Les attaques extrémistes incitent les communautés à coopérer

L’extrémisme violent doit être contré au sein des communautés, selon les sénateurs

Écrit par Matthew Little, Epoch Times
26.11.2014
  • La surintendante Shirley Cuillierrier discute avec le sénateur Vern White avant son témoignage au Comité sénatorial permanent de la sécurité nationale et de la défense, le 17 novembre 2014. (Matthew Little/Époque Times)

OTTAWA – Le Canada a été ébranlé le mois dernier par la tuerie de deux soldats, un à Ottawa et l’autre au Québec mais, dans les semaines qui ont suivi, les forces de l’ordre rapportent un changement inattendu et positif.

Alors que les dirigeants politiques débattent de la priorisation de la sécurité par rapport à des droits tels que celui de vie privée, plusieurs à l’intérieur des communautés musulmanes du Canada ont commencé à se mobiliser contre la violence et la radicalisation idéologique.

Les forces policières à travers le pays rapportent que les gens leur font signe, entrent en contact avec les autorités au sujet du potentiel de radicalisation et assurent une aide aux communautés; c’est tout à fait crucial, selon les experts,  pour stopper la menace posée par de potentiels agents radicalisés.

«C’est comme si l’alarme avait été déclenchée pour les citoyennes et les citoyens canadiens», affirme la surintendante Shirley Cuillierrier, directrice générale des Partenariats et Affaires extérieures à la GRC.

Cuillierrier dirige les efforts de la GRC pour rejoindre les communautés et établir des relations que les experts en sécurité qualifient d’essentielles pour en apprendre davantage sur des menaces terroristes potentielles et sur la façon de les prévenir.

«Une nouvelle conscientisation existe en ce moment à travers laquelle les chefs religieux disent “c’est assez”.»

Elle dit que cette situation a provoqué une augmentation du nombre de personnes qui contactent la police avec de l’information dans un effort proactif pour faire face à la radicalisation à l’intérieur des mosquées.

Action significative

Ce changement pourrait être l’élément clé fournissant au Canada la possibilité d’éviter de futures attaques.

Contrairement à ce qui s’est fait pour les attaques à grande échelle qui ont été perpétrées dans le passé, l’EIIL (État islamique d’Irak et du Levant) utilise la propagande et les médias sociaux pour inciter des acteurs solitaires à lancer des attaques en les encourageant à le faire sous le radar pour éviter que les services de renseignements et les organismes chargés d’appliquer la loi n’en aient vent.

«Ne demandez conseil à quiconque et ne demandez l’avis d’autrui. Tuez le non-croyant qu’il soit un civil ou un militaire», a déclaré le porte-parole de l’EIIL Abu Muhamed Al-Adnani dans un enregistrement publié en ligne au mois de septembre.Cet enregistrement, parut quelques semaines seulement avant que les attaques mortelles du mois d’octobre ne prennent la vie du caporal Nathan Cirillo et de l’adjudant-chef Patrice Vincent, est celui par lequel le Canada a été reconnu comme cible potentielle, dans une liste de pays visés.

  • Bouquet de fleurs déposé près du Monument commémoratif de guerre le 23 octobre 2014 à Ottawa. (Andrew Burton/Getty Images)

Les acteurs isolés sont extrêmement difficiles à découvrir. Lorsqu’on découvre des extrémistes potentiels, il faut l’aide de 32 personnes pour les suivre 24/7 – une demande excessive sur les ressources. La seule solution est que les communautés s’impliquent.

C’était le message livré par plusieurs sources lors de la tenue d’une rencontre du Comité sénatorial de la sécurité nationale, le lundi 17 novembre.

«Les familles, les pairs, les chefs religieux des différentes communautés, même les professeurs, les docteurs, les infirmières et infirmiers ainsi que les membres des services sociaux sont les mieux placés pour identifier et répondre aux changements d’attitude et de comportement précurseurs d’actions extrêmes et violentes», Gary Robertson, sous-ministre adjoint au département de la Sécurité nationale et de la cybersécurité du ministère de la Sécurité publique du Canada.

«Et, avec de l’aide, ils sont mieux positionnés pour entamer des démarches significatives et positives pour s’occuper de ces avertissements avant qu’ils ne deviennent des problèmes.»

