Rain, par le Ballet de l’Opéra national de Paris

Écrit par Michal Bleibtreu Neeman, Epoch Times
04.11.2014
  • Rain d’Anne Teresa de Keersmaeker. (Benoîte Fanton/Opéra National de Paris)

En 2011, Rain donne un nouvel élan aux danseurs de l’opéra de Paris. La chorégraphie libre et fluide est un défi que les danseurs habitués aux mouvements précis et rigoureux relèvent avec délice.

L’honneur est d’autant plus certain qu’il s’agit d’une première pour la chorégraphe belge. En effet, Anne Teresa de Keersmaeker, figure majeure de la danse contemporaine, a toujours monté toutes ses chorégraphies avec sa propre compagnie, Rosas, qu’elle a créée en 1983. Il faut dire que son langage et son rythme ainsi que sa technique ne font pas partie du répertoire habituel des danseurs du Ballet de l’Opéra de Paris.

Sept danseuses et trois danseurs se déplacent sur scène, formant et transformant des figures dans une fluidité magique sur la musique répétitive et rythmée de Steve Reich, Music for Eighteen Musicians, pour ensemble et voix, composée en 1976 et interprétée aujourd’hui à l’Opéra par l’ensemble Ictus.

Steve Reich est d’ailleurs le compositeur préféré d’Anne Teresa de Keersmaeker qui trouve dans sa musique la vitalité, l’énergie et l’harmonie idéales pour sa danse.

Les danseurs de l’Opéra répondent avec brio à la musique de Reich interprétée par deux xylophones, un métallophone et trois marimbas que le spectateur peut apercevoir dans la fosse d’orchestre.

Une énergie émouvante et puissante

Sur scène, un rideau de cordes suspendues en demi-cercle, créé par Jan Versweyveld, évoque la pluie – Rain, dans l’esprit des artistes du Mouvement et de l’art cinétique. Cette installation est sans doute un cadre parfait pour la ronde jubilatoire et infinie des danseurs. Les danseurs disparaissent ou font irruption en traversant le rideau.

Comme un kaléidoscope de couleurs et de lumière, les figures changent sur scène. Le corps de ballet est parfaitement coordonné et suit des trajectoires savantes dessinées sur le sol. Les danseurs courent, tournent, sautent, s’immobilisent, se regroupent en spirales, en lignes, se dispersent, s’envolent...

L’énergie puissante à la fois pure et émouvante et le sens de liberté qui caractérisent cette chorégraphie se manifestent surtout dans les trios et les duos. Là, il semble que les danseurs oublient la stricte géométrie et le rythme rigoureux qui leur sont imposés et se laissent aller, se donnant entièrement, exhalant toute leur beauté physique et spirituelle.

À ce kaléidoscope gestuel s’ajoutent les lumières, virant d’une douceur dorée au vert pâle, au rose fluo avant de s’adoucir à nouveau. Les costumes vaporeux de Dries Van Noten s’étalonnent du pastel au fluo avec l’éclairage; puis de nouveau les couleurs chair viennent renforcer la sensation de liberté et de sensualité qui émane de cette chorégraphie splendide.

Infos pratiques:

Rain d’Anne Teresa de Keersmaeker

Du 25 octobre au 7 novembre 2014

Palais Garnier, Place de l’Opéra 75009 Paris