sur place, des plats faits maison, avec des produits frais. Le Train Bleu sert journellement 600 couverts. Le spectacle se fera dans le décor et dans l’assiette et c’est de cette façon que le chef et son équipe accueilleront tous les clients du Train Bleu!