Malala, prix Nobel de la paix

Écrit par Sandra Chevalier, Epoch Times
11.11.2014
  • Depuis 2011, Malala a reçu une vingtaine de prix – tels que le prix national de la Jeunesse pour la Paix 2012, le prix Simone de Beauvoir 2013, le prix Sakharov 2013, etc. (Bas Czerwinski/AFP/Getty Images)

À tout juste dix-sept ans, Malala reçoit le prix Nobel de la Paix et devient la plus jeune lauréate de l’histoire de ce prix.

«À ma naissance, mon père me regarda dans les yeux et déclara : ‘Je sais que cette enfant n’est pas comme les autres‘. Je reçus le prénom de Malala en hommage à Malalai, la plus grande héroïne de l’Afghanistan dont la bravoure permit aux Afghans de repousser les Britanniques. Elle fut atteinte par une balle et mourut». «Ne t’inquiète pas, lui dis-je. Les talibans ne s’en sont jamais pris à une enfant», raconte Malala dans son livre.

Érudits, militants et courageux, une lignée hors du commun

Le 9 octobre 2012 est un jour comme un autre. Malala Yousafzai, jeune Pakistanaise pachtoune de onze ans, anime un blog sur le site de la BBC, en ourdou, la langue nationale.

En bus avec ses amies, elle rentre de l’école fondée par son père, fervent militant pour l’éducation. Prise entre le sentiment d’exaltation après des heures de concentration studieuse, la joie de partager ce moment et retrouver enfin sa famille, Malala est heureuse malgré la situation du pays qui réduit les autochtones à vivre chichement et dans la peur des religieux.

Puis, les rires ballotés dans le bus et l’innocence de ces jeunes montagnardes sont soudain dans la ligne de mire de plusieurs talibans qui pensent faire cesser radicalement ce qui leur paraît hérétique : l’envie de ces jeunes filles d’étudier autre chose que le Coran et oser proclamer ces droits qu’elles supposent avoir. Le conducteur est stoppé brutalement, Malala ne s’est pas voilée, les coups de fusil tempêtent, les vitres se brisent et les hurlements ne cessent qu’au moment où l’intense douleur emplit le corps, une balle est entrée dans son orbite gauche et s’est logée dans son épaule, le sang se répand sur les sièges du bus puis plus rien. Malala est allongée par terre.

C’est ainsi que les talibans réduisent à néant les humains dictés par leurs espoirs et leurs convictions. La mort fait taire les cœurs vaillants qui se battent pour leur liberté.

Après une première opération, Malala, inconsciente, est évacuée en urgence en avion vers l’Angleterre pour une deuxième chirurgie où chaque minute l’éloigne de la vie et de son pays natal et aimé, la vallée du Swat.

«Mon père me chantait une chanson célèbre du poète Rahmat Shah Sayel: ‘O Malalai de Maiwand Relève-toi pour faire entendre aux Pachtounes le chant de l’honneur’…»         

Un combat pour les enfants et son pays

«‘C’est l’heure de te lever, Jani Mum’ disait mon père, ce qui signifie ‘mon âme’ en persan». À la suite des rééducations, le courage n’a jamais abandonné Malala. Plus que jamais, elle est convaincue d’avoir survécu dans l’unique but de se battre pour ses convictions et de redonner l’honneur qui revient à son pays en luttant contre l’ignorance, la violence et l’extrémisme des talibans qui les plongent dans la peur.   

Depuis 2011, elle reçoit une vingtaine de prix – tels que le prix national de la Jeunesse pour la Paix 2012, le prix Simone de Beauvoir 2013, le prix Sakharov 2013, etc. – confirmant sa vaillance, l’importance de son combat et ne cesse de donner des conférences internationales.    

«Les terroristes pensaient qu’ils pourraient changer ma volonté et mes ambitions, mais rien n’a changé, à part le fait que la faiblesse, la peur et l’impuissance ont disparu pour donner naissance à la force, au pouvoir et au courage», raconte Malala dans son ouvrage.

Au même moment, elle est boudée par ses confrères craintifs et les sympathisants des talibans qui ne la trouvent pas assez discrète et lui proposent de retourner au Pakistan, de rejoindre une madrassa islamique pour femmes et d’étudier le livre d’Allah plutôt que de devenir «une marionnette du gouvernement américain». Les Libéraux pakistanais minoritaires et les filles de sa région s’indignent de ces réactions, Malala leur inspirant respect et fierté.

Pour les «enfants sans voix»

Aujourd’hui, Malala dédie son prix Nobel de la Paix «aux enfants sans voix». Elle demande que l’on envoie des livres dans les pays pauvres et non des armes.

Elle partage ce prix avec l’Indien Kailash Satyarthi qui a dirigé de grandes manifestations non violentes, selon la tradition inspirée par Gandhi. C’est avec une grande joie que nous voyons ces nations rassemblées autour du même sujet: l’arrêt de l’oppression, de l’exploitation financière et sexuelle des enfants, ainsi que l’avenir des prochaines générations autour de la paix et de l’éducation, seules garantes d’un monde meilleur.

Ses ambitions et ses actions

Malala veut étudier la politique, les droits de l’homme, la loi, apprendre à changer ce monde, travailler pour le bonheur des filles et devenir, peut-être, Premier ministre au Pakistan. Elle est devenue un symbole contre l’extrémisme religieux et la peur. Enfin elle revendique, sans détour, le même droit pour les femmes que pour les hommes, ainsi que leur indépendance.

Les lauréats de l’Académie suédoise reçoivent près de 900 000 €. Ils iront rejoindre «les fonds Malala» pour les écoles du Pakistan, d’Asie et d’Afrique. Sans éducation, la pauvreté se perpétue et les fillettes sont des esclaves domestiques et sexuelles dès leur plus jeune âge.

Pour en savoir plus:

Moi, Malala, je lutte pour l’éducation et je résiste aux talibans (2013), Malala Yousafzai, éditions Calmann-Lévy.

www.malala.org