«Comme société, la tâche à laquelle nous faisons face est celle de contrer l’extrémisme violent à l’intérieur des communautés», ajoute Robertson. «Comme gouvernement, notre tâche consiste à nous assurer que les communautés sont équipées d’un éventail d’options pour les soutenir dans la prévention et l’intervention.»

Arrêter la crise et l’EIIL

Pendant que les efforts de la GRC pour contrer l’extrémisme violent font face à des critiques virulentes pour leur échec à empêcher les récentes attaques, des signes que le message se propage font surface.

Les réactions sont venues rapidement de la part de certaines communautés, l’Association des jeunes Musulmans Ahmadi est particulièrement active en ce qui concerne l’organisation d’évènements dans tout le pays.

Le groupe veut atténuer la radicalisation de ce petit segment de jeunes musulmans qui semble particulièrement vulnérable aux techniques de lavage de cerveau utilisées par l’EIIL.

Tayyab Pirzada est une des organisatrices de ces évènements.

«Je crois que plus de musulmans comprennent la menace posée par la radicalisation dans leurs communautés», a-t-elle écrit dans une entrevue effectuée par courriel.

Son groupe met en scène «Stop the crISIS» (Arrêtez la crise et l’EIIL), une série d’évènements présentés dans les universités, les centres communautaires et les bibliothèques dans tout le pays et qui comprennent des présentations orales et vidéos.

«Nous souhaitons ultimement collaborer avec la GRC ainsi qu’avec les conseils d’éducation et les commissions scolaires de façon à faire diminuer la radicalisation», a dit Pirzada.

Pensée anti-occidentale

C’est une approche que les organisations chargées de la sécurité trouvent essentielle, mais certains musulmans anti-extrémistes ne s’en soucient pas assez.

Sohail Raza et le groupe Musulmans pour demain croient que l’on doit discuter directement de ce problème à l’intérieur des mosquées où des sentiments anti-occidentaux peuvent prévaloir.

Il dit que la radicalisation se développe depuis des années et que parfois la GRC s’associe à des organisations qui ont des liens douteux ou même des liens directs avec des groupes extrémistes.

Les sentiments anti-occidentaux demeurent présents dans trop de mosquées, dit-il.

«De profonds problèmes existent au sein des communautés musulmanes.»

C’est une préoccupation qui trouve écho auprès de la sénatrice Lynn Beyak, qui a amené la question de façon répétée pendant les auditions du 17 novembre au Sénat.

«Je crois que c’est l’éléphant dans le salon, un problème dont tout le monde a peur de reconnaître», dit-elle. «Nous parlons de violence extrême ici au Canada, pendant que le reste du monde parle de terrorisme islamique djihadiste extrême.»

Faire des affaires de façon différente

Pour Sécurité publique Canada et la GRC, la source du problème n’est pas importante – la façon de s’en occuper est de viser les comportements.

Cuillierrier avance que la GRC ne vise ni maintenant ni dans le futur les religions et les idéologies, mais se concentrera sur les comportements démontrés par les extrémistes.

C’est une approche garantissant la préservation des efforts actuels de la GRC pour bâtir une relation de confiance avec la communauté musulmane.

Si cette confiance était brisée, le canal d’information faisant circuler des indices vers les policiers pourrait être coupé et la confiance nécessaire pour fournir de l’aide essentielle pourrait être perdue.

«L’application de la loi est un outil, mais le problème a grandi tellement rapidement que nous savons que nous ne pouvons nous en extraire. C’est une situation dans laquelle nous avons à penser à faire des affaires de façon différente. Nous allons être très occupés», avoue Cuillierrier.

«Je crois réellement en la force d’une communauté. Lorsque les gens se décident à se joindre à la police, la santé, le personnel enseignant, ils peuvent vraiment se mobiliser et créer le changement. Ils le peuvent vraiment. Allons-nous être capables d’arrêter cette menace un jour? Ce sur quoi je veux insister c’est arrêter une menace, arrêter deux menaces. Je vais les prendre une à une et je crois que nous pouvons le faire.»

Version originale : Extremist Attacks Have Spurred Communities to Come Forward, Says RCMP